Sur les vingt-huit minutes de conférence de presse de la sélectionneuse française, il y a assez de matières différentes pour prendre tous les angles possibles. Encore plus quand l’écoute se fait plus tard, lors d’un moment disponible préservé après une longue journée de travail.

Elle le dit sans que, dans sa voix, ne se traduise une quelconque langue de bois. Elle a été satisfaite de son groupe qu’elle a formé à l’Euro 2022, pour une première demi-finale européenne de l’histoire féminine des Bleues.

Être efficace

Son seul souci concerne l’efficacité offensive. Elle le confirme après avoir revu le France-Allemagne (Euro 2022) de la 1/2 finale et surtout le France-Pays Bas des quarts, gagné en prolongation (1-0).

Tout son système défensif est donc stable dans ses choix.

Dans ce cadre, elle cherche des solutions et met en valeur la qualité offensive de Kadidiatou Diani dans ce début de saison avec le Paris Saint Germain (5 buts dont deux en Coupe d’Europe). « Elle est très efficace, c’est peut-être ce qu’on aurait pu lui reprocher dans le passé. On en a discuté ensemble. Elle sait qu’elle doit être beaucoup plus décisive, c’est ce qu’elle fait avec son club, j’espère qu’elle le fera aussi en Equipe de France. » 

Dans la même veine, avec la longue absence de Marie-Antoinette Katoto, les blessures de Clara Mateo et celle de Ouleymata Sarr (toutes les deux du Paris FC), c’est devant qu’elle ouvre la porte à Faustine Robert (Montpellier), Lindsey Thomas (Milan AC) et Laurina Fazer (PSG). Les deux dernières pour une première, la jeune parisienne (capitaine des U20) pensée et voulue par la sélectionneuse comme une 8-10 plus marquée avec elle.

La liste en vidéo.

L’actualité

Bien entendu, l’ensemble des questions ont tourné autour de l’actualité médiatique du football féminin : les deux pieds dans des affaires que cette pratique s’est faite toute seule, comme une grande.

Un peu à l’image de ce qui se passe dans le football masculin, mais avec un manque d’expérience et de compétences bien plus marquées.

Un des moteurs, voire le moteur principal, conjugue l’argent et l’ambition.

À mon sens, le problème vient de la grille de rémunération actuelle du football féminin qui n’a aucun sens économique, les joueuses en France évoluant devant une moyenne de 600 spectateurs, et ouvre la porte au tout possible. Argent disponible, argent facile.

Tout cela crée un déséquilibre que l’ambition a poussé. Si ce n’est pas à l’équipe de France à régler cette question, elle ne pourra s’en dégager qu’à la double condition de justifier économiquement cette grille et en lui donnant une hiérarchie claire, précise, organisée.

Un salaire mensuel de 3.000 ¤ ne fait pas bouger un cil féminin. A 30.000 € mensuel du bout, les appétits deviennent exacerbés.

À mon sens, du côté des spectateurs à aller chercher, il va falloir avoir envie de regarder à nouveau du football féminin, de s’y intéresser, d’y trouver quelque chose, avant d’envisager de passer au monde professionnel si les parties veulent qu’elles arrivent à s’équilibrer.

Sinon, le football féminin français sera toujours aux basques du football masculin avec quelques plus mais surtout pas mal de moins.

A comparer avec d’autres univers, en économie, on parle d’un point limite pour l’impôt. Il s’agit de la courbe d’Arthur Laffer qu’on peut résumer ainsi : « trop d’impôt tue l’impôt. » À un certain seuil, les gens ne veulent plus gagner d’argent. Ils s’écartent du monde libéral ou triche pour faire évader leurs revenus.

Adapté à la situation actuelle, cela pourrait être : « trop d’affaires, tue le football ! ».

Un volume important de personnes s’évade vers d’autres univers.

C’est dommage car s’annonce deux belles rencontres : l’Allemagne, le 7 octobre à Dresde (20h30). La Suède, quatre jours plus tard à Göteborg (18h30).

William Commegrain Lesfeminines.fr

Corinne Diacre : « Il faut qu’on capitalise » (fff.fr)

la conférence en replay

Liste et conférence des Bleues en replay (fff.fr)