Le Paris FC recevait l’Olympique Lyonnais. Le onze aligné par Sandrine Soubeyrand (recordwomen des sélections en Bleus et Bleues avec le chiffre impressionnant de 198) notait l’entrée de la jeune Ould Hocine Celina (18 ans, venue du PSG cette saison) en défense centrale quand Annaig Butel était sur le banc. Linda Sallström, moins en verve que sa saison 2019 (12) avec 1 but au compteur, prenait la place de n°9, l’excellente Evelyne Viens (8 buts), canadienne venue de la NWSL américaine pour une pige de six mois, se trouvait dans les gradins. Son départ est annoncé pour début mars. Autour, sur le côté droit se trouvait Clara Mateo (10 buts), en verve avec des buts de 2e ballon, bien placée dans la surface. Gaetane Thiney (34 ans), plus de 300 matches en D1F, se plaçait en 6.

De son côté, Jean-Luc Vasseur, meilleur coach UEFA 2020, second The Best FIFA 2020, avait mis Sakina Karchaoui et Saki Kumagai sur le banc. Selma Bacha sur le côté et un duo fait de Gunnarsdottir Sara et Amandine Henry tenait le milieu de terrain. Le reste de l’équipe était celui attendu, avec une Delphine Cascarino prête à entrer. A noter pour la petite histoire, l’absence de Janice Cayman, capitaine de la Belgique, et ex-joueuse de Juvisy.

Pour terminer sur la description de l’environnement, on se doit de clore ces quelques lignes en rappelant que Jean-Luc Vasseur a été le coach du Paris Fc masculin (2015-2016). Collaboration qui s’est terminée devant les Prud’hommes.

Le match

En conférence de presse, Sandrine Soubeyrand le dira : « j’aurais pu jouer défensif, j’aime le jeu et je veux que mon équipe joue ». Effectivement, les parisiennes se positionnent très hautes dès les premières secondes. Jouant sur le début, face à une équipe qui doit monter en température pour être insaisissable.

Le PARIS FC sera résumé avec des « Si » quand l’OL passe aux faits.

Peut-être que tout se jouera sur ces 30″. Une mauvaise passe défensive de l’Olympique Lyonnais qui tombe dans les pieds de Linda Sällstrom, l’internationale finlandaire. Sarah Bouhaddi est loin de ses cages. Trente mètres, le but est ouvert. L’attaquante parisienne cherche un angle plus facile. Elle commettra son erreur. Trop tard, l’angle est fermé par une milieue de terrain lyonnaise. Sarah s’est repliée. L’internationale finlandaise, cherchant une tranquilité pour une sécurité, se retrouvera dans l’insécurité. Elle perd la balle. L’histoire est terminée.

Peut-être que le Paris Fc a perdu son match sur cet instant. Un but, et le moral aurait été au top. Une action de perdue, et l’histoire comme les joueuses retrouvent leurs habitudes face à l’OL.

Sur un corner obtenu facilement, toute la défense parisienne se concentre sur Wendy Renard. Les joueuses forment un bloc. Elles sont quasiment toutes devant leur but, pour le défendre. La balle arrive dans leurs pieds. Kaleigh Riehl veut l’envoyer loin de ses cinq mètres cinquante. Un dégagement qui ne part pas. La balle roule vers Dzsenifer Marozsan, seule aux seize mètres cinquante. La capitaine de la Mannschaft, 3 fois meilleure joueuse du championnat ne rate pas l’opportunité. Un tir extérieur qui va au fond des cages (0-1, 7′).

Quatre minutes plus tard, tir contré d’Eugénie Le Sommer. Un ballon qui entre dans la surface faisant faire une course en diagonale de Nikita Parris. L’internationale anglaise montre sa vivacité d’esprit. Sans se retourner, à l’instinct, elle place un plat du pied plein de finesse qui lobe Nnadozie Chiamaka (0-2, 11′).

Dix minutes, deux buts encaissés au débit du Paris FC avec pour seul crédit, une poussée de Gaetane Thiney dans le coin droit de l’OL. Centre qui finit dans les mains de Sarah Bouhaddi (10′). Cela fait mal. La réalité de cette rencontre touche la limite de l’acceptable.

La lie aurait pu être terrible quand à la 19′, sur une balle perdue par Gaetane Thiney, Eugènie le Sommer servant les yeux fermés l’australienne Carpenter qui oblige Nnadozie Chiamaka à une horizontale mal maitrisée. La balle s’échappe de ses mains, offrant les buts grands ouverts à Gunnarsdottir. On attend le but de l’islandaise. Plat du pied puissant. C’était sans compter sur l’envie de la nigérienne de sortir une bonne partie. Elle se relève et bloque le tir lyonnais. Son premier « save » de la soirée.

Paris aura bien une possession dans la partie lyonnaise, sans trouver de profondeur hors une balle donnée par Thiney à Camille Catala (25′). L’ex-internationale française, professeur des écoles, cherche son angle dans la surface. On entend la voix des joueuses parisiennes dans les gradins pour l’encourager. Elle tire. Manque de chance ou constat de la situation. La balle est contrée par son attaquante Linda Sallström.

Il faudra attendre la 34′ pour voir une autre occasion lointaine de Clara Matéo. Là encore, une tentative de lob qui à l’opposé de celui de sa coéquipière sortira extérieur. Trop fort. Une mauvaise maitrise de son émotion, voulant mieux faire que la finlandaise en début de rencontre (30″). Entretemps, Lyon en aura mis un 3e sur une erreur de Sow. La Suissesse perd bêtement la balle,. Le Sommer sert Carpenter. Centre pour Marozsan. Bicyclette ratée. La balle rebondit devant Majri. L’internationale réussit son geste, une belle bicyclette et aggrave le score (0-3, 33′) lyonnais.

Dans cette première mi-temps, je note pour le PFC, une très bonne occasion de Linda Sällstrom (40′) que Sarah Bouhaddi sort dans un rôle de libero, avec un tacle. Très haute sur le terrain et je finis par un tir de la jeune Jean-François Oriane (45′).

D’un côté parisien, des initiatives. Si elles avaient été maitrisées … De l’autre, peu d’occasions mais des faits. Une maitrise totale et 3 buts au tableau d’affichage. Quand je poserais la question à Jean-Luc Vasseur en conférence de presse d’après-match, il répondra : « je ne crois pas qu’on a été chirurgical, on a raté beaucoup d’occasions. » 

L’OL fabrique ces buts avec un process proche de celui du monde chirurgical.

Pour moi, l’OL est chirurgical. Avant il était puissant. Aujourd’hui, tous ses mouvements font partie d’un process. Si certains ratent et rares ceux qui sont ratés en transition, elles savent qu’il en suffit de peu pour gagner. Alors, elles s’appliquent dans toutes leurs transmissions pour qu’elles soient simples, rapides, en mouvements et déterminants vers l’avant. Bien placées ensuite dans la surface, comme des lionnes, elles attendent la balle qui ne manquera pas. Certaines que celles qui sortent, n’empêcheront pas d’en mettre plusieurs dans les cages adverses.

La seconde mi-temps confirmera ce sentiment.

Seule la magnifique tête de Nikita Parris (65′, 0-4), servie comme une déesse du football par Dzsenifer Marozsan en plein mouvement sera contraire. En plein mouvement, proche d’un Kung-Fu au handball.

Wendie Renard terminera cette puissance dans le placement avec une demi-volée du gauche sur une mauvaise sortie de Nnadozie, (0-5, 73′). Pas contre le plaisir de se retourner pour bien montrer que l’arrêt du football est bien loin de son avenir proche.

Le Paris FC aura manqué de joueuses avec de l’allant.

Au Paris FC, les joueuses en verve auront été la gardienne Nnadozie. En faiblesse sur les corners, elle sortira cependant trois nouveaux duels face à Nikita Parris (47′, 55′, 61′). Le milieu de terrain parisien n’aura rien apporté en première mi-temps. J’ai trouvé Jean-François Oriane, encore en apprentissage, loin de l’intensité que l’affiche lyonnaise demande et Coumba Sow, inexistante dans ce premier acte. Très peu de récupération de balles, trop peu, se contentant des déplacements latéraux en situation défensive et d’essayer d’exister un peu plus dans la transition offensive. Je ne sais pas si Gaetane Thiney est bien placée dans ce rôle de six. Elle joue avec trop d’expérience à un poste où la vitesse et l’initiative sont des sources de déstabilisation de l’adversaire.

Face à des lyonnaises qui dans ce domaine de la récupération, montrent que la solution pour dominer un match passe obligatoirement par ce risque physique qui oblige à faire deux rôles : presser défensivement collectivement et agir offensivement.

Sandrine Soubeyrand a trouvé que Clara Mateo « avait fait un bon match, avec les dix premières minutes en dessous de ce qui était attendu ». Je ne la rejoins pas. A mon sens, elle a été présente défensivement et collectivement, individuellement, son apport devrait être plus important si elle veut donner à son équipe le sentiment fort de la révolte que tout jeune adore ressentir pour s’animer, au-delà de ses capacités.

Linda Sallström aura manqué l’idée créative à la 30″.

L’Olympique Lyonnais, chasse le but. Avec certitudes. 

Sur le côté lyonnais, je vois une équipe chirurgicale qui accepte l’erreur et oblige l’adversaire à réaliser une prestation de haut niveau pendant plus de 90′. Je les trouve avec moins de qualités physiques qu’auparavant. Elles ont l’avantage de savoir utiliser très rapidement les erreurs techniques de leurs adversaires, avec un process clair qui les met très rapidement nombreuses dans la surface.

Jean-Luc Vasseur, n’est pas contre de son mano à mano avec le Paris Saint Germain « C’est bien pour le football féminin« . C’est bien aussi pour les lyonnaises, cela active leur concentration. Il a eu un mot important qui montre la performance d’ailleurs du Paris Saint Germain, leader.

Quand je lui ai demandé s’il retrouvait « l’alchimie » qu’il avait l’habitude de préciser quand il était le coach de Créteil (plus rapide champion de National avec lui). Il a réfléchi. Souri aux souvenirs. « Avec Créteil, j’avais des joueurs qui étaient jeunes, jouaient au football. Là, c’est au-dessus, j’ai des championnes ». Au ton de cet ex-pro, le mot avait un sens précis.

William Commegrain Lesfeminines.fr