Géopolis présente un travail remarquable de 4 photographes et 4 journalistes sur le football féminin comme levier d’émancipation.
Je ne sais pas si je devrais écrire « mention football féminin » dans une période où la stratégie acceptable n’est que d’écrire football ! Pourquoi cela serait « accepté-acceptable » quand on évoque sur le plan social le football féminin différent du football masculin ? Et interdit quand on l’intègre à des notions de performance et de sport de haut niveau …
Pourtant, cette jeune fille qui maitrise son ballon d’un saut aérien, explosant du bonheur de le réussir ; le sourire aurait été le même si le photographe avait attrapé un jeune homme.
Sauf que dans un passé récent, la photo s’occupait plus des garçons avec un ballon. En 2004, l’agence Magnum publiait chez Phaidon un livre sur le football. Il s’agissait d’une compilation de photographies concernant le ballon rond prises par des cadors du Leica tels qu’Henri Cartier-Bresson, Josef Koudelka, Martin Parr et bien d’autres. L’image était traditionnelle. Un garçon jouait avec son père.
Les photos sportives liées au football sont innombrables.
Celles qui associent la touche sociale le sont moins. A l’opposé des joueurs ou joueuses, prises dans leur effort et dans la pratique, la photo sociale propose d’abord de regarder « où nous sommes ? » pour nous faire ressentir la simple expression du sport, et la possibilité à travers peu de choses, d’avoir autant de bonheur qu’une star marquant un but ou réussissant un tacle comme une passe décisive.
La photo sociale a ceci d’extraordinaire. Elle nous montre que la voie du bonheur n’est pas si loin. Voire proche. Affaire de sensibilité et de regards. S’occuper plus de soi que du regard des autres.
N’associer le sociétal qu’au football, c’est encore vouloir lui donner une force divine excessive. Cela pourrait être un solo de guitare, des drums, ou tout simplement une oeuvre d’artiste peignant une porte de maison délabrée, pour la rendre différente et y marquer de sa personnalité.
A l’inverse, l’ignorer, c’est oublier que le football existe au quotidien dans la pratique, bien plus, que pour onze et onze stars sous les sunlights des télévisions et réseaux sociaux.
Dans ces photos, magnifiques, du Collectif Huma de Bruxelles, il y a beaucoup de poésies et de vérités. Tout ce qui donne un sens au photojournalisme. C’est un travail d’une année autour du projet « What the foot », exclusivement porté sur le football féminin.
Les filles y jouent, sans surprise, mais en même temps plus rarement. C’est juste détonnant de le mettre aussi bien en valeur.
Un peu dans la veine de l’aventure vécue par Melina Boettie et Candice Prévost en France « Little Miss Soccer » qui les a fait traverser le Monde, avec un financement institutionnel complété par du financement participatif, pour caméra aux poings, émotions aux coeurs, trouver des âmes soeurs à l’autre bout du Monde. Le sentiment qu’elles donnent après ce voyage, c’est d’avoir découvert que l’humanité de l’humain dépasse les valeurs financières de la société.
Cette exposition nous donne la même émotion.
A retrouver à Bruxelles, « What the Foot ? ! » par le collectif Huma Photographie Où Géopolis, 58-60, rue des Tanneurs, 1000 Bruxelles. www.geopolis.brussels Quand ? Du 20 février au 15 mars, du mardi au vendredi de 12h à 18h et du samedi au dimanche de 12h à 16h.
William Commegrain Lesfeminines.fr