Retour sur la demi-finale aller Manchester City Women – Olympique Lyonnais (1-3). Je ne rentrerais pas dans le débat qui semble s’instaurer entre le Président Jean-Michel Aulas et Gérard Prêcheur à quelques semaines de la fin de leur collaboration.

Cela se justifie pour des raisons que les deux parties connaissent et comprennent.

Un retour sur la demi-finale jouée le 22 avril 2017 a montré à quel point la balle a été dans les pieds lyonnais et le gouffre que les minutes dévoilaient entre l’Olympique Lyonnais et Manchester City, désireux tous deux d’avoir la maitrise. La fameuse maitrise qui plait tant aux coaches européens, très axés sur la transversalité pour trouver dans l’action dans les couloirs, la phase de déstabilisation de la défense adverse, qui donnera le but et les buts,

à la condition que les attaquantes soient efficaces.

Dans ce match comme dans d’autres qui pourraient suivre, l’Olympique Lyonnais n’a pas eu tant de duels offensifs individuels de gagnés qui donnent aux observateurs, le sentiment d’une force supérieure à la domination. Les lyonnaises ont surtout maitrisé la récupération et la transmission ce qui leur a permis de mettre les city women en phase de soumission, subissant les transmissions lyonnaises.

Situation idéale pour un contre ce qu’elles ont superbement exploitées avec le but à la 10′ de Kosovare Asllani qui reste une des seules occasions anglaises.

La décision s’est faite car les joueuses ont voulu surprendre !

Camille Abily, donne le deuxième but en surprenant

Camille Abily qui reçoit le ballon d’Alex Morgan fait une action totalement surprenante. Dans la surface, la voilà qui tourne autour de sa défenseuse qui ne comprend pas ce qui est en train de se réaliser. Camille Abily tente un geste déraisonnable, qui sort de l’ordinaire, comme une note de musique qui s’envole dans un Opéra. Inattendue. Surprenante, et pourtant réelle et nécessaire.

Elle tourne sur elle-même, se retrouve face au but, décalé hors cadre et glisse un ballon que Dzenifer Marozsan va mettre au fond en étant très raisonnable.

Dzenifer Marozsan surprend par son calme devant le but

La joueuse allemande créée des mouvements exceptionnels quand elle est au milieu de terrain. C’est la Cristiane de l’Olympique Lyonnais. Le dribble est toujours efficace, souvent arrêté, fait pour donner une balle précise à sa « teammate » que le premier regard exigeait mais qu’elle n’avait pu réaliser, faute d’une transmission par sa partenaire en temps et en lieu nécessaires.

Alors, elle va dribbler et tout son sang hongrois montre la symphonie qu’elle est capable de jouer.

Du peu que je l’ai vu, il ne me semble pas l’avoir vu perdre la balle alors qu’un défenseur ait pu deviné son geste.

Unique. Irréelle. Elle pourrait certainement toucher la lumière.

La balle part. Tranquille. Assurée. Une passe de comptable. De technicienne sur une chaîne. Parfaite. Un travail d’horloger. Magnifique de précision, de nécessité, de rigueur et de certitudes.

Devant les buts, elle assure. Cette fille surprend par son calme. On a le sentiment qu’elle refroidit toutes ses émotions slaves et qu’elle applique « un geste rêvé », qu’elle a transformé « en geste pensée » et dont son très grand talent serait de le terminer « en réalité ». C’est sa force.

Quand les autres sont des piles d’émotion, elle est d’un calme impérial. En ce sens, elle surprend.

Eugènie Le Sommer anticipe et surprend

Eugènie Le Sommer est une pile d’émotions. 1m62. Peut-être 1m63 mais la vivacité d’un dragster quand elle se trouve face à des buts. Qu’elle voie le cadre. Ce rectangle et pas loin d’elle, la balle.

Quand elle tire, elle a une telle rapidité qu’elle laisserait tout défenseur sur le flanc, en retard. Eugènie Le Sommer, meilleure buteuse du championnat à 3 journées de la fin (17 buts), si tu la laisses tirer, la balle part. Vite et fort. Rarement piquée. Je ne verrais certainement jamais Eugènie faire une « Panenka » sur un pénalty. Eugénie aime surprendre. Par la vitesse.

Le troisième but qu’elle marque contre City (1-3) qui ruine les espoirs anglais. C’est la signature d’Eugènie. Elle surprend.

A la passe de Jessica Houara d’Hommeaux, elle a compris que son adversaire va l’attendre dans les pieds. Elle a compris que son adversaire pense à Elle et pas à Elle, Eugènie. Elle a enregistré qu’à ce moment, l’autre sera surprise. Elle surgit. Contrôle la balle. Regarde la gardienne. Tir but.

Pendant tout ce moment, son adversaire est restée sur ses appuis. Il s’est écoulé trois, quatre secondes. Pas plus. Elle a fait quatre choses différentes : anticiper, contrôler, regarder, tirer.

L’adversaire, elle n’a pas bougé. Estomaquée. Surprise. Immobile.

Les grandes joueuses peuvent être égalées dans leur jeu. Sur un match, sur des matches, sur un temps faible. Il y a une chose qui les distinguera toujours :

Elles aiment surprendre. Elles savent surprendre.

L’Olympique Lyonnais a des joueuses qui savent surprendre. C’est sa force et c’est le reproche qu’on pourrait faire à Alex Morgan depuis son arrivée à l’OL. Elle ne surprend pas.

William Commegrain lesfeminines.fr