Une photo de duel. D’un côté, Shirley Cruz ; de l’autre Soyaux ..
Du côté du Paris Saint Germain, dans ce 16è de finale de la Coupe de France, il s’agit de Shirley Cruz, venue du magnifique pays qu’est le Costa-Rica, pour jouer à l’Olympique Lyonnais et maintenant le PSG, dans les deux cas, avec le mot « aventure » au coeur. Elle jouera sous deux entraîneurs, différents, Farid Benstiti (Ol et PSG) et Patrice Lair (Ol), tous les deux au top de la reconnaissance internationale et qui lui donneront la même qualité : la meilleure de la D1.
Elle me souffla, après un match : « les origines, on ne les perd jamais. » Tant mieux pour le Costa-Rica qui ira jouer sa première coupe du monde féminine, comme l’ont fait les hommes au Brésil avec un magnifique parcours qui se terminera en quart de finale .
Là, elle joue un duel et voyez derrière, … sur la photo : personne ne bouge. Shirley qui joue un duel, ce n’est pas rien. Dans l’esprit des autres joueuses, il y a une idée qui s’impose : elle devrait le gagner. Elles attendent la défense, puis la récupération et sont prêtes à la relance. Quand vos coéquipières en sont à un tel niveau de lecture par rapport à votre jeu, c’est que vous avez une véritable influence sur le groupe et c’est la reconnaissance silencieuse qui est tant appréciée des sportifs et sportives de haut niveau. Un quotidien qui forge la confiance et permet ensuite, de récolter avec sérénité, les louanges des observateurs, bien après celles du terrain.
Encore plus quand cela vient de Caroline Seger. Elle en a vu des joueuses.
Shirley Cruz est une très bonne joueuse. Seulement, là, Samedi, comme on attend le clan d’en face en bas d’une cour d’immeuble pour un match que seul les joueurs en connaissent l’enjeu, Soyaux a décidé d’empêcher le PSG de gagner ce match de Coupe de France, sans une seule fois se rappeler le score précédent 0-10 et celui encore précèdent 0-6.
Soyaux qui a gagné sur les terres de Guingamp (4è), s’oppose au PSG, leader du championnat avec un match en plus.
De l’autre côté, Soyaux
D’un autre côté, vous avez Soyaux. Une joueuse parmi les onze sur le terrain. C’est elle, cela aurait pu en être une autre. Elle est en duel. Comme toutes les filles de Soyaux qui ont décidé de jouer chaque ballon comme un duel. Cela parait être simple, en théorie. C’est, dans la réalité extrêmement difficile. Épuisant.
Épuisant physiquement, épuisant mentalement, épuisant techniquement car récupérer n’est rien si on la perd juste derrière. Il faut mentalement quelque chose de spécial que l’on a pas tout le temps. Et dans un sport collectif, il faut que toutes les joueuses l’aient. Face au Paris Saint Germain comme face à l’Olympique Lyonnais, il faut l’avoir tout le temps, ensemble. Mission impossible !
A Soyaux, ce samedi 24 janvier, jour des 24 heures du sport féminin, ce n’est pas une joueuse qui l’avait ; c’était toutes les joueuses. Et cela, c’est une performance incroyable qui a permis à Jean Parédès d’être calme dans sa zone, et d’entendre Farid Benstiti se dire que l’élimination est possible. Là en 16è. Une pointe d’inquiétude dans la voix.
Les joueuses exténuées à la fin des 92′ se taperont dans la main, trop contente de l’exploit. Le bonheur du sport est là. Réussir quelque chose de quasiment impossible.
Les parisiennes jouent avec le jeu, avec le feu.
Et puis la délivrance pour le PSG. La séance des tirs au but et d’un côté, le geste lu avec 3 arrêts cadrés ; pour de l’autre, la tranquillité dans la transformation.
Le duel se perdra aux points. Berger, gardienne d’occasion sourit de bonheur de ne pas être occasionnelle dans le cœur de ses coéquipières. Dans trois jours, le plaisir de Soyaux sera oublié ; et les bleues de Charente se diront qu’elles ont vraiment pas été loin d’un exploit. Inattendu. Un verre de champagne dans ce championnat déjà, bien trop tôt, joué.
Un beau duel au final. Chacune avec son histoire.
William Commegrain – lesfeminines.fr