Le seul club de l’élite féminine de l’Aquitaine a posé ses valises la saison dernière en D1F, deux saisons après avoir repris Blanquefort (D2F), pour connaître une fin de saison à forte émotion, obtenant le maintien dans l’élite avec un match nul (2-2) lors de la dernière journée, face au PSG, finaliste de la Coupe de France et de la Ligue des Champions. Un maintien qui s’est dessiné avant la dernière journée pour se concrétiser face au PSG lors de la dernière journée.
Il suffit de se rappeler la course de bonheurs des joueuses bordelaises pour se dire qu’un tel résultat n’a pas pu passer dans le souvenir de Jérôme Dauba, le coach des Girondins, qui clôturait sa première saison avec des féminines.
Que reste-t-il de ce dernier match qui vous donne le maintien en D1F ?
«Heureux d’avoir pu laisser le club et l’équipe en D1F, en faisant certainement une de nos meilleures prestations de la saison » tout en sachant restituer cela hors d’un contexte d’une performance ponctuelle pour rappeler « que ce résultat ponctuait une bonne série de trois matches face à Lyon, Marseille et Juvisy » concrétisant les progrès constants de l’équipe.
Etre maintenu en D1 féminine est une chose, reste à voir comment les Girondins de Bordeaux ont décidé d’installer leur section féminine dans l’avenir ?
Jérôme Dauba explique la reconstruction de son groupe par l’arrêt d’un certain nombre en cours de saison passée et par le choix de recruter des joueuses « avec un état d’esprit irréprochables, tournées vers la performance, pour répondre aux exigences de la D1F » faites d’équipes de plus en plus structurées qui demandent, pour le maintien « des joueuses qui fassent des efforts au quotidien » que certaines avaient et d’autres moins.
La seconde construction de son groupe s’est faite au regard du bilan de la saison passée avec « une équipe qui était la plus jeune des douze équipes en compétition » amenant le coach bordelais « à recruter des joueuses d’expérience, au moins une par ligne ».
Les Girondins de Bordeaux veulent exister en D1F et avoir de l’ambition à moyen terme.
Reconstruire un groupe dépend des moyens qui sont aussi donnés par le club et on sait qu’il peut y avoir un décalage entre la renommée d’un club professionnel masculin et les moyens qu’il donne à sa section féminine. Juste après la rencontre de Charlety qui scellait le bonheur des filles de l’Aquitaine, j’avais croisé Ulrich Ramé pour lui demander ses intentions pour le futur. Il m’avait répondu : « on va recruter pour se maintenir ». Mon sentiment que je fais partager à Jérôme Dauba est que le Girondins de Bordeaux sont allés plus loin. Qu’en pense-t-il ?
« Si on fait profil bas, on est les Girondins de Bordeaux. Un des plus grands clubs de France. Et les Girondins de Bordeaux doivent être ambitieux. Sereinement, étapes par étapes mais on se doit d’avoir des ambitions .. à moyen terme ».
Les deux clubs de la région PACA avec l’Olympique de Marseille comme de celle de l’Aquitaine avec les Girondins de Bordeaux, cherchent à construire aussi et voire autant sur les fondations avec la formation des jeunes joueuses, la section sportive pour revendiquer une ambition à venir, partagé « par toutes les parties prenantes du club, avec une dynamique qui s’est installée cette année où tout le monde est bienveillants à l’égard de la section féminine. Dirigeants, actionnaires, salariés, entraîneurs des pros et du centre de formations, staff médical de l’ensemble du club ».
Reste que chez les féminines, une des armes de la victoire est la motivation individuelle et collective. Est-ce que ce ressenti est une arme des Girondines ? « Certes mais on essaie aussi de travailler sur l’approche de l’entraînement, tout ce qui est du domaine de la préparation invisible, pour donner des habitudes qui aident à la performance ».
Difficile de lutter contre la sirène lyonnaise
Il me vient une question après le départ d’Emelyne Laurent (19 ans) à l’Olympique Lyonnais. En quoi les arguments des GDB sont insuffisants pour conserver une jeune joueuses prometteuse, notamment dans son sang froid dans les duels avec les gardiens mais qui doit parfaire encore sa progression ? Jérôme Dauba a sa réponse : « on n’est pas encore suffisamment armé pour retenir des joueuses sur le plan financier mais aussi dans les conditions d’entraînements avec les meilleures joueuses du monde dans ce club qui a des infra structures de très haute qualité. » C’est la règle du jeu et son départ nous a permis « de prendre d’autres joueuses dans un autre registre ».
Reste la question de son temps de jeu quand même ? Le coach bordelais confirme « qu’il avait fait une proposition sérieuse à la joueuse lui garantissant du temps de jeu dans l’optique de la Coupe du Monde U20 notamment » mais il comprend que même, si à l’OL il sera bien inférieur, « l’entraînement sera déjà une source de progression naturelle pour la joueuse »
L’Euro 2017 interpelle beaucoup de monde avec des équipes après la Top 10 mondial qui sont allées en finale et demi-finale.
Après l’Euro, la percussion des dribbles, est-elle une solution contre les équipes fermées ? L’Euro a montré toutes les difficultés des équipes leaders à vaincre dans le temps de jeu des 90 minutes, montrant que les matches fermés peuvent être des matches gagnants. Qu’en pense Jérôme Dauba ?
« Déjà dans notre championnat on nous condamnait en rappelant que les équipes montantes devaient statistiquement redescendre, or avec Marseille et nous-mêmes, nous avons démontré le contraire la saison dernière ». Rappelant leur courte défaite face à l’OL et le match nul face au PSG au retour, comme le fait d’avoir accroché dans le jeu Montpellier à l’aller comme au retour ».
« On voit que toutes les équipes ont très bien recrutées pour cette saison et qu’elles peuvent toutes postuler pour la maintien. Les joueuses qui composent les effectifs ont un niveau plus homogène et possèdent maintenant les qualités pour les exprimer sur plusieurs matches ». Le coach s’attend donc à des équipes bien mieux préparées, lui ayant « travaillé la condition athlétique pour pouvoir enchaîner les matches et durer sur la saison ».
Souvent la solution est alors dans la déstabilisation et le dribble. Ayant laissé au roi Lyon Evelyne Laurent, que reste-t-il aux Girondins de Bordeaux pour percer les coffre-forts adverses ? Inévitablement, je pense à la pépite grenobloise Nadjma Ali Nadjim qui a un profil rare en football féminin, de joueuse de percussion et de dribble, venue aux Girondins de Bordeaux pour cette saison . « On la suivait depuis la saison dernière mais cela n’avait pas pu se faire. son profil m’intéressait par rapport à mon projet de jeu. Il existe quelques joueuses dribbleuses, comme Delphine Cascarino, Mylaine Tarrieu, Sakina Karchaoui, Shirley Cruz, Diani mais on en a pas assez. Ce qui fait que, dès qu’en en a , on les fait jouer. Avec Delphine Chatelin, Juliette Loumagne, Rose Lavaud et Nadjma Ali Nadjim, j’en ai plusieurs. »
On peut tout préparer au mieux, mais c’est le terrain qui décide et la saison qui commence Dimanche face à Lille à l’extérieur est le début d’un calendrier qui peut être considéré comme favorable avec quatre adversaires au maintien pour les quatre premières journées si le résultat est favorable mais très risqué si le vent est contraire, avec ensuite quatre gros qui s’annoncent. Qu’en pense que le coach bordelais ?
« On ne se met pas trop de pression par rapport aux résultats. On sait que de toute manière que les résultats passeront par le travail et le jeu, on gagnera forcément des matches. Ce qui est important c’est plus le contenu du jeu. On est très attentif à cela. Et si les résultats sont négatifs, alors il faudra se servir de notre expérience de l’an dernier et faire profil bas pour continuer à travailler pour obtenir des résultats comme de l’exemple de Marseille. ».
« le premier match face à Lille sera une rencontre où nos adversaires seront ultra-motivés avec un Lille qui n’a rien d’une équipe à jouer le maintien ».
Les données sont claires. Pour tous les coaches, la saison 2017-2018 se fera dans un championnat homogène. « Tout le monde aura son mot à dire ».
William Commegrain lesfeminines.fr