Le résultat de la demi-finale aller entre le Fc Barcelone et le Vfl Wolfsburg laisse perplexe.
Un sévère (5-1) de Barcelone sur le Vfl Wolfsburg, revenues au vestiaire avec un (4-0) pris en quarante-cinq minutes ne pouvait que laisser les spécialistes dubitatifs sur la différence entre un club champion d’Europe en 2013 et 2014, triple finaliste en 2016, 2018 et 2020, et le nouveau champion d’Europe de la catégorie, le FC Barcelone, titré en 2021, subissant pourtant la loi de l’OL en 2019 (4-0).
Personne ne s’attendait à un tel résultat dans cette demi-finale de l’édition 2022. On s’interrogeait plus sur la pérennité européenne de la performance barcelonaise, pourtant dominatrice en championnat.
Le Vfl Wolfsburg se devait d’être le bon indicateur. Son adversaire allemand, avait passé un sévère (4-0) à Chelsea à l’AOK stadion en phase de groupe retour, après les avoir dominé à l’aller (1-3) à Kingsmeadow, laissant souffler les coéquipières de Sam Kerr sur un (3-3) final.
Un championnat anglais qui travaille ses livres sterling depuis deux saisons en augmentant son déficit de la balance des paiements avec l’intégration de stars américaines royalement payées, semblait être un indicateur de puissance à prendre en compte pour juger de la force des Louves du Vfl Wolfsburg et donc du niveau des championnes 2022 de la Iberdrola Liga.
D’autant que les mêmes joueuses, leaders de la Bundesliga, avaient mis un carton (6-0) au Bayern de Munich, son second, au début du mois d’avril (3 avril).
Tout cela pose la question : le Barcelone 2022 est-il injouable ?
Un match est un match !
La formule est connue, vérifiée. Encore plus aujourd’hui où, si tout le monde reconnait l’évolution des filles, on la trouve à chaque niveau, avec maintenant des équipes homogènes, capables de perdre sévèrement une semaine pour gagner la semaine suivante.
L’hétérogénéité, donc la différence, se situant entre les niveaux quand dans le passé, une seule équipe dominait tant que même dans ses moments de faiblesse, elle ne trouvait pas d’adversaire pour en profiter. Aujourd’hui, toutes les équipes ont leurs adversaires.
Dans ce cadre, la question qui se pose est donc de savoir si Wolfsburg a fait un non match où si le FC Barcelona a renversé le Vfl Wolfsburg ?
Le premier but d’Aitana Bonmati est une faute de la capitaine Dominique Janssen, mal alignée qui subit le mouvement de la joueuse barcelonaise, sans avoir la capacité de la rattraper en vitesse.
Il est cependant autant dû à la joueuse qu’il est, la qualité de l’entente et de l’intelligence de la barcelonaise avec l’internationale suédoise Fridolina Rölfo. Au coup franc, sachant et comprenant l’appel de sa coéquipière, bien avant que cela ne soit compris par la défenseure centrale adverse, internationale néerlandaise quand même !
Un but marqué à la 3′ (1-0). Un but d’équipe.
Si un match est un match, à l’évidence Barcelone est d’abord une équipe.
Le double contact de Rölfo dans les deux minutes qui suivent (5′), à un souffle d’écrire le second but, montre que les joueuses de Barcelona, si elles ne sont pas serrées, ont la technique pour s’infiltrer et finir individuellement des actions offensives en cours de construction.
On s’inquiète vraiment pour Wolfsburg quand Ana-Maria Crnogorcevic (6′), l’internationale suisse, seule devant la gardienne, sort son tir. Gutierrez, depuis dix mètres, avait vu un espace libre dans le jeu de Wolfsburg et s’était empressée de s’y mettre, espérant le ballon quand son adversaire au marquage, Jill Roord (internationale néerlandaise) encore au même endroit, ne s’inquiétait pas de son déplacement. Le ballon était sur les ailes. Pour elle, pas dans le jeu. Pour la barcelonaise, il allait être dans le jeu.
Je viens seulement de voir six minutes de la partie sur le replay de DAZN. Un but, deux autres actions de but.
La réponse est claire. Si un match est un match, Barcelone est une équipe.
Le FC Barcelone est injouable ?
Je ne sais si Barcelone est injouable, mais le Vfl Wolfsburg va devoir faire une performance incroyable pour jouer au mieux, les prolongations.
Barcelone multiplie les passes. Statistiquement, elles augmentent le risque de perdre le ballon. Sauf qu’elles jouent pour ne jamais perdre la balle. Les passes sont assurées, plats du pied, pour des joueuses toujours en déplacement et en soutien.
Soit, on coupe les passes, et il en y a suffisamment pour qu’elles soient coupées, soit on est plus rapide qu’elles défensivement quand elles se projettent offensivement. Sinon, techniquement, elles sont si certaines d’elles, qu’elles font la différence devant le but.
Une dernière chance ? Elles baissent de niveau et réalisent un déchet technique incompatible avec leur jeu.
Le Vfl Wolfsburg a visiblement rendu les armes. Voyez le tweet du retour du Community Manager du club allemand, sur le tarmac barcelonais du retour. Sans commentaire supplémentaire à faire.
En attendant, avec un tel score devant autant de monde (91.648 spectateurs) pour un nouveau record mondial ! Voilà une performance qui va faire le tour du monde du football féminin, à moins de deux mois de l’Euro 2022. D’ailleurs, sur le peu que j’ai vu, je ne vois pas les néerlandaises passer les quarts de finale, d’autant que leur coach fétiche est passée sélectionneuse de l’Angleterre.
Un argument qui s’entend si on accepte l’idée que la performance des féminines est aussi dépendante du contexte émotionnel. Cela a été évoquée avec la réussite des Pays-Bas à l’Euro 2017 et en finale du Mondial 2019, les passant de la 12e place FIFA à la 2e. Cela peut être argumenté avec le succès du Paris FC en 2022 par rapport à l’année 2021 et aux saisons précédentes. Cela a souvent été dit avec le résultat mitigé des Bleues en compétitions internationales, éliminées en quart à chaque fois, évoquant une rivalité OL-PSG interne ou OL-Juvisy pour les plus anciennes.
Si c’est le cas, le FC Barcelone est sûrement injouable au Camp Nou.
Si l’émotion fait partie des ingrédients du sport féminin, alors le FC Barcelona est injouable au Camp Nou. Le tout devant 91.648 spectateurs, nouveau record mondial de spectateurs pour une rencontre de football féminin. Le précédent datait d’un peu moins d’un mois avec 91.553 spectateurs (30 avril 2022), au Camp Nou, pour un quart de finale de la Coupe du Roi face au Real Madrid.
Les barcelonaises écriront vraiment leur histoire si elles gagnent à Turin.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Bonmati (3′, 1-0), Graham Hansen (10′, 2-0), Hermoso (33′, 3-0), Putellas (38′, 4-0), Roord (73′, 4-1), Putellas (83′, 5-1 pénalty)
Compos
Barcelone : Paños; Torrejón, Paredes, León, Rolfö; Bonmatí (Caldentey 81e), Guijarro, Alexia (Syrstad Engen 89e); Graham Hansen (Ouahabi 90e), Hermoso (Oshoala 73e), Crnogorčević (Pina 74e)
Wolfsburg : Schult; Wedemeyer, Hendrich, Janssen, Rauch; Lattwein, Roord (Blomqvist 76e, Starke 90e+2); Jónsdóttir (Knakk 90e+2), Huth, Popp (Pajor 61e); Wassmuth