Le match se termine sur les coups de 18 heures sur le score de (3-0) quand la douzaine aurait pu se faire. Corinne Diacre, après une intervention à la mi-temps sévère, affolée des statistiques d’inefficacité française (0-0), retrouve le sourire et prend la décision de voir le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide.
« Planté » dans le camp thaïlandais, mais « planté » dans le nombre de buts (0-0)
D’un côté, une domination de tous les instants du début de la rencontre à son terme, et des entrées très réussies du banc avec Kadidiatou Diani (44 sélections, 5 buts) qui réalise son deuxième doublé (78′, 84′) en tant qu’avant-centre, remplaçant à la 63′, Valérie Gauvin, tout à fait juste dans son rôle d’appui. Un doublé qui avait suivi une frappe assurée (1-0, 61′) d’Elise Bussaglia (187 sélections), capitaine d’un soir, en l’absence des six lyonnaises mise au repos après leur titre acquis en Ligue des Champions.
Voilà pour le verre à demi-plein sur le plan offensif quand pour celui à moitié vide, il fallait mettre 33 centres, et 37 tirs pour trois buts, dont les trois sont donnés suite à des erreurs défensives plus ou moins grossières des thaïlandaises, épuisées par l’impact français sur les 95′ minutes de jeu.
Et rajouter deux pénaltys manqués des Bleues (71′, 83′) avec un score bloqué à 1-0 jusqu’à la 78′ quand il a eu du mal à s’ouvrir (61′), loin dans la rencontre. Deux échecs au point de réparation. Le premier avec un excès dans la frappe par Grace Geyoro, entrée à la 63′, qui s’écrase transversale quand l’autre relève de l’exploit de la gardienne thaïlandaise, 1m65 au maximum, mais qui va chercher en coin, la tentative cadrée d’Eve Perisset, entrée en cours de jeu à la 52′, et titulaire du brassard à la sortie d’Elise Bussaglia (52′).
Un deuxième onze, sans joueuse d’expérience, profite du travail de sape, d’un premier onze plus expérimenté.
Le bilan des Bleues se trouve d’ailleurs peut-être dans ce brassard. La Parisienne, non-titulaire à droite si on pose la titularisation de Marion Torrent à ce poste en précisant qu’elle l’a toujours été sous Corinne Diacre et qui prend le brassard avec sa 14e sélection ! Sur le pitch, c’est une France « formule à 23 » qui s’exprime. Avec une grande partie qui viennent pour suppléer.
Cela montre que sur le terrain, Corinne Diacre faisait jouer un groupe : dans les buts, Perrine Perraud Magnin qui jouait sa seconde sélection. Aissatou Tounkara (11), associé à Julie Debever (2). Sakina Karchaoui à gauche (23). Un milieu avec Charlotte Bilbault (14), Maeva Clemaron (3) et Grace Geyoro (20). Devant, Asseyi (30) et Laurent (3). Peut-être que Diani (45) aurait pu le prendre. Sauf que donner le brassard à un avant-centre, c’est souvent le désigner comme une star.
La victoire des Bleues est celle de la complémentarité avec ce onze sans joueuse d’expérience qui a fait la différence (71′, 83′) quand le premier, faite de plus de titulaires, a percuté sans marquer dans un premier temps (61′) tout en restant à portée potentielle des thaïlandaises, bien trop loin en jeu cependant, pour inquiéter le résultat final.
Gaetane Thiney a donné d’excellents ballons mais la prise d’initiatives individuelles a pesé sur l’efficacité. Il manquait toujours la dernière passe après le deuxième dribble, face à une équipe très regroupée qui a joué correctement sa chance avec quatre ballons de contres (7′, 13′, 14′, 24′) qui auraient pu être mieux négociés et dont la petite gardienne en taille a assuré le score jusqu’à la 78′ (1-0).
Si on peut regretter que la France ne se soit pas imposée en première mi-temps face à une faible équipe asiatique, on se doit aussi préciser que sept buts sur les dix derniers des Bleues ont été marqué en seconde période. La statistique de Denis Balbir n’a pas été démentie puisque les trois buts français ont été acquis dans le second acte.
Pour l’anecdote, il faudrait revenir sur le Thaïlande. Une équipe loin des standards européens de joueuses sous contrat, avec l’ambition d’être des sportives de haut niveau. A l’image de la remplaçante (N°11) de la latérale mise sous pression par Delphine Cascarino. Une limite technique et physique incroyable qui ne peut que subir le grand pont d’Emelyne Laurent. Pourtant sélectionnée et joueuse du Mondial. Un monde la sépare des joueuses françaises. Sauf que sur le pitch, avec le peu de moyens qu’elle possède en comparaison, elle va se battre. Jusqu’à envoyer valser Viviane Asseyi qui protégeait de trop son ballon. « Pousse-toi de là que je m’y mette ! ».
Là ou d’autres se seraient levés. Où le public aurait « chambré ». Dans le football féminin, personne n’oublie le respect. C’est une signature de cette pratique par les filles. Elles lui mettront cent fois un vent car elles jouent pour exister, sauf qu’elles comprendront toutes ses fautes et la respecteront tout autant.
La N°11 thaïlandaise, remplaçante, du niveau régional en France, est joueuse du Mondial. Bienvenue pour autant Mademoiselle et fais ton match.
La France gagne sur la durée.
Il faut retenir le qualificatif très souvent exprimé par Camille Abily (183 sélections, 5 Ligues des Champions, 13 titres dont 2 avec Montpellier, 8 Coupes et 1 titre américain), excellente au commentaire et très juste.
A chaque tentative ratée des Bleues, d’instinct, elle utilisera l’expression « C’est dommage ». Avec souvent, derrière, l’état d’esprit « on continue, cela va passer ! ». On a là, d’abord un état d’esprit positif, mais surtout la signature de ce qu’est la réussite lyonnaise. « Remettre constamment son ouvrage sur l’établi. » Sur la durée d’un match, cela passera.
On pourrait résumer cette idée avec un mot plus court, « le travail ». Derrière cette expression, il y a une vérité. La victoire, c’est du travail et il est à mettre sur l’établi jusqu’à la dernière minute. Pour cette rencontre, un travail collectif, commencé avec une équipe, terminé par une autre.
Je pense que là, on a ce que sont les Bleues à l’orée de cette Coupe du Monde. Les Bleues sont travailleuses.
Sur cette avant-dernière rencontre avant l’ouverture du Mondial, si on y trouve ce point très positif, les Bleues au regard de l’objectif qui leur a été donné d’être finaliste, ne peuvent pas se contenter de trois buts acquis sur la fatigue adverse face à une faible équipe thaïlandaise. Un adversaire cependant bien choisi pour s’interroger mais sans nous amener à douter.
La prochaine rencontre contre la Chine sera interessante (31 mai). Nul doute que le match ne sera pas le même.
William Commegrain Lesfeminines.fr
France-Thaïlande (7.000 spectateurs).
Le samedi 25 mai 2019 à Orléans (stade de la Source).
Match de préparation à la Coupe du monde féminine de la FIFA, France 2019.
France-Thaïlande : 3-0 (0-0)
Spectateurs : 7 000.
Arbitre : Lina Lehtovaara (Finlande).
Buts : Élise Bussaglia (61e), Kadidiatou Diani (78e, 86e).
Avertissements : Warunee Phetwiset (6e), Wilaiporn Boothduang (44e).
France : Pauline Peyraud-Magnin – Marion Torrent (puis Ève Périsset, 52e), Julie Debever, Aïssatou Tounkara, Sakina Karchaoui – Élise Bussaglia (C, puis Maéva Clemaron, 64e), Charlotte Bilbault – Delphine Cascarino (puis Emelyne Laurent, 52e), Gaëtane Thiney (puis Onema Grace Geyoro, 63e), Viviane Asseyi – Valérie Gauvin (puis Kadidiatou Diani, 64e). Sélectionneure : Corinne Diacre.
Thaïlande : Sukanya Charoenying – Sunisa Srangthaisong, Pitsamai Somsai (puis Duangnapa Sritala, 57e), Natthakarn Chinwong, Warunee Phetwiset – Silawan Intamee, Wilaiporn Boothduang (puis Taneekam Dangda, 65e) – Kanjana Sungngoen (C), Pikul Khueanpet (puis Sudara Chuchuen, 46e), Rattikan Thongsombut (puis Khwanruedi Saengchan) – Miranda Nild. Sélectionneur : Nuengruethai Sathongwien.