Elise Bussaglia disait au journal Télérama, à quelques jours de l’ouverture de sa 3e Coupe du Monde (2011, 2015, 2019), lire des livres psychologiques sur le développement personnel ainsi que la traduction espagnole du dernier Paulo Coelho pour entretenir la langue de Cervantes, alors qu’elle venait de quitter le FC Barcelone.
Elise Bussaglia est une fille têtue qui est une tête ou une tête têtue.
Elise Bussaglia est une tête. Elle aime développer autant son esprit que son corps. C’est d’ailleurs le signe des joueuses d’avant la professionnalisation. Celui de ces joueuses qui se donnaient incroyablement dans leur sport, en ayant les yeux bien arrêtés sur leur avenir. Elle, cela sera, dans un premier temps, sa titularisation comme professeur des Ecoles, comme Camille Catala, la joueuse du Paris FC (ex-Juvisy) mais peut-être que pas que …
Elise, la fusée Ariane des Bleues
Sur le plan de l’histoire des Bleues, elle a été la pointure qui d’une superbe lucarne, donnera aux Bleues de 2011, l’égalisation en toute fin de rencontre face à l’Angleterre et une qualification aux tirs au but lançant l’histoire des Bleues quand l’Afrique du Sud et Knysna de 2010 enverra les hommes dans le « dark » des égos et conflits. Un but plutôt rare qui vaut son pesant d’Or sur la trentaine marquée durant ses 17 ans en Bleue.
Elle termine cette Histoire avec une Coupe du Monde 2019 (1/4) où elle s’est attachée à suivre les plans de Corinne Diacre, en six et huit. Pourvoyeuses des bases du jeu français. Jouer sur les côtés quand on voyait Gaetane Thiney, s’abandonner comme milieu offensif, en allées et retours latéraux, sachant très bien qu’elle n’aurait pas le ballon. La consigne était sur les côtés. Elise Bussaglia est une joueuse qui sait appliquer les consignes.
Dans la rubrique têtue, si vous cherchez un petit peu dans les photos concernant Elise. Vous la verrez loin du groupe de l’EDF dans la préparation de l’Euro 2013, ayant bien placé ses affaires à distance. Quasiment ce qui va se faire maintenant avec le Covid-19 mais bien plus quand le caractère de la joueuse s’y met. Je crois que Bruno Bini s’en souvient encore … Il faudrait lui demander.
Le diesel sedannais, calme et tranquille.
Au milieu, il y a 192 matches faits d’investissements et d’humilité. Je me souviens de sa 100e sélection au stade de la Source d’Orléans contre la Roumanie en préparation des JO de Londres (4 juillet). Bruno Bini l’avait mise à l’honneur en la choisissant pour répondre à la Presse. J’avais été impressionnée par sa première mi-temps. Elle m’avait répondu qu’elle était plutôt un diesel qui montait en puissance dans le jeu. Loin de la lumière.
Ce n’est pas une joueuse qui cherche la lumière. Ne la cherchez pas sur les réseaux sociaux, elle n’y est pas. Il faut chercher les interviews qu’elle a pu donner. Lorsqu’elle était à Wolfsburg, elle avait eu l’amabilité de répondre souvent à notre correspondant Gerd Weidemann.
Elle a commencé l’aventure des Bleues en 2003. En 2012, quand le football féminin est sortie de son ornière, elle avait 100 sélections. En 2020, elle a terminé à 192 sélections. A six matches du record de Sandrine Soubeyrand (198). D’autres y seraient allées. Ce n’est pas dans sa recherche. Elle fait partie de cette génération qui a joué au foot d’abord en tant que sport, avant de le faire comme un métier.
L’aventurière Bussaglia
On aurait pu la penser casanière, elle est aventurière. Une aventurière humble qui ne veut pas dire sans exigence. C’est la seule et la première joueuse française à avoir fait autant de clubs en France comme à l’étranger. Saint-Memmie avec Gaetane Thiney et Marinette Pichon (2000-2002) pour un démarrage à 15 ans en D1F. La formation à Clairefontaine (2002-2004) puis le premier club leader avec le FCF Juvisy (2004-2007).
Ensuite, il n’y aura que des clubs du Top de chaque championnat. Montpellier (2007-2009), PSG (2009-2012), Olympique Lyonnais (2012-2015), VFL Wolfsburg (2015-2017), FC Barcelona (2017-2018) pour finir en France dans un club montant avec le DFCO Dijon (2018-2020) qui lui a permis de conserver sa place en EDF dans une liste de 23 serrée.
Cela donne quatre titres de Championne de France, quatre Coupes de France, un championnat allemand (2017), une coupe d’Allemagne (2016), une coupe d’Espagne avec le FC Barcelone (2018).
Les émotions du football
La plupart des joueuses de sa génération fixe leur plus grande émotion à cette victoire en Allemagne contre l’Angleterre (2011). Un quart de finale qui les mènera en 1/2 d’un Mondial à 16, suivi d’une autre aux JO de Londres (2012). Ce qui s’avérera être les meilleures performances des Bleues, bloquées depuis au stade des 1/4 (2013, 2015, 2016, 2017, 2019).
La plus grande déception en Bleue sera certainement la 1/2 Olympique de 2012 perdue contre le Canada à la 91′ (1-0) et sur le plan du club, son tir au but sous les couleurs de Wolfsburg en 2016 face à l’Ol pour cette finale européenne. Dernière joueuse à poser le ballon dans cette série de cinq face à Sarah Bouhaddi et un plat du pied qui va extérieur de son coeur, larmes séchées par la gardienne lyonnaise pour un titre européen qu’elle n’a jamais pu accrocher.
Pour une sportive de haut niveau, quand une chose s’échappe trop souvent. Cela crée un manque.
Future coach ?
Un manque qu’elle va travailler à compenser. Elle fait partie de la création par Elisabeth Loisel d’une formation ciblée « certificat d’entraîneur de football féminin » qui lui donnera l’UC1 du BEPF. Un premier pas qui pourrait se transformer. Cette joueuse a le background et le profil pour être une coach de football.
D’autant que le football paie correctement maintenant, notamment au niveau où elle peut postuler. Plus que le poste de Professeur des Ecoles, c’est certain. Avec son expérience internationale dans le football féminin, cela serait une bonne candidature pour un club qui cherche le Top mondial.
William Commegrain Lesfeminines.fr