France-Espagne. Calais. Lundi 18 Septembre. 21h00. Cstar. Les Bleues vont rencontrer une autre équipe latine avec l’Espagne qui cherche sa véritable place, entre équipe du Top 20 (17è) qu’elle est actuellement en A et une équipe du Top 3 qu’elle pourrait être dans la catégorie des jeunes U19, avec cinq finales européennes en six saisons (2012, 2014, 2015, 2016) et un titre en 2017 face à la France.
Un passé récent décevant.
Les deux équipes ont quitté l’Euro 2017 au stade des quart de finale, en délivrant toutes les deux des contenus mitigés qui ont déçu les ambitions légitimes que la France et l’Espagne peuvent avoir dans le domaine du football féminin. L’Espagne de Jorge Vilda, ex-sélectionneur de U19, a joué avec une possession totalement stérile contre des équipes britanniques (Angleterre et Ecosse) qui ont utilisé le contre pour l’emporter, permettant aux écossaises de gagner leur premier match de l’Euro jusqu’à faire vivre le risque aux espagnoles, de laisser leur place en quart aux voisins portugais, comme second du groupe D.
La France, de son côté, a peiné comme jamais (1V, 2N) pour sortir d’un groupe où la première place lui était promise, voire acquise. Subissant de plein fouet les nouvelles tactiques féminines qui jouent sur la condition physique et le mental, pour ramener collectivement, des performances face aux talents français. Seconde du groupe, elle sera emportée par la force anglaise sur un but d’avant-centre de l’expérimentée Jodie Taylor (Arsenal, 31 ans, 29 sélections), future meilleure buteuse de la compétition qui fera, de cet Euro, sa compétition.
Si la France, titulaire de titres en jeunes (Championne du Monde en U17, Championnes d’Europe en U19, vice-championne du Monde en U20) n’arrivent pas à gagner de titres chez les A ; les espagnoles, finalistes européens en U19, n’arrivent pas à produire du jeu en A qui les améneraient dans le Top 10 mondial. Elles ont même reculé après l’Euro, passant de la 14è place à la 17è.
Une équipe espagnole qui se connait.
Les deux équipes sortent donc de la dernière compétition, groggys, et en reconstruction pour donner corps à une nouvelle ambition : la Coupe du Monde 2019 en France pour les françaises, mais aussi très proches pour les espagnoles avec trois joueuses qui évoluent dans les clubs de la D1F, et pas des moindres puisqu’il s’agit du PSG (Hermoso et Paredes) et de Montpellier (Torrecilla), le nouvel ogre européen. Quand on sait que Vero Boquete (PSG, double championne d’Europe) ne demanderait qu’à y rentrer et oubliée pour des raisons « de rebellion » avec le sélectionneur de 2015, on se dit que l’Espagne est, potentiellement, un sacré candidat pour une Equipe de France qui se relance.
D’autant plus, que la sélection compte neuf joueuses du FC Barcelone (quart de finaliste de la WCL en 2016 et demi-finaliste en 2017) accompagnée de cinq joueuses de l’Atletico de Madrid (championne d’Espagne). On a le sentiment de revoir la construction de l’EDF à ses débuts qui comprenaient essentiellement des joueuses de l’OL et de Juvisy, puis ensuite de l’OL et du PSG quand ce dernier a crée sa section professionnelle.
Des clubs français qui ont toujours gagné les clubs ibériques.
Il reste que lorsque les équipes de club viennent jouer des matches amicaux avec les clubs français, souvent ils repartent perdants. Et lorsque ces confrontations ont lieu sous le couvert de la Women Champion’s League, l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint Germain l’ont toujours emporté. Très nettement, bien qu’ils fassent nuancer le propos puisque ces clubs, comme Montpellier, sont souvent entourés de joueuses internationales étrangères.
La France va s’étalonner face aux ambitions espagnoles.
A Calais, les bourgeois ne donneront pas les clés de la ville à la Roja. Pour autant, les féminines espagnoles chercheront à en faire le siège. La France se cherche et commence sa reconstruction. Si elle est à prendre pour une équipe 17è Fifa, c’est certainement maintenant et ce sera beaucoup moins en mars de l’année prochaine. Les françaises ont des armes que le match contre le Chili n’a pas utilisé.
On pense à Amandine Henry, Eve Perisset, Griedge MBock, Grace Geyoro qui ne sont pas entrées. On imagine aussi que Kadidiatou Diani, totalement libérée lors de son entrée, peut-être du fait se trouver être une ancienne parmi ces jeunes du même âge devrait être une titulaire qui pourrait faire mal à la défense ibérique si elle joue avec les mêmes certitudes offensives. Léa Le Garrec pourrait aussi être une bonne surprise, avec un temps de jeu trop court contre le Chili pour être évaluée. Enfin, Sakina Karchaoui pourrait se relancer à gauche quand Ouleymata Sarr devrait être vue plus longtemps.
Avec ces deux matches, Corinne Diacre aura sûrement pu juger « le potentiel des jeunes ». Après viendra le temps « du projet de jeu’ qu’elle veut mettre en place. Et c’est certainement la chose la plus importante en vue du Mondial 2019, en essayant de résoudre la difficile équation du football féminin : « entre spectacle et résultat ».
Le football masculin ayant basculé sur le mot « résultat » depuis longtemps, laissant celui du « spectacle » au Top 3 mondial ; quand le football féminin ne se conjugue qu’au mot « spectacle », se traduisant très rarement avec celui unique de « résultat ».
William Commegrain lesfeminines.fr