Le football français suit son cours. Après les vidéos, tweets des sportifs et sportives professionnelles qui veulent rester en contact avec les médias, se pose toujours la question du devenir du sport spectacle dans un tel environnement ? Il est fait de public, et en ce moment, la foule est le problème.

Les recettes se raréfient et s’interrogent

Les diffuseurs vont-ils accepter de payer des droits pour un contenu qui n’existe pas ? Les clubs vont-ils pouvoir équilibrer des comptes avec des recettes qui descendent à vue d’oeil (merchandising, billetterie, Hospitality, etc…) quand bien même l’Etat promet des interventions par l’activité partielle (4,5 fois le SMIC) ; bien loin des salaires professionnels.

Les clubs de L1 ont demandé le bénéfice de cette couverture d’Etat pour les entreprises en difficulté. Montpellier, Amiens, l’Olympique Lyonnais. Ils utiliseront certainement la garantie bancaire de l’Etat fixé à un plafond gigantesque (300 milliards) ; mais le prêt de trésorerie demande remboursement. Charge qui peut devenir impossible à assumer en cas de baisse conséquente de chiffre d’affaires.

Les salaires vont descendre

Dans une situation de déséquilibre; il faut rééquilibrer les dépenses. Cela passe par une réduction des salaires compte tenu que le salaire des sportifs n’a pas de réalité économique (dû à un coût) comme pour une entreprise, mais est fixé par une valeur d’échange, en hausse dans une situation de croissance ; en baisse dans le cas contraire.

Les joueurs de Mönchengladbach (4e de Bundesliga) l’ont accepté pour le mois de mars. Neuf joueur du FC Sion (Suisse) l’ont refusé et se sont trouvés licenciés. La proposition était de baisser de 20% les salaires de tous les joueurs et instauré un plafond à 12 500 CHF (11.860 €)

L’addiction financière au sport sera-t-elle la même ? 

Pour le futur, l’économie va-t-elle reprendre et les prix pratiqués dans le domaine sportif trouveront-ils preneurs ? Un maillot vaudra-t-il toujours 120 € ou deviendra-t-il trop cher ? Les promotions vont devenir légions.

Si cela dure trop longtemps et sans solution médicale, les habitudes de consommation des gens vont-ils continuer à se porter sur le sport spectacle -siège potentiel des contaminations- ou aller ailleurs – consommation SOLO- et faire d’autres arbitrages (concert de musique sur facebook) ?

Le football a été cigale

Le football, en général, est plus concerné que d’autres sports. Il a bénéficié d’une manne extraordinaire. Son erreur aura été de ne pas avoir fait de réserves. Recette aussitôt entrée, aussitôt dépensée. Des dépenses qui s’envolent dès que les recettes décollent ! A croire qu’il fallait impérativement que les unes soient à hauteur des autres.

Le marché est la réponse à ce que peut être la situation. Le système est clair. Il a aussi une vérité. Il peut monter aussi haut qu’il peut dégringoler. C’est son essence même. Les banques en 2008 ont vécu la même chose. On a vu ce que cela a fait. Le cataclysme quand Lehmann Brothers a déposé le bilan.

Impensable et impossible. Mais pourtant réel. Engagé dans des contrats qui en engageaient d’autres, qui en engageaient d’autres. Personne ne pouvait arrêter cette machine infernale. Les milliards se sont envolés au four crématoire du monde libéral. Des gens sont morts sur cette idée. D’où l’idée d’imposer des régulateurs.

La régulation sera obligatoire.

Si avenir dans le sport spectacle, il y a. Le football reviendra quand bien même le système explosera. L’avenir dictera des salaires bien plus raisonnables et l’obligation, non pas d’équilibrer, mais d’avoir des réserves.

Si avenir il y a. Les diffuseurs peuvent goûter à d’autres histoires. D’autres audiences. La consommation écran s’est multipliée par combien en ces temps ? Les annonceurs iront là où lesgens sont et ils risquent d’être dans des consommations SOLO si ce confinement mondial dure si longtemps qu’il s’imprègne dans la mémoire émotive de chacun.

La musique est un bon concurrent. Le cinéma. La connaissance ? D’Autres choses voulues par d’autres personnes.

Souvent en cas de problèmes, on se tourne vers l’Etat. « L’Etat ne peut pas tout ». La phrase est de Lionel Jospin, alors que l’Etat français était, pour une des très rares fois, en excédent budgétaire.

Il pourrait revenir à sa mission première. Le sport, un simple univers d’intérêt général. Est-ce un risque économique ? De salaire, oui. Mais pour le reste ?

William Commegrain Lesfeminines.fr

Photo : les chariots de feu. Deux athlètes, opposés, s’affrontent dans une cour de Collège anglais. Tout les opposent. Ils veulent savoir qui est le plus rapide. Simplement cela et c’est juste énorme pour eux. Le sport.