1/2 finale Mondial 2019. 21 heures. – Angleterre – USA. Je crois que les anglais n’aiment pas les américaines. Je pense qu’il est impossible pour Phil Neville (42 ans), ex-joueur professionnel anglais sous les couleurs de Manchester United et d’Everton (1995-2013), d’accepter que le football perde contre des américaines issues du soccer.

C’est impossible et incompatible avec son costume 3 pièces, porté religieusement sous 16° comme 32° à l’ombre.

S’il y a un coach qui est porté sur la tradition, la Reine Mère l’a trouvé. Et il semble avoir tout à fait l’intention de recevoir les honneurs d’un premier titre mondial anglais à Buckingham Palace, alors que le Bronze de 2015 n’a donné qu’un petit déjeuner avec le Prince William. N’est-il pas issu d’United où Alex Ferguson est devenu « Sir Alex Ferguson ».

A deux matches d’un titre jamais conquis, aucun ManUnited ne peut lâcher quoi que ce soit à un adversaire. D’autant qu’il s’agirait de donner un billet d’avion aux triples championnes du Monde. Juste avant l’Euro 2021 en Angleterre, cela vaudrait bien une « Cup of Tea » Royal.

Mais est-ce que Phil Neville est féru de traditions ! 

Il suffit de se rappeler ses propos, en conférence de presse, contre l’équipe du Cameroun qui refusait d’appliquer la règle bien précise du football qui veut, que but accordé, engagement fait.

Les Lionnes indomptables étaient sur le bord de la touche. Palabres, discussions, voix fortes. Injustices ressenties au bord des lèvres, regards agressifs et coléreux face à l’impassibilité anglaise. Sa réponse touche, limite, à de la discrimination, n’acceptant pas que le sentiment d’injustice puisse créer le désordre.

« J’ai assisté à 90 minutes de football et j’ai eu honte. Je suis fier du comportement et de la performance de mes propres joueurs, dans des circonstances que je n’avais jamais vues sur un terrain de football. J’ai complètement honte du comportement de nos opposantes. Je n’ai pas apprécié le match pour cette raison, mes joueuses non plus. Et toutes ces jeunes filles, et ces jeunes hommes en Angleterre en train de regarder ce genre de comportement… Je trouve cela très triste. Cela ramène au temps où vous êtes un enfant, vous perdez et vous rentrez à la maison en pleurant avec le ballon. Terminant ainsi : « Aujourd’hui, nous avons vu des gens se battre dans l’espace VIP, des Camerounais se battre dans notre hôtel et on a vu ça sur le terrain aussi. Tout cela va être vu par le monde entier. Je ne peux pas me tenir là et dire que j’ai particulièrement apprécié cela. Mes joueuses non plus ».

« Si cela avait été mes joueuses, mais ça ne le sera jamais, elles n’auraient plus jamais joué pour la sélection anglaise avec ce genre de comportement. »

Je ne sais pas s’il était à Manchester United quand Cantona a explosé face au supporter qui l’insultait ?

Jill Ellis et Megan Rapinoe aiment titiller les valeurs anglaises.

Le staff américain s’est amusé à venir visiter l’hôtel anglais, futur lieu de résidence des Stars and Stripes si elles l’emportaient contre les anglaises au moment où les anglaises s’entraînaient.

Un véritable crime dans le monde du football. Je me souviens du coach John Herdmann (Canada) en 2014 qui m’avait fait sortir du stade de Bondoufle, encadré de deux gardiens, avant le match amical face à la France, préparatoire au Mondial. Tout le monde était allée à Clairefontaine, j’avais pris la direction inverse. J’avais dû attendre la fin de l’entraînement, à l’extérieur des portes du stade, pour les interviewer. Assis sur un rocher. Encadré par mes deux gardiens. En communication avec l’intérieur pour être certain que personne ne viendrait voir l’entraînement.

Je ne suis pas surpris que Phil Neville soit sorti de ses gonds. «Je ne voudrais pas que des membres de mon staff fassent cela… De toute façon jamais une sélection anglaise ne ferait une chose pareille. On était en train de s’entraîner quand ils sont passés…».

Phil Neville est féru de traditions, valeurs, et cela n’a pas échappé à la coach Jill Ellis, fin stratège qui aime bien mettre au feu les faiblesses adverses. D’autant que l’anglais a remporté la SheBelievesCup 2019 en Floride. Sorte de tournoi du Grand Chelem qui là valait pour l’opposition entre les anglaises et les américaines en finale.

Sauf que l’anglais n’est pas né de la dernière pluie.

Sauf que Phil Neville est un FOOTBALLEUR et pas un SOCCER

Megan Rapinoe lui a cassé son Apple watch lors de ce tournoi. Il raconte l’anecdote avec le sourire, en rajoutant : « Elle ne s’est pas excusée, c’est normal. C’est une compétitrice. » 

Amusé. L’américaine aime bien l’intox pour tester son adversaire. Je l’ai vu au Parc. Elle adore sourire à une seule condition. La victoire. Un ticket normal pour elle. Sauf que c’est une compétitrice fille et que Phil Neville est un compétiteur homme.

Ce match va être l’opposition de la compétition chez les femmes à l’opposition de la compétition du football masculin.

L’anglais a de belles armes. Une équipe qui joue de l’avant, une ligne arrière solide, un milieu qui avance plus et mieux que les américaines et des forces d’efficacité avec Ellen Whites et Lucy Bronze qui sont au-dessus du Mondial. Mais l’anglais doit savoir qu’il a deux femmes en face, qui aiment particulièrement une chose : gagner contre les Hommes. Des ennemis déclarés qui mettront du temps à être des amis s’ils sont adversaires.

Mais il va falloir que l’Amérique s’accroche. Il y a 156 ans de football anglais (1863) qui est dans Phil Neville. Les compliments seront à mettre au placard. Le gagnant sera heureux, le perdant sait déjà, à l’avance qu’on l’aura oublié. Ce sera un échec. Plus, une déconvenue et l’émotion qui va avec.

On l’a vu, d’ailleurs c’est incroyable. Ces joueuses quand elles sont éliminées, sont réellement dévastées. L’émotion les submergent. Elles voient le trop plein du travail fait et le rien qui s’annonce. Un vide sidéral semble les prendre. Dans l’instant. Rien, il ne reste rien. Elles sont vidées. Les larmes sortent, inarrêtables. C’est d’autant plus le vide sidéral qu’elles n’ont comme reconnaissance que la performance avec leur équipe nationale. Souvent, elles ont tout donné pour Elle et elles disparaissent sans elle.
Les américaines ne pleureront pas. Les anglaises, je ne crois pas. Les deux ne sont pas à la maison.
Phil Neville s’est contenté de cette phrase pour ses troupes : «Tout le monde oublie les équipes qui perdent en demi-finale… On veut gagner et tout autre résultat serait un échec.»
Suffisant ?

Mardi soir, Ce sera le FOOTBALL contre le SOCCER.

William Commegrain Lesfeminines.fr