Quelque soit le niveau de connaissances du football féminin, voir un OM à la 11è place d’un classement en football de l’élite, c’est certainement un fait qui ne peut que surprendre l’observateur de l’instant. Interrogation qui mérite quelques éclaircissements.
L’Olympique de Marseille construit « pas à pas »
L’Olympique de Marseille est une entreprise qui a choisi, dans le football féminin, de construire « pas à pas » en recherchant le fruit de son travail sans aller chercher, plus que de raisons, les compétences et lumières des stars de ce sport.
Au contraire du Paris Saint Germain, qui avait lancé un projet très ambitieux en 2012, en salariant à temps complet l’intégralité de son effectif, pour se mettre au niveau de l’Olympique Lyonnais (Budget entre 5 et 7 millions d’euros, ce qui correspond à un budget d’un club de deuxième tiers de tableau de L2, prélevé sur les fonds sans recettes correspondantes).
Quatrième en 2011-2012 et qui, avec l’arrivée des Qataris, avait demandé à Farid Benstiti de créer immédiatement un concurrent à l’Olympique Lyonnais (double champion d’Europe à cette époque, et 6 fois champions de France consécutivement). L’objectif avait été quasiment atteint, il ne s’était pas terminé par un titre, qu’il soit de Coupe de France (finale 2014), de championnat (2è en 2013, 2014, 2015, 2016) comme européen (finale 2015, demi-finale 2016) ; ce qui, avec d’autres éléments, avait coûté la tête à l’ex-coach lyonnais dont l’un pouvait avoir été celui de la répétition devant l’obstacle. Farid Benstiti aurait certainement dû monter les performances en pression, pas facile quand le football féminin s’était offert si rapidement à la construction parisienne du moment.
L’Olympique de Marseille a été « malin » en s’éloignant de la création d’une concurrence qui s’avère être le moteur essentiel qui permet à l’Olympique Lyonnais d’être encore meilleur. Christophe Parra, coach qui a crée la section féminine pour la porter en 2016 en première division, remportant même le titre de Champion de D2, a recruté localement dans une région porteuse où le ballon dans les cours résonne autant que la sonnerie de l’école, pour d’années en années, prendre des filles d’expérience, (Kelly Gadéa de Montpellier, Nora Coton-Pelagie ex Asse, Issy, PSG, Caroline Pizzala, ex-PSG, Asseyi Viviane ex-Montpellier, Bretigny Sandrine ex OL, Frankfurt et Juvisy) attirées par la couleur du maillot phocéen, le projet « sport et vie professionnelle » communément appelé « double projet », et les rémunérations qui vont avec sans tomber dans un excès non maitrisé mais qui place quand même, l’Olympique de Marseille dans les cinq premiers du championnat.
Tout cela fait penser comment l’Olympique de Marseille peut se trouver à cette 11è place avec aucune victoire, cinq défaites et deux nuls ?
L’Olympique de Marseille, malin sans tomber dans la « galéjade ».
Comme pour toute division d’élite, le saut entre chaque division est conséquent. Chez les féminines, c’est assez prononcé et les clubs montants se trouvent confrontés « à des clubs de villages » qui savent exactement de quoi est fait cette division et l’importance de ce qu’il faut pour s’y maintenir :
Le mental et la confiance
En sport, notamment collectif, on sait souvent pourquoi on gagne mais rarement la raison précise d’une défaite. La confiance génère chez le sportif, une armure face à l’obstacle et une force pour l’initiative. A l’inverse, l’interrogation est la mère de tous les vices. Elle disperse les forces d’un athlète quand, dans sa performance, il a besoin d’un équilibre difficile entre mental et physique, pour imprégner une différence communicative, reprise et absorbée par ses coéquipiers, ce qui donnera, une victoire, dans un temps assez court. En football, 90′ et quelques poussières.
Chez les féminines, cette approche est essentielle et tout ce qui pourrait « parasiter la confiance » est un risque de défaite. On l’a vu l’an dernier avec une très mauvaise protection de l’environnement du Paris Saint Germain féminine qui a terminé sa saison européenne avec un 7-0 en demi-finale européenne face à l’Olympique Lyonnais.
Les personnes qui connaissent le football féminin le savent. Un club qui connait des turbulences, c’est une manière de gagner, avant coup un match. D’autant plus si ces turbulences sont fomentées de l’extérieur.
L’environnement de la notoriété de l’OM
L’Olympique de Marseille a été pris d’assaut par les organisateurs du championnat et tous les clubs se sont intéressés, volontairement ou involontairement, à cette affiche pour la mettre en exergue. En valeur. Où que vous alliez en France, vos tribunes seront commentée si, sur le pelouse, vous avez un maillot « ciel et blanc ».
Nombreuses ont été les retransmissions télévisées qui sont avantage pour le gagnant mais problème pour le perdant. Si, en plus, vous prenez en compte que les coachs de la D1 ne disposent pas des mêmes conditions que pour le football masculin, vous comprendrez l’aubaine de voir un match de son futur adversaire pour l’étudier. Encore plus quand cet adversaire perd. C’est un cadeau.
Avec la caractéristique féminine sportive qui est l’abnégation, c’est une aubaine.
Le sport féminin collectif est fait d’abnégation. Le football masculin est fait de talents individuels qui jouent ensemble. Le football féminin est une équipe qui a des talents individuels.
Les filles sont ainsi et le sport n’est que le reflet de l’expression, plus ou moins maitrisée, de ce que nous sommes. Elles jouent en équipe, ensemble, comme avec une famille pour atteindre un objectif.
Vous pourrez prendre deux ennemies. Vous les mettez sous le même maillot. Elles vont jouer ensemble. Plus ou moins mais assez suffisamment pour que cela se transforme en victoire. Au minimum pour les plus individualistes, totalement pour les autres. Inutile de rappeler les histoires du football féminin à cet égard.
C’est d’ailleurs ce qui fait son attrait. Cette volonté commune, qui n’existe pas chez les hommes et qu’il faut arriver à créer, pour les meilleures équipes.
Pour qu’une équipe comme l’Olympique Lyonnais passe neuf buts au Fc Zurich en Huitième de finale retour de la WCL et dix sept sur les deux matches, c’est que les lyonnaises ont tanné, de la première à la dernière minute de jeu, les suissesses sachant que sinon, l’abnégation des joueuses, pourraient leur rendre la tâche difficile, voire impossible.
Les victoires de Potsdam et du Paris Saint Germain face à l’OL ont été gagnées grâce à l’abnégation des allemandes de Potsdam (Novembre 2013) et des parisiennes (18 janvier 2014, Novembre 2014), à leur volonté collective ; et la moindre force collective des lyonnaises dans leur jeu d’équipe leur a coûté ce match.
Et lorsque vous voyez de tels scores, ce n’est pas que l’équipe qui les a subi a été faible. C’est que l’équipe qui a gagné à été bien plus forte collectivement, et avec confiance pour devenir un rouleau compresseur.
Si l’Olympique de Marseille retrouve de la confiance, alors cela sera l’étincelle qui les fera sortir de cette zone de relégable.
Les joueuses de l’OM ont la capacité de rester en D1 au regard de l’effectif. Elles ont tout autant la capacité de descendre si elles ne retrouvent pas cette flamme de la confiance, nécessaire pour finaliser face aux pressions adversaires après s’être arque-boutées avec abnégation aux velléïtés adverses.
Son adversaire du jour est le FCF Juvisy-Essonne. Club « leadeur national » et historique de la région parisienne, exclusivement féminin qui depuis sa création et son passage dans l’élite, n’est jamais tombé plus bas que la quatrième place du classement de l’élite féminine.
Les joueuses sont des joueuses d’expérience avec Gaetane Thiney, Julie Soyer, Céline Deville, Sandrine Dusang. Elles viennent à Marseille avec trois jeunes joueuses en moins, parties au Mondial des U20 en Papouasie-Nouvelle Guinée (Greboval, Matéo, Cascarino).
Il va falloir que la jeune génération intermédiaire prenne le costume de patronne dans leur secteur de jeu : Aissatou Tounkara qui a été appelée une seconde fois en sélection, Kadidiatou Diani qui tourne maintenant à 20 sélections, Charlotte Bilbault, Camille Catala revenue en bleue et bien d’autres.
Sinon, ce match pourrait être un piège.
Avec un mois sans match, les marseillaises ont eu le temps de se redonner confiance, celui de relativiser les matches télévisés, et d’avoir les « crocs » pour sortir de cette zone où l’oxygène, avec le temps, devient rare.
Si les juvisiennes l’emportent, alors elles auront écrit une ligne supplémentaire du football féminin. Fermez le livre. L’expérience parle. Marie Terroni, présidente de Juvisy, mesure l’importance d’un tel match après un mois de repos. Elle sera dans les tribunes marseillaises pour cette reprise de championnat.
Si c’est l’OM, alors les « ciels et blancs » décolleront du championnat.
William Commegrain lesfeminines.fr
Dimanche 20 Octobre
- EA Guingamp – As Saint-Etienne 14h00
- Olympique Lyonnais – FC Metz 14h30
- Olympique de Marseille – Fcf Juvisy 14h30
- Girondins de Bordeaux – Paris Saint Germain (Eurosport) 14h30
- Asptt Albi – Asj Soyaux (reporté)
- Montpellier Hsc (4-1) Rodez Aveyron.