Dimanche 21 Juin 2015. 1h30 Am du matin. Voici deux pays qui ont poussé à la troisième place les deux pays de la zone UEFA qui aurait pu y prétendre. La Chine avec les Pays-Bas, le Cameroun avec la Suisse. Si l’opposition entre les deux pays laissent beaucoup d’interrogations et développera beaucoup de passion, elle sera sûrement une référence dans le futur des deux nations.
L’Histoire du Cameroun avec le Mondial.
1990. Italie. Personne ne peut oublier la célébration mondiale, devenue maintenant un rite, où le buteur entame un message en célébrant son but à sa manière. L’initiative pourrait revenir à Roger Milla, attaquant camerounais, ex-professionnel évoluant en France, qui s’était mis à danser face au poteau de corner lors du Mondial 1990 italien quand tous les autres se congratulaient simplement, en réalisant ce que les camerounais appellent un « Makossa » qui ensuite fut repris par Yannick Noah dans « Saga Africa » à chacun de ses buts.
1990, 25 ans en 2015. Les Lionnes indomptables ont grandi avec cette histoire du Mondial dans les oreilles.
La Chine, écrit son histoire dans la décennie 1995-1999.
1999. Le monde du football féminin passe du Nord de l’Europe au monde asiatique. La République Populaire de Chine arrive tambour battant dans les premières compétitions féminines de football et après avoir accueilli le pré-tournoi (1989) du 1er mondial qu’elles organiseront en 1991.
1999. Les Roses d’Acier ont grandi avec cette histoire du Mondial dans les oreilles.
Les deux équipes sont jeunes, elles joueront pour écrire leur histoire afin qu’elle résonne dans les esprits de celles qui viendront plus tard.
Ces deux pays évoluent culturellement de la même manière. Avec la transmission du passé. Fort de cet adage : « Dis moi d’où tu viens, je te dirais qui tu es », ces deux histoires feront partie de leur aventure au mondial canadien. Elles en entendront parler.
Le Cameroun et l’impétuosité de son jeu.
Le Cameroun est impétueux et son jeu est fait de flammes, 61 tirs en 3 matches, qui partent à tout moment, sous la baguette explosive de la volonté camerounaise, 21 tirs cadrés qui sont là pour renverser les montagnes. Impétueusement. Peu importe les défauts avec 45 fautes et 6 cartons sur les trois rencontres, l’essentiel étant que le feu consume la défense adverse, pour qu’elle craque, sous le joug de tant de volontés offensives.
La Chine et la subtilité de son jeu.
Ralentir est une erreur, bondir est la solution. Désobéir est la désapprobation.
A ce jeu Wang Lisi sera la joueuse du Mondial si la Chine continue son chemin, elle qui a été sortie par son coach à la 43′ pour désobéissance tactique, mais qui a enchanté tout le monde avec un toucher de balle jamais vu dans le football féminin et au top du football masculin qui m’avait éclaté aux yeux avec ce coup franc face au Canada, lors du match d’ouverture, où elle arrive à faire un effet rétro à une balle qui touche poteau haut pour finir deuxième poteau bas, pleine puissance.
L’ensemble des joueuses se donne pour le collectif et la force des Roses d’Aciers serait plutôt dans le bonheur lumineux qu’elles montrent quand une fille finit l’action collective par un but salvateur. Pas de » Makossa », mais avec sa culture, une puissance chinoise qui se montre là, à cet instant, comme le moteur atomique du jeu des asiatiques.
A courir sans jamais s’arrêter. S’arrêter, c’est quasiment mourir.
Les deux jeunes coachs dans ce match vont faire leur partie.
On ne peut pas terminer cet article sans présenter les coachs qui ont une influence prépondérante dans la réussite de leur équipe. Face à la Suisse, le Cameroun est dominé dans ce dernier match tout en étant mené (1-0) et il semble impossible de les voir revenir dans la partie. La mi-temps, siège d’expression des coachs, arrive. Le Cameroun a totalement changé d’état d’esprit et de jeu.
La jeunesse d’Enow NGACHU qui connait son groupe depuis 2008 chez les jeunes et a été à la tête de la sélection en 2012 aux JO de Londres prenant 11 buts pour n’en marquer qu’un seul déclare avoir beaucoup travaillé le passage défensif vers celui offensif pour cette année, faire le record africain de tous les mondiaux pour 9 buts marqués et deux encaissés, a les mots et les choix qui conviennent à son groupe, changeant quatre joueuses pour ce dernier match face à la Suisse, et faisant rentrer une ex-titulaire qui mettra le but vainqueur (2-1).
De son côté, HAO Wei, le jeune sélectionneur chinois déclare avoir bâti sa sélection pour qu’elle s’exprime aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 et fait montre d’une autorité précise en sortant devant les caméras du mondial, sa meilleure joueuse de l’instant, à la 43′, sanction suprême pour que le message passe, alors que la mi-temps n’était qu’à un souffle.
Dans un milieu où l’expérience est fondamental, ces deux coachs frappent à la porte du Monde, comme les féminines, pour donner à ce Mondial sa vérité du moment : un Mondial de la jeunesse du football féminin.
Le public aura sa part, avec une communauté américaine et canadienne, d’origine chinoise très présente face à une communauté camerounaise très exubérante.
Un très beau match, plein de vie et de vérités à prévoir. Sur W9 et Eurosport, 1h 30 AM le Dimanche 21 juin. Le coeur français pourrait être camerounais avec pas loin de quatre joueuses évoluant en France (Soyaux (D1), Arras FF (D2), Yzeure (D2), Claix (D2)).
William Commegrain lesfeminines.fr