Il y a longtemps que la trentenaire lyonnaise était suivie par les défenses adverses et les médias. Sur le site fff, elle se confie en précisant « que dès le 60e, on lui en parlait déjà ! ».
Entrée en Equipe de France le 12 février 2009 contre la République d’Irlande, c’est lors du second match qu’elle tombe dans l’addiction des buteuses, au soleil Chypriote, face à l’Ecosse. Elle marque le second après Delphine Blanc, elle aussi nouvelle au plus niveau international (7).
Un début qui lui reste en mémoire plus de dix ans plus tard. Une Marseillaise et, sur le site de la fff « ce rêve qui se réalise en marquant. Bien qu’intérieurement j’étais heureuse, sur le terrain, je n’ai pas réellement exprimé ma joie. C’était à la fois par pudeur et parce que j’arrivais dans un groupe où j’étais la plus jeune. Je ne me voyais pas m’enflammer pour mon premier but ! Les filles m’ont toutes félicitée, elles étaient contentes pour moi. C’est un souvenir qui ne s’oublie pas. »
Il suffit de peu pour plonger avec bonheur dans une addiction de buts. L’ordre et les conventions comme environnement émotionnel, sortir du lot et marquer pour aider l’équipe qui en est reconnaissante. Être quelqu’un d’important dans son sport et sa pratique. Voilà le buteur, la buteuse, proche du commercial qui connaît les honneurs du chiffre d’affaires et de son importance.
Onze ans plus tard, elle tape le record des buts en Equipe de France détenue, non pas par un homme (Thierry Henri, 51 buts pour 123 sélections) mais par une femme, Marinette Pichon, avant-centre, avec 81 buts pour 112 sélections (1994-2007).
Trois matches sans marquer, elle était à 80 buts avant la période du Covid-19 ; attendue face à la Serbie (0-2) Vendredi dernier, elle était sortie tête baissée, un peu énervée de ne pas avoir apporté à l’Equipe de France ce qu’elle pouvait faire, descendue d’un cran dans le jeu, en milieu relayeur ou dix.
Ce qui aurait pu être une tension s’est libérée tout seul. Un coup franc travaillé à l’entraînement qui va chercher le second poteau, sans être touché par quiconque fera le 81e et le pénalty qui suivra sera le nouveau record, 82.
Dans un match qui se terminera à (0-7), la capitaine de l’Equipe de France en l’absence d’Amandine Henry aurait pu imposer un 83e mais à 31 ans, elle a appris à partager et relativiser. Le deuxième pénalty de la rencontre sera tirée par Viviane Asseyi.
Voilà la nouvelle marque de celle que j’avais identifié comme une « Calamity Jane » du football féminin, tellement elle tirait plus vite que son ombre après son but extraordinaire de vivacité face à la Nouvelle-Zélande en 2014 (2-1).
Mariée depuis peu (2020), descendue dans le jeu en Equipe de France, discutée un peu plus par la coach, autonome quand elle s’associe et comprend la position de Sarah Bouhaddi ; la joueuse reste sur cinq amours forts : le football, les Bleues, la Bretagne, l’OL et sa famille.
Quasiment la plus jeune d’une famille de huit enfants, une ribambelle de nièces accompagne toutes les levées de Coupe de l’OL. En attendant qu’elle se crée sa propre famille.
Elle ira chercher d’autres records, plus communs mais pas si facile : ceux de la Vie. En attendant, elle ne manquera pas de pousser celui du meilleur buteur en Equipe de France le plus loin possible.
Visiblement, et le monde du football mondial le sait, elle est addict aux buts.
William Commegrain Lesfeminines.fr