En une journée, la France s’est mise dans les pieds une corde, qui risque fort d’être celle du pendue, tellement les raisons de l’intervention d’Hervé Renard, en coach des derniers matches de l’Equipe de Côte d’Ivoire lors de la CAN touchent à l’affectif, opposés à la raison.

L’affectif

De la France, il faut avoir des contacts avec la population immigrée pour savoir ce qu’est la CAN. Dans le 16e, au quotidien, tu vois moins son impact. Dans l’Est de Paris, la CAN, c’est bien plus que la Coupe du Monde. Chaque immigré africain représente son pays, homme ou femme, discute avec l’autre, soupèse les chances et les risques avec un seul mot d’ordre : ils adorent la CAN.

Alors, qu’il y ait une demande anachronique de la fédération de Côte d’Ivoire de demander à la fédération française, le prêt pour quatre jours ou trois semaines, du sélectionneur des Bleues Hervé Renard, star africaine et notamment du pays hôte (gain de la CAN en 2015), qualifié comme meilleure troisième de son groupe, … au souffle de l’impossible.

D’un point de vue africain, c’est normal.

Qu’Hervé Renard, présent sur place et donc certainement là-bas pour prendre des contacts professionnels, puisque son contrat avec les Bleues se termine après les Jo 2024, indique qu’il était intéressé par cet intérim d’honneur, n’est pas surprenant.

Sa présence et ses contacts ont montré qu’il ne renouvellerait pas, un contrat avec les féminines, sur lequel il avait fait un effort conséquent sur le plan financier (salaire divisé par dix) et pour lequel, visiblement, il ne retrouvait pas la contrepartie de cet effort, avec les Bleues de France.

Du point de vue d’Hervé Renard, c’est professionnel et affectif.

La raison

Les féminines se battent pour arriver au niveau du football masculin sans y arriver dans les pays européens, mais en « bénéficiant » du système économique pour avoir des rémunérations bien supérieures à la pratique féminine, tout sport collectif confondu.

Elles en subissent la comparaison. Salaires, Intérêts, potentiels.

C’est une vérité et un objectif, et tout geste symbolique d’égalité dans ce domaine est une nécessité vitale. Là, la demande ivoirienne est une première mondiale et les premiers arguments des fans féminins montrent la colère : « cela ne serait jamais arrivé avec du football masculin ».

En plus, le fait qu’un sélectionneur en poste montre une désintérêt au regard du football féminin en comparaison de celui masculin, s’il peut s’entendre pour la plupart, est in entendable dans les oreilles féminines. D’autant que le mariage est récent. Hervé Renard, n’est sélectionneur que depuis avril 2023. Et que le combat perpétuel du football féminin, c’est de porter son regard sur le football masculin en termes d’égalité.

Tout cela est déraisonnable.

Surtout, quand la volonté d’Hervé Renard est publiquement dite. Confirmant qu’il était « très intéressé par le challenge ».

Hervé Renard a joué avec l’affectif

Depuis son arrivée chez les Bleues, Hervé Renard a joué la carte de l’affectif avec les féminines de France. Beau parleur, souriant, habillé de blanc, une forme d’idéal masculin auprès des féminines. Un idéal dans lequel toutes les filles et les médias ont plongé.

Sauf que l’homme écoute son cœur et son cœur n’écoute pas la raison.

Là, dans les faits comme dans l’affectif, on se trouve dans « le coup de canif » donné au contrat. Populairement transcrit : cocue ou pas cocue ?

Le futur de l’Equipe de France féminine va se jouer sur ce simple rapport qui a écrit tant de vaudeville : est-ce pardonnable ou impardonnable ?

Les joueuses féminines vont-elles pardonner cet écart ou pas ?

On a déjà vu pire dans le football féminin comme situation ubuesque. C’était plutôt en son sein, en interne. Discret. Là, on est dans le public. Le grand public, les médias.

Il va falloir du Hillary Clinton, Bernadette Chirac, Anémone Giscard d’Estaing et bien d’autres au sein des Bleues.

En même temps, que cela soit pardonnable ou pas, si Hervé Renard n’a pas envie d’y être, il n’y sera pas. Les filles, pour leur quotidien, comme la fédération, pour ses choix, devraient aussi s’interroger.

William Commegrain Lesfeminines.fr