Après quinze mois extraordinaire, depuis un certain nombre de matches, la France a du mal face à ses adversaires (Canada, Russie, Ecosse, Angleterre, Colombie) tout en gagnant. C’est ainsi et c’est un fait. La difficulté n’était pas trop voyante pour les néophytes puisqu’elle était faite avec des victoires. Le dernier France-Colombie (0-2) a posé de plein pied une interrogation, qui ne reste qu’une interrogation : personne ne peut douter de la supériorité de la France (3è) sur les mexicaines (25è) ; beaucoup se demandent si elle sera suffisante pour gagner en ce moment ?
Tant mieux, car la meilleure des réponses est à faire sur le terrain.Les joueuses en ont discuté ensemble, avant le match. A comparer, entre la qualification et la défaite, il y a un univers de différences. Les joueuses ont tout à gagner à vaincre les mexicaines qui se sont faites balayer par les américaines (1-5) et ont gagné face au Costa Rica (2-1 et 3-0), dans ce qui a été les deux derniers matches de préparation des équipes participant à ce mondial.
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Que donnerait une qualification de la France au second tour ?
Tant de choses que ces quelques lignes qui sont du registre du commentaire et de l’écriture ne peuvent et non ni le droit de les retraduire dès lors que l’on parle de la performance des joueuses. C’est leur univers, et il est juste de notre ressort d’en faire l’écho, auprès du plus grand nombre pour qu’elle résonne dans le cœur de chacun et chacune et soit une bonne raison pour qu’elles soient juste fières de leur performance.
Individuellement, elle pourrait donner cela ..
Elle donnerait la part de fierté qui accompagne chaque moment de force quand on a réussi à passer un obstacle, au même titre que cela l’a été pour Christine Sinclair, lorsqu’à la 92′ du match d’ouverture, en sortant son équipe canadienne de l’ornière (52.000 personnes en direct) avec un pénalty poteau entrant que même une souris aurait hésité à prendre, si près du risque de se faire attraper, on le saura 2 matches après, par le chat de l’élimination. Trois points face à la Chine qui se sont avérés essentiels ensuite pour être qualifié et premier de son groupe, après deux matches nuls. Et la course qu’elle fait après ce but montre à quel point le football vous met « ailleurs ». Tout simplement « Ailleurs ».
Elles donnerait la fierté d’Abby Wambach qui décisive hier soir, met au forceps son premier but canadien, avec un but du plat du pied face au Nigeria (0-1), en s’imposant physiquement à son adversaire qui ne peut que la retenir psychologiquement, espérant, à tort que ce monstre de détermination, idole de tout un pays et de tout un stade qui a oublié depuis longtemps qu’il est au Canada, tellement ses couleurs et ses cris ressemblent à ceux des « stars and stripes », oublie de bien frapper cette balle pour qu’elle monte, et dépasse la transversale, siège de tous les espoirs de ceux qui sont battus. Elle rentrera, et ce but vaudra lui aussi, lourd dans la balance finale, mettant l’américaine au réveil du matin, comme le font les grand fauves, en se rendant compte qu’elle n’a pas encore mangé cette Coupe du Monde.
Elle donnerait la fierté du bulldozer et capitaine australien De Vanna, capitaine de tous les soirs où les jaunes et verts viennent jouer sur ce bush synthétique sur lequel ne souffle que la tempête australienne, et qui a inventé une nouvelle énergie : l’énergie humaine, pour exulter à chaque fois qu’enfin, et toujours, elle trouve ce chemin qui fait que sa balle passe cette ligne, quelque soit la manière, quelque soit le moment, quelque soit le lieu. Elle a compris qu’un but, c’est simplement cela et chacun de ses gestes, de ses actions n’a que cette finalité : faire passer la ligne non pas avec la Goal Technology mais avec la « Heart technology ». Celle qui vous amène dans l’espace, quelques instants. Seulement, mais quelques instants inoubliables.
A l’évidence, qualifier son équipe est une grande source de fierté pour une joueuse, pour un groupe, pour une équipe. Des moments inoubliables comme ceux vécus par le Cameroun (53ème FIFA) qualifié au second tour.
Collectivement, cela donnerait aussi cela
Douze clubs de D1 qui enfin, se soulagent avec les rires et les phrases qui conviennent pour se dire que les risques qu’ils sont en train de prendre, et qui ressemblent tant à ceux des Grands dont ils sont si loin de ressembler, ne vont pas leur exploser aux visages. Qu’enfin, ils et elles pourront grandir sans se faire trop de cheveux blancs. Toujours néfastes à un moment ou à un autre.
Tant de jeunes joueuses trouveront l’envie et le plaisir d’aller jouer dans la cour symbolique de la vie qui depuis longtemps n’existe plus, pour ne pas craindre les moqueries et « chambrettes » courantes à cet âge qui fait que celui qui possède « les mots » et souvent le plus fort. Elles pourront les regarder tranquillement, pour leur dire que la France des féminines, elle gagne quand la France masculine, elle perd. Même si c’est la même France, cela marche à cet âge. Et tant pis pour le prix de l’inégalité et de l’injustice que les hommes paieront, chacun son tour, penseront-elles.
Et enfin, entre mille poignées de mains, ceux qui construisent ce football féminin (contrats fédéraux, partenaires, sponsors, futurs actionnaires de SASP, Coupe du Monde 2018 et 2019, médias télévisés) en lui donnant des dimensions « sur dimensionnés » qui ne sont là qu’avec l’espoir que, comme tout enfant, le football féminin les remplissent, se diront qu’ils ou qu’elles ont eu chaud, avec cette Coupe du Monde féminine 2019 avec laquelle ils et elles se sont mariées, en se disant : « pourquoi j’ai dit oui » sachant très bien, comme peut-être nous l’avons tous vécu, « qu’ils ou qu’elles n’auraient jamais dit non », car tout simplement, on ne dit jamais « non » à une passion d’autant plus si elle est raisonnée.
Oui, la France a beaucoup à jouer et à gagner avec ce match et surtout avec ces matches à venir. Alors peu importe qui sera sur le terrain. Elle y entrera avec tout cela. Que cela ne soit pas un poids. Mais surtout une force. Une grande force. Les équipes nationales ne sont jamais seules. Les françaises d’autant moins.
A Elles la parole et les actes.
William Commegrain lesfeminines.fr
PS : pas un mot sur la défaite et l’élimination, car ce sont des choses qui ne sont pas à prévoir. Elles se constatent.