FIFA – THE BEST – La publication au féminin, cette semaine, des meilleures gardiennes, coaches et joueuses de la saison 2021, explose la relation diplomatique entre les Jeux Olympiques et la FIFA.
D’habitude, les performances olympiennes donnent le ton des récompenses annuelles. Une forme de logique, quatre ans d’attente, une récompense ; quatre ans pour la suivante. Une formule qui ne peut pas mettre dans l’ombre le gain olympique.
Pourtant en football féminin, l’Or du Canada, l’Argent de la Suède et le Bronze des USA sont totalement passées à la trappe. Un fait qui pose plusieurs interrogations.
Existe-t-il une relation politique avec le sport ?
Dans une période tout se discute et doit s’argumenter, posons d’abord la question : « existe-t-il une relation politique dans le sport ? ». Les réactions politiques serbes du plus haut niveau face à l’expulsion de Novak Djokovic de l’Open d’Australie, en raison des mesures draconiennes prises, en sont une preuve.
Qui touche au sport de très haut niveau touche à un ou plusieurs pays. Pour les plus sceptiques, rappelons la décision japonaise et américaine de ne pas envoyer de délégations diplomatiques aux futurs JO d’Hiver de Pékin à venir (4 au 20 février 2022) clos le débat.
Ceci étant écrit et argumenté même si le sport féminin doit se relativiser en comparaison de la médiatisation du sport masculin, il est à noter que, sur la totalité des candidates aux trois récompenses de meilleure gardienne, meilleure coach et meilleure joueuse, quasiment aucune ne fait partie de la finale des Jeux Olympiques entre le Canada et la Suède, à l’exception de la gardienne parisienne Stéphanie Labbé.
Pour une année sans autre compétition internationale, c’est surprenant.
Les Jeux Olympiques, au plus haut niveau en football féminin
Si pour le football masculin, les JO doivent être relativisés ; les équipes étant faites de joueurs de moins de 23 ans en comparaison de la compétition européenne des clubs où la concurrence commence, au simple fait d’entrer dans la phase de groupe, pour se terminer quelques dix matches plus tard avant d’obtenir le sésame du titre final …. !
- Japon, pays organisateur, descendu à la 13e place FIFA mais vice-championne olympique 2012, championne du monde 2011.
- Brésil, championne AMsud, 7e FIFA
- Chili, vice-champion Am-Sud, 37e FIFA
- USA, champion Amérique du Nord, 1er FIFA
- Canada, vice-champion, 6e FIFA
- Grande-Bretagne, 4e coupe du monde 2019, 8e FIFA
- Suède, 3e coupe du monde 2019, 2e FIFA
- Pays-Bas, finaliste coupe du monde,5e FIFA
- Australie, sur qualification, 11e FIFA
- Chine, sur qualification, 19e FIFA
- Nouvelle-Zélande, champion Océanie, 22e FIFA
- Zambie, qualification CAF, 98e FIFA
Pour le football féminin, il s’agit du contraire. La coupe européenne n’est compétitrice depuis peu qu’au niveau des quarts (huit) voire moins avec certains équipes (Rosengard) quand la compétition olympique sélectionne les douze meilleures équipes mondiales, faite avec les meilleures joueuses de chaque pays, sans limite d’âge ; toutes vice-championne ou championne continentale, comme classées, pour l’Europe, au dernier mondial, dans les trois meilleures équipes européennes.
Equipes européennes qui occupent 60% du Top 10 mondial. Une rigueur qui a laissé à la maison, l’Allemagne (championne olympique en titre), seconde mondiale au moment des JO et la France (3e mondial).
Les stades vides ont vidé le coeur de ses émotions
Ces Jeux Olympiques, dans un monde de virus, ont été nettoyés au karcher pour que le moindre soupçon de Covid ne puisse subsister ! Déjà que les japonais ont pour culture de ne jamais se toucher, là on est passé au stade supérieur. Interdit de se voir quasiment.
L’immensité de l’écran télévisé a montré des gradins vides, désespérant de vie, à la recherche d’un bruit humain, que -même si la TV- a ajouté des bandes sons, donnait le sentiment d’assister à un enterrement plutôt qu’à une fête.
La capacité humaine de réflexion étant bien moins importante que sa capacité émotive, les Jeux nous ont endormi. Le seul réveil était pour chaque nation, la défense de ses couleurs. Cela fait peu, pour être aimé, apprécié, du monde et sur le podium de THe Best 2021.
Si j’étais sportif, cinq ans pour cela (une année de décalage). J’attaque monsieur et madame la Covid et j’obtiens réparation pour mes cinq années d’investissement engloutis dans des pages wikipédia qui ne seront jamais consulté, car déjà oubliées par l’environnement et l’institution football.
Que voit-on comme sélections pour la suprême récompense de la FIFA ?
L’Europe, notre bonne vieille Europe et ses compétitions. Pour le football féminin, la Women Champion’s League. Et pour les autres, au placard !
Les JO, ce sont « La crème de la crème », si on doit qualifier cela en trois mots. Et pourtant aucune joueuse sur le podium, à l’exception de Stéphanie Labbé, si on prend les trois équipes médaillées : Canada, Suède, Etats-Unis.
Cela fait peu. D’autant que les équipes ne sont pas inconnues : Etats-Unis, 1ère mondiale, double championne du monde. Suède, Argent à Rio en 2016, 3e du mondial 2019, Argent à Tokyo. Canada, bronze en 2012 à Londres, bronze en 2016 à Rio, Or en 2020 à Tokyo.
Et on prend de l’Espagnol, pas qualifiés. 10e mondial. Du Chili, 37e mondial. Du Royaume-Uni, éliminée etc … Toutes par contre, en pleine lumière de la compétition européenne de l’UEFA. la Women Champion’s League, pas très connue par ailleurs, moins que les JO. Le pendant de la Ligue des Champions masculines.
meilleure joueuse : Jennifer Hermoso et Alexia Putellas, championne d’Europe avec Barcelone (4-0) pour la première fois, joueuses espagnoles non-qualifiées pour les JO. Samantha Kerr, finaliste de la compétition européenne avec Chelsea (perdue 0-4) et éliminée en demie des JO avec l’Australie.
Aucune joueuse de la finale olympique alors que la Suède est passée deuxième mondiale, détrônant l’Allemagne, quasiment propriétaire de la place depuis vingt ans derrière les USA. Une finale perdue aux tirs au but avec la possibilité de l’emporter au cinquième si sa capitaine Caroline Seger n’avait pas sorti son tir face à l’intox de la gardienne, Stéphanie Labbé, alors toutes deux, joueuses de Rosengard.
meilleure coache : Lluis Cortes pour le FC Barcelone, champion d’Europe. Emma Hayes, pour Chelsea, finaliste de la WCL, Sarina Wiegman, coach des Pays-Bas, éliminée en 1/4 de finale par les USA sur la séance des tirs au but.
Aucune coach de la finale olympique alors que la performance de Bev Prietsman a été extraordinaire. Nommée en novembre 2020 suite au départ de Keiner Heiner-Moller, habituelle adjointe des équipes nationales (Nouvelle-Zélande, Canada), juste avant de l’équipe d’Angleterre ; elle a su emmener un groupe pour le titre olympique.
Totalement inattendu, la Canada fleurtant entre la 8e et 10e place mondiale. Et en plus, en faisant l’exploit de changer la couleur des médailles après le bronze en 2012 et 2016, pour l’Or en 2020. Une performance rare, obligeant les canadiennes à éliminer sa rivale américaine, première mondiale. Un exploit qui a attendu son heure de gloire : une vingtaine d’années !
meilleure gardienne : Ann-Katrin Berger (Chelsea), gardienne de l’Allemagne non-qualifiée pour Tokyo, Cristiane Endler, capitaine du Chili éliminée en phase de groupe aux JO et joueuse du PSG en 2021, demi-finaliste de la compétition européenne et enfin, la seule des vingt deux joueuses de la finale olympique, et des vingt quatre acteurs avec les deux coachs, Stéphanie Labbé, la gardienne canadienne, championne olympique.
Dans cette finale olympique entre le Canada et la Suède, il y avait des histoire à retenir. La performance candienne, du bronze vers l’Or. D’avoir battu son voisin américain. Pour la Suède, deux fois l’Argent (2016 et 2020). Il y avait du lourd dans une compétition qui s’est jouée aux détails entre les meilleures nations de chaque continent.
Au final, rien dans les récompenses.
Soit les récompenses sont politiques, soit les récompenses sont médiatiques, soit la Covid a éteint les Jeux Olympiques, soit un peu de tout cela.
En attendant, les JO 2020 ont vraiment été de qualité avec une finale historique aux tirs au but (1-1, 6 tirs aux buts et seulement 3-2 au final) et une place sur le podium entre l’Australie et les USA qui s’est terminée sur un (4-3) américain.
Sans nul doute, vous en faîtes bien trop avec le Barça !
William Commegrain Lesfeminines.fr