« L’immigré du Sud de la France » s’installe à la terrasse de son café habituel, prêt à entendre les avis de tous les parisiens et parisiennes, très compétents, et encore plus compétents sur le sujet quand il ne l’ont jamais pratiqué. C’est une des traditions parisiennes, savoir tout sur tout, surtout quand on ne pratique pas. La signature du génie, en quelque sorte. « De la ….. » aurait dit Michel Audiard.
Ils parlent de football. Le Sud de la France s’aventure sur le football féminin. Montpellier est pas mal depuis pas mal de saisons, mais là, un peu mieux que pas mal. Le parisien vient de faire une théorie théoricienne sur l’equipe de France qui vient de jouer au Stade de France, reprenant du France-Bulgarie de 1993 entre deux respirations. C’est le spécialiste. Il n’a pas aimé l’interruption sur le football féminin.
« Montpellier, c’est où sur la carte ? » dit le parisien. « Pardon !!! ». Il se reprend : »Je veux dire sur la carte de la France ! ». Un petit sourire aux lèvres. Pas loin de se mettre au bel canto avec un « Paris c’est magique ». Là, l’ulcère prend sur le visage un peu buriné de cet homme qui a autant voyagé qu’il a tenu conquêtes au Soleil. Un signe de colère, le visage se tuméfie. « Quoi !!!? ». L’homme en rajoute un petit peu, sentant que ces connaissances ne sont pas à la hauteur de ses paroles : « Non de l’Europe ! ».
« Mais c’est pas croyable. Montpellier a été champion de France, a obtenu la Coupe de France, a été un des premiers à jouer en Coupe d’Europe ! A fait une demi-finale. » .. « Bien avant le PSG ! »
Le candide du football féminin cherche ses mots. Il s’essaie à la connaissance. « Et elles font partie du Club de la famille Nicollin ?! »
Là, le sudiste ne peut plus répondre. Il attend juste la voiture « Batman » du Président Louis Nicollin qui vienne lui régler son compte à ce parisien ! Il ferme les yeux. Essaie de distinguer dans les bruits environnants le souffle court et puissant de Louis Nicollin, espère entre apercevoir le regard malin de Laurent Nicollin. Il ouvre les yeux. Rien.
Mais son regard est tel vers le parisien que l’autre semble comprendre. Il est « borderline ».
L’homme est penaud. Il lui reste une carte. Il réfléchit car si le parisien est « pédant », il n’est pas aussi courageux que ses simples mots pourraient le laisser supposer. L’homme a le courage de la porte fermée. En comité familial. Après, c’est une autre histoire. Il s’essaie quand même : « Et le monde, hein le monde ! » Montpellier c’est où par rapport au Monde ! » tout fier de se souvenir qu’en 98, le million, il était sur les Champs Elysées et pas ailleurs.
Alors l’homme tranquille sur la terrasse. Le regarde. Et, doucement, lui dit. Mais fermement, histoire qu’il ne revienne pas à la charge.
« Le Monde ? » … « C’est pour bientôt ! ».
Dans le football féminin, le centre c’est l’Olympique Lyonnais. Le haut, c’est l’Olympique Lyonnais. Les couleurs, c’est l’Olympique Lyonnais. Le Paris Saint Germain a réussi à créer une figure originale en mettant la lumière sur Paris, avec deux victoires sur l’OL, une en championnat, l’autre en coupe d’Europe et une finale européenne suivie d’une demi-finale.
Montpellier est venu contrecarrer tout cela, en prenant non pas son temps, mais le temps qu’il fallait pour réussir à modifier le centre du football féminin. D’abord, en créant un coin. Avec trois finales de Coupes de France récentes et deux au moment où le PSG revendiquait la lumière. En devenant, pendant 6 mois, le second du championnat.
Et maintenant, en assurant une quatrième victoire (3-0) face à l’ASSE, acquise sur la durée d’un match avec un premier but venu de Marine Haupais (45′) avant la mi-temps, un second de la recrue néerlandaise de l’an dernier Dekker (57′) pour finir par Sofia Jakobsson, médaille d’argent aux derniers JO avec la Suède et qui pointe à 5 buts, a égalité avec Eugénie Le Sommer et Ada Hegerberg, meilleure joueuse française et européenne en 2016.
Le problème de Montpellier, c’était la constance nous disait Jean-Louis Saez. Aujourd’hui, il est bien trop tôt pour dire que l’interrogation est résolue. On n’est qu’à la quatrième journée. Ce qui est certain, c’est que Montpellier se met en mode « vainqueur des 22 journées ».
William Commegrain lesfeminines.fr
PS : on est tous des parisiens. Plus ou moins. 🙂
Buts : Haupais, Dekker, Jakobsson.
Montpellier Hsc : Philippe ; Romanelli, Agard (cap.), Haupais, Karchaoui ; Jakobsson, Toletti, Dekker, Le Bihan ; Tonazzi, Thomas
ASSE : Chavas ; Gauvin, Boishardy, Sissoko, Carage ; Lavaud, Clemaron (cap.), Moreau, Peruzzetto, Garbino, Chaumette.