Tout l’environnement est au vert. Il ne reste que le contenu.
Les matches de préparation sont faits pour se préparer. La France organisatrice part pour une quinzaine de matches en 2018 et on peut escompter un peu plus de vingt matches avant le début du Mondial à Lyon, du 7 Juin au 7 Juillet.
Les contrats de diffusion TV sont signés jusqu’en 2023. Il va y avoir une Coupe du Monde U20 en France en 2018 et la grande Coupe du Monde en 2019. Si les choses se passent bien et que l’Equipe de France termine dans les trois premières UEFA du Mondial, elle sera qualifiée pour les JO 2020 à Tokyo. En sachant que 2024 est garanti puisque Paris a brillamment remporté les JO, donnant 2028 à Los Angeles.
Tout est vert à l’horizon et rarement le football féminin n’aura eu une lecture aussi claire des compétitions internationales à jouer et pour lesquelles elle postule à une médaille, voire le titre.
Un contenu de joueuses qui a trop mûri ou trop vert ?
Quoi que, depuis plusieurs saisons, le fruit pourrait avoir trop mûri et le public des Bleues est dans l’attente d’une nouvelle production qui ne peut pas encore être récoltée et dont on n’arrive pas à savoir avec quelle qualité elle pourra l’être en 2019.
La génération Bruno Bini a tiré avantages de l’évolution du football féminin et s’est transformée en femmes avec le regard qui va avec. Les jeunes joueuses de Philippe Bergerôo et Olivier Echouafni n’ont pas assez de dimension pour porter la flamme plus haute et sont encore des relayeuses. La jeune génération prometteuse est prise avec les U20, logiquement sur un quai en attente, avec la double idée qu’elles sauront s’intégrer en 2019 et que les suppléantes se révéleront à leur niveau pour les concurrencer.
Dans cette organisation réfléchie, il manque un élément. Un talent 2017-2018 qui donne à chacun le goût de l’émotion et permette d’attendre les nouvelles productions sans que l’on ait à s’interroger. La France a toujours été mauvaise dans l’interrogation et la réflexion.
Le match face à la Suède est un indicateur, mais seulement un indicateur parmi d’autres.
L’Italie est prévue à Marseille en janvier 2018, il en sera un autre. La déconvenue face à l’Allemagne a donné son verdict (4-0). Après le Chili (1-0, 40e FIFA) et l’Angleterre (1-0, 3e FIFA) deux matches gagnés difficilement et les deux victoires plus nettes face à l’Espagne (3-1, 17e FIFA) et le Ghana (8-0, 34e), la France fait du « yo-yo » en terme de contenus. Mélangeant le bon et le moins bon. On n’arrive pas réellement à la situer et on commence à s’habituer à mettre la mesure jusqu’à la huitième place FIFA, histoire de prendre de la marge.
Avant la Mannschaft, le résultat restait favorable (4e FIFA) même si l’Angleterre décapitée le veille de son sélectioneur Mark Sampson par la FA association a des circonstances à faire valoir. Après la rencontre face au 2e mondial, une réalité est apparue au grand jour. L’intensité d’un score qu’une équipe peut prendre quand elle est plus faible que son opposant. La France 4e mondial, a été nettement inférieure sur ce match. Elle en avait perdu l’habitude et ne l’avait même plus à l’esprit.
Où est le curseur français ?
Où le curseur français va-t-il s’arrêter ? La Suède descendue à la 11e place (sa plus mauvaise depuis 2003) va t-elle continuer à plonger alors qu’elle a à son palmarès une médaille d’argent aux JO de Rio en 2016 et les plus françaises des suédoises avec Berglund (Psg), Linda Sembrant, Sofia Jakobsson, Stina Blackstenius sous les couleurs actuelles de Montpellier et Kosovare Asllani (ex PSG, élue meilleure milieu de terrain suédois 2017) et Caroline Seger (ex PSG et OL) qui connaissent bien la D1F.
Les françaises, pour la première fois en Aquitaine, vont-elle revenir et gagner à nouveau en France comme les quatre premières rencontres de l’épopée Corinne Diacre. Parties trop tôt à l’extérieur pour une équipe qui se construisait contre le second mondial qui avait besoin d’une réaction. Nul ne peut le savoir et la réponse ne viendra pas nécessairement du résultat de Lundi soir (CStar, 21 heures).
Les féminines ont besoin de stabilité avant d’être jugée.
On peut juste intégrer qu’une équipe a besoin de stabilité et rappeler que les féminines ne sont pas les sportives les plus ouvertes à la concurrence « pure et parfaite » et qu’elles apprécient d’avoir une hiérarchie bien établie qui peut, sur les lignes être discutées, mais dont le statut ressemble un peu à celui que les tribus matriarcales, animales comme humaines, ont mis en place. Les choses sont en place.
La déroute face à l’Allemagne peut avoir, selon moi deux explications.
Trop de changements tuent la force collective. Les joueuses, dont la plupart sont des titulaires indiscutables, ont besoin d’une stabilité et Corinne Diacre ne doit pas être loin de penser que le temps des expérimentations va se terminer rapidement.
Ensuite, il a manqué d’une expérience au milieu pour anticiper le problème, le voir et sécuriser les autres en proposant une solution tout en l’appliquant. Camille Abily n’est plus là. Gaetane Thiney pourrait remplir ce rôle. Il n’existe pas de grande équipe féminine sans une grande joueuse d’expérience. Elle ou une autre qui tienne ce rôle.
William Commegrain lesfeminines.fr