L2 Masculine. 32J sur 38. US CRETEIL – CLERMONT FOOT 63 (0-3). Belle victoire à l’extérieur. Corinne Diacre (42 ans, ex-internationale française) résumera ainsi la victoire de son équipe à Créteil : « C’est une belle victoire, il y avait longtemps que l’on n’avait pas marqué trois buts. Belle opération, on reste en course. » Le coach cristolien, Laurent Roussey, (54 ans, ex-internationale français), résumera cette défaite très clairement : « On a été battu par une équipe meilleure que la nôtre. »
La phrase s’échappe tranquillement de la zone de presse du stade Duvauchelle, encore marquée par une grande première … Le Kopp cristolien venu manifester son mécontentement et gazé par les forces de sécurité présente. Il faut dire que les Béliers sont englués depuis plusieurs journées à la 19è place, pas si loin des premiers non relégables (-2) mais sans jamais arriver à sortir la tête de l’eau, malgré une récente victoire à l’extérieur face à Nîmes (1-3).
Là, il est 22 heures, et ils viennent de prendre un sévère 0-3, avec un Clermont « qui a su faire le dos rond et accélérer quand il fallait » dira Corinne Diacre quand dans les temps forts de Créteil, les Béliers n’ont pas su faire la dernière passe ou le dernier geste qui fait mal. Un pénalty à la 45′ puis deux buts dans le dernier quart d’heure (79′ et 85′). Au revoir, Messieurs Dames. Tout est dit. Un résultat de Ligue 2 bien maitrisé par Corinne Diacre, faut-il le préciser, première femme à entraîner un club de football masculin professionnel et peut être première femme à accéder à la L1 ?
Entretien avec Corinne Diacre qui nous parle de son contact avec la L2 et de la construction de son groupe.
Q. Le résultat reflète la physionomie du match globalement ?
C’est une belle victoire, il y avait longtemps que l’on n’avait pas marqué trois buts. Belle opération ! On reste en course. On a eu un peu de chance mais on a su la provoquer. Le but en fin de première mi-temps (pénalty sur une incursion très dynamique d’Adrien Hunou qui perce et dribble trois joueurs à toute vitesse pour se faire faucher dans la surface) nous fait du bien et on a su, surtout, mieux attaquer la seconde qu’eux. On aurait pu même à ce moment là, breaker plus tôt. On a fait une bonne seconde mi-temps même si Créteil a eu des occasions chaudes devant notre but. Cela ne leur a pas souri, par contre pour nous oui : deux buts avec un doublé de Gaetan Laborde (pénalty et sombrero) et un superbe but du jeune Pereira Lage qui finit pleine lucarne.
C’est presque une opération blanche ce soir en haut du tableau. Oui, mais on reste au contact. Pour le moment tout va bien sans oublier que les autres jouaient à domicile quand nous nous étions à l’extérieur (Clermont est la seule équipe à avoir gagné à l’extérieur de ce premier acte pour la J32). On va attendre le match du Red Star lundi (5è). Non pas avec impatience car nous allons nous préparer pour recevoir Dijon la semaine prochaine.
Q. Corinne, d’abord, ce contact avec la L2 ?
Une première année .. en même temps très compliquée et en même temps très enrichissante, très formatrice, très riche. Aujourd’hui, avec les résultats (Clermont est 6è à 3 points du podium tenu par le Havre), il y a un peu plus de sérénité, c’est évident. On a travaillé avec mon staff sur la composition du groupe et on voit que l’on ne s’est pas trompé. On a pris des bons joueurs qui collaient à l’état d’esprit du club de Clermont et j’ai surtout recherché un état d’esprit qui nous a fait un petit peu défaut l’année dernière. Aujourd’hui, cela paye et c’est bien même si cela ne sera pas tout les jours comme cela. On en profite et on vraiment heureux de ce qui nous arrive.
Q. On sent une équipe travailleuse ?
Oui, cela ne rechigne pas. Après on les force à l’entraînement à faire les efforts les uns pour les autres. C’est ce qui paye de toute façon. Ce qui est bien aujourd’hui, c’est que lorsque l’un, supposé plus fort – je pense à Diedhiou (23 ans, 20 buts, meilleur buteur de la L2) – est un petit peu en panne (sur le banc et rentré hier matin après sa sélection pour les qualifications de la CAN), on en a toujours un deuxième qui arrive et qui supplée. C’est bien et c’est également important de ne pas s’asseoir ou faire confiance à un seul joueur car lorsqu’il est en difficulté, c’est tout le groupe qui est en difficulté.
Q. C’est un petit peu une gestion « état d’esprit du football féminin » d’essayer de détecter des forces et de les partager.
C’est surtout que ma formation à Soyaux (club historique de D1F) était cela également. Puisque nous n’avions pas d’argent pour acheter les contrats fédéraux et donc entre guillemets « pas d’argent pour avoir les meilleures joueuses ». Donc il a fallu travailler sur la notion de groupe. Sur, justement, faire les efforts les unes pour les autres pour qu’il y ait qu’une seule star : l’équipe.
C’est ce que l’on fait à Clermont car on a pas forcément les moyens de recruter non plus du très haut niveau mais cela ne nous empêche pas de travailler.
Q. A six journées de la fin, cela doit être un vrai plaisir d’être postulante au podium ?
On a perdu quelques points en cours de route, qui seront précieux ou pas, on fera les comptes à la fin. On reste dans la course et l’idée c’est de continuer à rêver car aujourd’hui on a décidé d’afficher clairement d’aller chercher cette troisième place. Je pense qu’il est temps de sortir du bois et de se montrer. On l’a fait ce soir. Très sincèrement, je suis très satisfaite et surtout de la réaction du groupe. En même temps, ils ont quelque chose à jouer aussi. C’est un ensemble.
Q. Votre vision du football féminin maintenant ?
Un peu éloigné car j’avale beaucoup, beaucoup de foot. Je regarde quand même, notamment la Ligue des Champions. J’ai regardé Paris (PSG-Barcelone 1-0) et puis la semaine dernière, un petit peu Paris (Barcelone PSG 0-0) et surtout Lyon (OL – Slavia de Prague 9-1) qui était un petit peu plus attrayant (rires). Dès que je peux, je regarde. Même le championnat. La semaine dernière, je suis allée voir jouer Soyaux (ancienne joueuse de Soyaux et coach du club pour le faire remonter de D2 en D1F) contre Rodez. Je ne leur porte pas chance (0-2).
Q. Elles font une belle saison quand même (6è sur 12).
C’est un petit peu difficile. Il leur faudrait une victoire de plus pour assurer le maintien. Et puis, il y a quelques blessées. La fin de saison est un petit peu compliqué.
Q. C’est un drôle de championnat.
C’est un championnat un peu gruyère. On joue, puis pendant trois semaines on ne joue pas. On voit bien la différence avec le football masculin sur ce plan là.
Q. Un petit mot sur Bruno (Bruno Bini, sélectionneur de la Chine, dont Corinne Diacre a été son adjointe pendant le temps où il était sélectionneur de l’équipe de France féminine) ?
Très contente de sa qualification pour les JO. Incroyable quand même ! Je ne suis pas surprise. Quand j’ai vu son groupe en photo entre le moment où il les a pris et quelques semaines après. Je lui ai dit ton groupe a changé car ton groupe sourit. Ca c’est vraiment toi ! Il leur a redonné un peu de vie, comme il est : très humain. En plus, il a de la chance, il me disait que des fois, il voulait temporiser avec une séance par jour et c’est elles qui leur en réclamaient deux ou trois supplémentaires par jour .. C’est dans la mentalité. Ca ne s’invente pas ! »
William Commegrain lesfeminines.fr
Clermont reçoit le leader de la L2, Dijon (1er) pour ensuite affronter des clubs au profil plus gérable : Valenciennes (13è), Tours (10è), Laval (14è), Brest (9è) et Sochaux (18è). Mais en L2, toutes les équipes entre la 5è et la 17è place se valent sur un match. Donc, le chemin de Clermont se fera « match après match ».
Il en reste juste 6. Mon sentiment, c’est que Clermont sait faire le dos rond et remporter un match, là, largement. Ce n’est pas suffisant pour être premier ; cela peut être une qualité suffisante pour finir troisième. En L2, le classement dépend aussi beaucoup du résultat des autres.