Football féminin. Corinne Diacre a eu des mots très clairs, que certains pourraient même estimer excessifs. Certaines venues ne reviendront pas. En cause, la déroute d’Allemagne-France (4-0). Visiblement des consignes avaient été données et non respectées. D’autres ont suivi le plan de jeu. Leur billet pour Janvier 2018 est sur la table. Reste à faire leurs devoirs à la maison. J’entends en club. Non pas pour être sélectionnée mais pour rester au niveau de ce qui est demandé.
Quoi que l’on pense, il est évident que pour les joueuses en Bleues qui reçoivent un avis de pré-convocation (50) ; aucune ne se pardonnerait d’avoir oublié leurs devoirs à la maison. Garder l’oeil ouvert et l’oreille attentive. Voilà certainement l’état d’esprit des françaises en Bleues.
France 2019. Même Denis Brogniart ne créerait pas le même suspense avec Koh Lanta. Alors, chaque journée de championnat va donner son lot de surprise. Un exploit, et c’est la qualification pour le jeu suivant dans l’espoir de ne pas être éliminée lors du Conseil final.
Seul l’avenir dira si cette situation sera la solution. En attendant, les matches se jouent et les tickets pour Clairefontaine se gagnent ou se perdent. A mon sens et dans la droite ligne de ce qu’elle avait mis en place à Clermont, Corinne Diacre ne cherche pas de généraux mais d’abord des soldats. D’où son Tour de France de la revue d’effectif.
Paris-Saint-Germain – Girondins de Bordeaux : un match qui sera joué avec ambition.
Samedi 18h00. Le Paris Saint Germain reçoit la surprenante Bordeaux qui vient de recevoir le prêt de Lindsey Thomas en mal de temps de jeu à Montpellier (2 matches, 56′ de jeu). Jérôme Dauba, le coach bordelais qui a gagné à Charlety lors de la dernière journée le maintien en D1F sur un nul (2-2), trouve ainsi une solution à l’immobilisation de sa jeune brésilienne Ana Martins Rodrigues (22 ans, 7 matches, 3 buts) pour une très longue période.
Les Girondines, très bien lancées dans cette première partie de championnat (6e, 4V, 1N, 4D) ne veulent pas prendre le risque d’être collées à ce chiffre sympathique en décembre et qui serait dangereux si il n’évoluait pas. Une surprise, victoire ou match nul, serait le bienvenue.
Logiquement, elle ne devrait pas venir du Camp des Loges. Invaincu depuis le début du mandat de Patrice Lair (2016) voire même plus loin puisque les matches des parisiennes se déroulaient à Charlety depuis 2013.
Les parisiennes, actuelles titulaires du dossard européen et habituées à cet enjeu- doivent juste conserver leurs points d’avance face à Montpellier (-4 pts). Elles détermineront de la solidité de leur deuxième place contre l’Olympique Lyonnais, la journée suivante. Une performance le Lundi 11 au Groupama de Jean-Michel Aulas et la course au titre pourrait même être possible. Cette prochaine rencontre oblige le PSG à prendre les trois points à domicile.
De son côté, les Girondins de Bordeaux ont besoin de reprendre goût au goût de l’exploit et de la surprise. Sa dernière victoire remonte à fin Octobre et les derniers résultats, même contre des gros se sont graduellement dégradés, avec un but subit à la dernière minute (PFC) pour une défaite plus sévère face à Montpellier (4-1).
Une bonne surprise les relanceraient, sauf que le PSG ne voudra pas revivre leur dernier résultat. Mené 2-0 par l’OM, il avait fallu un exploit pour revenir au score et finir par un (2-5).
Olympique de Marseille – Olympique Lyonnais : les deux olympiques pour une rencontre de prestige.
Samedi 18h00. Déplacées à Martigues, les marseillaises doivent en avoir « ras la casserole » d’être si prêtes de quelque chose pour ne récolter que des « prunes » en terme de résultats. Menant à Fleury, elles ont été remontées pour finir par un (2-1) qui leur a coûté la cuillère de bois de la 8e journée de championnat. Menant (2-0) face au Paris Saint Germain, la journée suivante, les voilà bousculées au point d’en prendre cinq en seconde mi-temps (2-5).
Alors que l’orage lyonnais s’annonce, moissonnant en moyenne cinq buts par rencontre (49 buts pour 9 journées), les filles de Christophe Parra pourront-elles dresser le mur infranchissable qui feraient même reculer Donald Trump et Kim-Jong-Un dans leur escalade nucléaire.
L’analogie est forte mais qui pourrait croire que l’OM prenne le meilleur sur l’OL féminin, voire obtiendrait un match nul ? Ce serait un résultat nucléaire.
L’Olympique Lyonnais semble avoir quelques soucis avec le maillot Bleu et va défendre alors avec ferveur la couleur du bleu de leurs couleurs. Reynald Pedros n’a jamais connu encore les émotions d’une surprise féminine. Son parcours 2017-2018 n’est fait que de victoires. L’OM pourra-t-il faire peur à l’ogre lyonnais ? Ce n’est pas à particulièrement souhaiter mais cela reste du domaine du possible.
L’OM a bien bloqué le PSG pendant quarante cinq minutes (2-0). Si les marseillaises mettent un mur devant leur mur de défense, il faudra beaucoup de talents aux lyonnaises pour le renverser. Une partie ne fait que 90 minutes. C’est une règle qui peut être un problème.
FC Fleury 91 – Rodez Aveyron : Préparer Noël avant les cotillons
Dimanche 13h00. Si Fleury remporte cette rencontre à domicile, le Père Noël entre sur la pelouse et s’en met quelques brins dans la poche. Droite, celle du porte-bonheur. Collée avant la 8e journée à la dernière place, les essonniennes se rapprocheraient de leur adversaire direct, Rodez (-4), pour lui souffler dans le cou et lui disputer le maintien (-1). La signature de la joueuse de Montpellier, ex-capitaine ruthénoise, Marine Haupais (25 ans) sans temps de jeu dans l’Hérault pourrait donner du fil à retordre à Rodez.
Rodez est descendu au classement pour avoir eu à jouer les quatre gros du championnat. Cela fait descendre inévitablement. Maintenant le bilan est correct avec une victoire à Lille et des matches nuls pour les autres rencontres, finissant même avec un (0-0) face à son voisin Albi. Cela pourrait être une signature.
Pour autant, le match nul en Essonne ne serait pas un mauvais résultat. Il laisserait les essonniennes à quatre points. Une bonne marge sans être encore belle. Une victoire des aveyronnaises serait le Nirvana et Rodez prendrait le temps de pouvoir fêter Noël en se disant qu’elles ont de bonnes chances de jouer leur neuvième saison en D1F l’année prochaine.
A l’inverse, la victoire de Fleury et c’est les essonniennes qui ne manqueront pas de chanter en accompagnant du geste les ruthénoises et leurs Traffic lors du départ. Dans les deux cas, il va y avoir Noël avant l’heure dans l’Essonne.
ASJ Soyaux – Montpellier Hsc : le club idéal pour mettre en cause le vote européen montpelliérain.
Dimanche 14h30. « Soyaux doit être Soyaux. Soyaux, redevient Soyaux ». Quatrième du championnat pendant un temps, les sojaldiciennes sont maintenant ballotées dans les mouvements du championnat et en sont à trois défaites et un nul pour les quatre dernières journées. On peut dire que Soyaux est dans le dur et toute bonne affaire est bonne à prendre.
Montpellier visiblement sait faire des affaires. Le club du Président Nicollin est le seul à s’être défait de deux joueuses au profit de deux clubs. Une jeune attaquante, Lindsey Thomas qui s’était déjà promenée en Suisse et la défeuseur centrale Marine Haupais. Dans cette période de l’année où les spécialistes du football masculin échafaudent toutes les possibilités d’un mercato d’hiver, Montpellier envoie la sauce et on ne peut qu’espérer que les dirigeants de l’Hérault aient pris leurs garanties pour que leur banc soit suffisant afin de jouer l’Europe et se battre pour la seconde place du championnat de France.
A moins que tout cela ait été fait pour financer une arrivée tonitruante à Montpellier pour Noël.
En attendant Montpellier doit gagner tous ses matches pour conserver la même distance face au PSG (+4), et se montrer prête à vouloir interpréter une musique européenne pour l’année prochaine.
A moins qu’elle ne soit pas au programme ?
ASPTT Albi – EA Guingamp : c’est la période du calendrier de l’Avant.
Dimanche 14h30. Père Noël, si tu es gentil. Tu laisses tranquille le club le plus amateur qu’il soit de la D1F féminine et tu le protège pour que l’année prochaine, son accent rocailleux tambourine encore dans le Sacré Coeur de l’église du football français : le siège de la Fédération où les parkings nominatifs sont des charges d’évêque prises en photo-souvenir.
Montpellier se déleste mais rien n’est donné à son voisin Albi ? Pourtant si un club a bien besoin d’un coup de mains. C’est sans nul doute, le voisin cathare. Pratiquement aucune joueuse de prise dans les sélections des Bleues. Une équipe de « jaune et rouge » recrutée chez les U19, talents de demain. Un duo de coach qui s’entend bien. Tout cela ne fait pas très professionnel pour une D1F qui veut pouvoir faire ronfler les noms et les titres. Il y aurait même un esprit rugby dans cela ! Une hérésie dans le monde du ballon rond où tout doit tourner rond.
« Rond, ils ont des chapeaux ronds. Vive la Bretagne ! » La ritournelle est connue. Elle est vraie. La Bretagne, source de football. Terre du Mondial U20 à venir. La Bretagne, qui se relance depuis deux journées, prête à monter encore pour retrouver des couleurs et donner à Sarah MBarek, seule femme de D1F et seule femme française en exercice à posséder le BEPF en tant que coach de club, une légitimité certainement trop oubliée.
L’iconoclaste duo de coachs d’Albi pourra-t-il mettre à mal un des nouveaux centres de ressources des Bleues de France de Corinne Diacre ? Ce serait surprenant, mais la passion est chevillée au corps des albigeoises. Cela vaut bien quelques surprises, même avant Noël. Comme lorsque l’on goûte un chocolat de l’Avant.
Après la surprise des Bleues en construction, le championnat de France suivra-t-il la mesure du changement ?
A voir dans les trois journées qui viennent.
William Commegrain lesfeminines.fr
Le Losc a reporté son match face au PFC pour cause de terrain impraticable.