Quoi de mieux qu’un choc pour débuter le mondial ? C’est en tout cas ce qui nous attend avec ce France-Angleterre que tous les français et les anglais attendent depuis des mois.
Vers un 4-4-2 classique
A l’image d’un Laurent Blanc ou d’un Didier Deschamps, Philippe Bergerôo n’est pas un grand adepte du changement de système. Très rare ont été les matches où il a remplacé son habituel 4-4-2 à plat par une autre tactique. On se souviendra de la finale de l’Algarve où après avoir mis en place son 4-4-2 lors de la phase de poule, il avait changé pour mettre un 4-3-3. Un changement qui ne lui avait pas réussi puisque l’Equipe de France avait perdu 2-0 face au Etats-Unis. Le coach français ne devrait donc prendre aucun risque pour son premier match de coupe du monde féminine.
Une défense majoritairement parisienne
Si dans les cages on retrouvera sans aucun doute la lyonnaise Sarah Bouhaddi, que Phlippe Bergerôo considère comme l’une des 5 meilleures gardiennes du monde. Le sélectionneur français devrait s’appuyer sur une défense à forte consonance parisienne pour débuter la rencontre. Titulaire incontournable à droite, depuis la non-sélection de Corine Petit (devenue consultant pour W9 pendant la Coupe du Monde) après le tournoi de Chypre 2014, Jessica Houara D’Hommeaux a su s’installer à ce poste. Sabrina Delannoy passée arrière droite au PSG, après avoir été défenseur centrale ne devrait pas être titularisée. En effet, la capitaine parisienne blessée, lors de la finale de la Ligue des Champions a repris tardivement l’entrainement collectif et n’a joué qu’une mi-temps face au Québec, mercredi dernier. En défense centrale, on devrait retrouver la paire, Laura Georges et Wendie Renard, qui a fait le bonheur de l’Equipe de France depuis 2011. Si au début du mandat de Philippe Bergeroo, la place de titulaire de Laura Georges était menacée, l’internationale parisienne aux 159 sélections a su retrouver le niveau qui était le sien au plus grand bonheur des Bleues, qui pourra donc s’appuyer sur une défense de fer.
Auteur de très bonnes prestations lors de ses titularisations, Anaïg Butel ne devrait pas bouleverser la hiérarchie, tout comme Griedge M’Bock Bathy NKA, plutôt utilisée à gauche. Un côté gauche où elles sont deux pour une seule place. En effet, la question se pose entre Amel Majri et Laure Boulleau. Auteure d’une grande saison avec Lyon, Amel Majri était devenue titulaire à ce poste en lieu et place de Lara Dickenman exilée à droite à la place de Corine Petit sur le banc.
Jusqu’à la mi-saison, elle avait pris la place à Laure Boulleau en équipe de France, quand celle-ci fut blessée. Cependant depuis quelques matches les rôles se sont inversés, puisque la parisienne est revenue en très grande forme avec son club, alors que la jeune lyonnaise a semblé fatiguée. Elle est d’ailleurs arrivée blessée en stage et n’a repris qu’il y a une semaine avec le groupe et au même titre que Sabrina Delannoy, elle n’a joué qu’une mi-temps face au Québec. Bergerôo pourrait aussi privilégier l’expérience de Laure Boulleau face aux anglaises.
Un milieu 100% lyonnais
Au milieu, et sur les côtés, il ne devrait pas y avoir de surprises et il devrait être composé à 100% de lyonnaises. Amandine Henry s’est montrée indispensable au milieu de terrain à Lyon depuis des années comme en équipe de France depuis 2 ans. Mise en concurrence avec la parisienne Kheira Hamraoui, elle a su s’imposer et est devenue la patronne du milieu de terrain français. Elle s’est d’ailleurs montrée très en forme lors des matches de préparation. En 8, on retrouvera Camille Abily. Un temps concurrencée par Elise Bussaglia, elle s’est montrée indispensable aux côtés d’Amandine Henry.
Pour les accompagner Louisa Necib et Elodie Thomis devraient être alignées sur les côtés. Si Bergerôo a essayé plusieurs joueuses, personne ne s’est imposé hormis la paire lyonnaise, qui n’a jamais réellement eu de concurrence. La vitesse d’Elodie Thomis et la Vista de Louisa Necib n’ont pas trouvé d’égal, malgré les bonnes prestations de Kenza Dali et Claire Lavogez. La néo-internationale s’est d’ailleurs blessée lors du dernier match face au Quèbec. Comme en défense, le sélectionneur français devrait privilégier l’expérience des deux lyonnaises.
Une attaque à 3 pour seulement 2 places !
En attaque, elles seront 3 pour deux places, Kadidiatou Diani n’a joué qu’une mi-temps face au Québec pendant la préparation. Elle ne devrait pas bouleverser la hiérarchie. Les 2 places en attaque se joueront donc entre Eugénie Le Sommer, Marie-Laure Delie et Gaëtane Thiney. Si la paire Eugénie Le Sommer/Gaëtane Thiney était titulaire depuis quelques mois, celle-ci pourrait changer pour cette rencontre.
En effet, auteure d’une très bonne saison en club et en Equipe de France, Eugénie Le Sommer s’est fait discrète sur les matches de préparation, en ne marquant aucun but, alors qu’elle les enchaînait sur les derniers matches, au contraire de Marie-Laure Delie auteur d’une saison compliquée avec le PSG. Cette dernière a su revenir en forme au bon moment, puisqu’elle a été décisive sur les derniers matches avec son club en marquant notamment en finale de Ligue des Champions. Auteur de 2 buts en 2 matches, lors de la préparation, elle pourrait déloger la lyonnaises du poste de titulaire. De plus, son gabarit et son jeu en pivot pourrait mieux correspondre au jeu anglais que celui de Le Sommer, en difficulté face au Canada (malgré son but), ainsi que face à la Russie. Delie pourrait donc être associée à Gaëtane Thiney très en forme depuis le début du stage d’avant Coupe du Monde. Auteure d’un doublé contre la Russie et d’un but contre le Quebec, on imagine mal Philippe Bergerôo se passer de la juvisienne pour ce premier match, d’autant qu’il l’a laissé au repos contre l’Ecosse. De plus sa technique pourrait faire la différence. On imagine mal Une paire Le Sommer/Delie, qui ne s’est jamais montrée efficace les rare fois où elle a été alignée.
Si Philippe Bergerôo ne cesse de répéter qu’aucune joueuse n’est installée, on remarquera que le 11 de départ a peu évolué depuis sa prise de fonction et qu’à certains postes la concurrence à été faible voir inexistante.
Le collectif anglais pour contrer le jeu français
Si l’Angleterre ne possède pas de joueuses phares comme l’Equipe de France, elle pourra néanmoins s’appuyer sur un collectif pour contrer le jeu français, avec des joueuses rapides qui peuvent se projeter vite vers l’avant comme Aluko ou encore White. Les anglaises ont perdu de très peu lors de dernier match amical contre le Canada.
Elles savent qu’elles ne partent pas favoris de la rencontre, ce qui pourrait être à leur avantage comme pour le Nigéria face à Suède (3-3). Les coéquipières de Stef Houghton sont prêtes à relever le defi. Elles savent que la victoire à la Coupe du Monde passera par une victoire contre les Bleues. Leur entraîneur Mark Sampson ne voit d’ailleurs rien d’autre qu’une victoire. Comme pour Philippe Bergerôo il devrait s’appuyer sur son 11 habituel. Seul absente notable, Jodie Taylor. Une absence qui pourrait coûter cher à l’Angleterre ce soir.
A quel type de match s’attendre ?
Si la possession du ballon sera probablement française, elle devra se méfier des contres anglais qui pourraient faire mal comme cela a été le cas face à la Russie en mai dernier. Il ne faudra pas pour les françaises tomber dans la facilité, car si techniquement elles semblent au-dessus, le manque de concentration leur sera préjudiciable. Notamment sur les coups de pied arrêtés.
Point fort il y a encore deux ans, cette phase de jeu est devenu un des points faibles des Bleues. Alors qu’elle se reposait énormément sur le duo Wendie Renard/Louisa Nécib, à Lyon comme en équipe de France, celui-ci n’est plus ce qu’il était et aucune solution ne semble avoir été trouvée. L’absence d’une joueuse de taille comme Corine Petit pourrait être préjudiciable pour les Bleues lors de ses phases de jeu. Car si les françaises partent favorites de cette rencontre, elles auront en face d’elle une équipe anglaise très revancharde dont l’objectif est d’être championne du monde et cela passera par une victoire contre les françaises, afin de montrer qu’elles en ont le potentiel.
Du côté des françaises, l’objectif est le même et donc de terminer première de son groupe. Néanmoins, le chemin vers la finale de la Coupe sera semé d’embûches. Le premier match signifie l’entrée dans la compétition et cela n’est jamais facile, on a pu le voir pour le Canada, difficile vainqueur de la Chine. De plus, l’Equipe qui finira première du groupe F pourrait retrouver l’Allemagne en ¼ de final, puis les Etats-Unis en 1/2, alors que l’Equipe qui finira 2nd aura une partie de tableau plus abordable.
Faut-il donc perdre pour être championne du Monde ? On se souvient qu’en 2011, les japonaises avaient perdu leur premier match et avaient été Championnes du Monde. De même pour l’Allemagne Championne d’Europe en 2013, pourtant battu par la Norvège lors de son premier match. Cependant, une défaite de l’Equipe de France ferait un peu tâche au vue des dernières performances de celle-ci. De plus, on ne sait pas ce que cela pourrait engendrer. On se souvient qu’en 2003, les Bleues avaient perdu leur premier match et n’étaient pas sorties de la phase de groupe, alors qu’en 2011, elle l’avait emporté difficilement face au Nigéria et malgré une défaite contre l’Allemagne, elles avaient fini 4ème. Nous verrons si l’expérience de Philippe Bergerôo aura raison de l’inexpérience de Mark Sampson.
Les 11 probables
France: Bouhaddi – Houara D’Hommeaux – Georges – Renard (cap) – Boulleau (ou Majri) – Abily – Henry – Necib – Thomis – Le Sommer (ou Delie)- Thiney
Angleterre : Bardsley – A.Scott, Houghton, Bronze, Rafferty – Nobbs, Williams, J.Scott, Moore (ou Carney) – Kirby, Aluko (ou White).
Tamara Renault. lesfeminines.fr