ce n’est plus « tu joues où ? » mais « est-ce que tu joues au plus haut niveau dans ton club ? »
Aujourd’hui, pour les coaches, le problème des jeunes n’est plus de savoir où elles jouent puisque le niveau d’entraînement est devenu assez homogène dans la D1 comme dans la D2F. D’ailleurs, on ne voit plus la prépondérance de l’Olympique Lyonnais ou du Paris Saint Germain dans les sélections de jeunes.
Le critère est celui de la titularisation au plus haut niveau.
Dans ce cadre, on pourrait avoir une EDF U20 qui aurait le profil suivant : Chavas – Dechilly, De Almeida, Lakrar, Bacha – Fercocq, Daoudi, Zamanian, Gavoury, Baltimore – Katoto. Avec Daoudi ou Zamanian qui serait discutée par Thibaut et Laurent et Malard qui s’infiltreraient dans un 4-3-3 très offensif.
Ce pourrait être le cas puisque Gilles Eyquem ne cachait pas qu’il voulait frapper fort d’entrée pour ne pas connaître les enjeux d’un troisième match contre les Pays-Bas, à l’image de 2016 où les Bleuettes avaient fait deux matches nuls en phase de groupe.
Détails :
Marie-Antoinette Katoto vient avec le meilleur background puisque seconde du championnat de France avec le PSG, 21 matches à son actif pour 21 buts de marqués. Un brassard de capitaine. Indiscutée et indiscutable. L’esprit totalement tournée vers le titre comme pourrait l’avoir Kylian M’Bappé, même âge, même club, même talent ?
Mylène Chavas, à l’opposé du terrain, gardienne de Saint-Etienne, a le même nombre de matches à son actif. Le sens aiguisé de la compétition avec une seconde place en championnat, même si elle est au niveau inférieur (D2F). Et surtout, une habituée de la performance de l’Equipe de France (Euro 2016, Mondial 2016, Euro 2017). A un poste où les deux et trois savent qu’elles sont là, d’abord pour suppléer, Camille Pecharman (Paris FC) et Justine Lerond (FC Metz) seront les partenaires d’entraînement de la Grande Chavas.
La défense doit justifier de sa sérénité.
Selma Bacha (17 ans), devenu titulaire à Lyon dans la seconde partie de saison, championne de France et d’Europe présente des garanties de haut niveau. Elisa De Almeida, 17 matches avec le Paris FC (4e du championnat) sur la droite de la défense, sera plutôt défenseure centrale dans cette équipe. Laissant Pauline Dechilly, sur la droite, forte de ses 17 matches titulaire au FC Metz (D2F). Maelle Lakrar (18 ans), dans un style qui s’apparente à celui de Raphaël Varanne, pourrait fermer la défense, forte de ses 18 matches avec l’Olympique de Marseille qui lui ont demandé beaucoup d’investissement (12e et dernier de la D1F).
Julie Piga, après quatre années de formation à l’OL, vient à Clairefontaine avec 20 matches en D2F sous les couleurs du Grenoble 38 (4e D2). Léna Goetsch (FC Vendenheim, 7e D2), serait plus en retrait avec seulement 13 matches à son actif.
Voilà une défense qui a appris à aligner les matches, quelque soit leur niveau, de dimanche en dimanche. Une expérience essentielle à cet âge. Il faut juste qu’elle le montre bien plus lors des matches de compétition en U20.
Un milieu qui devra hausser le ton pour performer durant les six matches de la compétition.
Julie Thibaut, 19 matches avec les Girondins de Bordeaux (D1), pourrait se glisser dans un milieu où Sana Daoudi, championne d’Espagne, n’a pas trouvé de temps de jeu avec l’Atletico de Madrid malgré son prêt de janvier 2018. L’ex-joueuse du PSG, dans un style N’golo kante, devra certainement confirmer pour s’imposer lors du prochain regroupement. Annahita Zamanian (Fc Goteborg), a pour elle de jouer un autre football même si ses titularisations sont peu nombreuses en championnat (5). La nouveauté ayant un temps, elle devra, elle aussi, s’imposer dans le jeu.
Ce qui n’est pas le Christy Gavory (19 matches) titulaire avec le Fc Metz en D2F et championne de France, finaliste malheureuse de l’Euro 2017. Quant à Hélène Fercocq, titulaire avec le Stade de Reims et nouvelle joueuse du FC Metz, voilà deux joueuses qui savent gérer les émotions d’une compétition de haut niveau, habituées du management de Gilles Eyquem en ayant été finalistes de l’Euro 2017. Carla Polito (18 ans) ne dénote pas dans cet ensemble avec ses 16 matches sous les couleurs d’Arras (D2F).
Un milieu qui doit trouver un esprit commun pour jouer sur une homogénéité, source de lancement de la vitesse des attaquantes françaises, bien au-dessus -avec les américaines- du niveau des U20 dans cette compétition
Une attaque de feu qu’il faudra savoir allumer.
Il y a des habitués du barbecue qui peuvent vous faire démarrer un feu même après une ondée matinale et il y a ceux et celles qui ont besoin du plus grand des soleils pour que les grillades chantent en été. Les bleuettes devront être dans la première de ces deux catégories avec une attaque qui pourrait démarrer à la première brindille mais qui ne prendra qu’avec un foyer bien organisé et durable.
Marie-Antoinette Katoto, 21 matches en D1F, 21 buts. Meilleure jeune 2018. Buteuse décisive face à l’OL en finale de la Coupe de France. Sa place dans le bus et sur le terrain sont réservées. Elle sera attendue à l’évidence. Ses performances face à l’OL et le PFC montrent qu’elle sait être présente dans les grandes occasions. Elle a un temps d’avance dans la lecture de la balle qui lui donne l’anticipation pour marquer le but, souvent face au cadre.
Emelyne Laurent, formée à Montpellier, brillante lors de sa première saison avec les Girondins de Bordeaux, est partie sous les couleurs lyonnaises sans trouver de temps de jeu suffisant (2 matches). C’est la seule réserve de cette joueuse qui va très vite « balle au pied », excellente en duel avec la gardienne.
Melvine Malard, avec très peu de temps de jeu depuis trois saisons qu’elle est à l’OL, montre ses qualités de vitesse mais pourrait avoir le défaut d’un manque d’expérience dans les moments forts d’une compétition à six matches consécutifs pour le titre. Une situation que très peu de U20 peuvent tenir physiquement et mentalement.
Ce qui ouvre des portes à Sandy Baltimore (PSG), au dribble court, explosive sur le côté gauche avec le PSG à la suite de ses 9 matches continus dans cette fin de saison. La surprise pourrait venir d’Amélie Delabre (FC Metz) comme tout autant de Marion Rey (Fc Bâle), convoquée lors des derniers rassemblements et sur la liste définitive.
Le Mondial en France après l’exploit des Bleus en Russie.
Un mondial en France, c’était déjà un honneur initial. Après le parcours des Bleus en Russie qui place la barre très haute, on est dans la motivation explosive. Si on rajoute que les U20 allemandes ont été championne du monde de leur catégorie d’âge au Canada avec la Mannschaft de Joachim Low qui remportait le titre suprême au Brésil en 2014.
N’en jetez plus, la cour est pleine.
Les jeunes sont sensibles à l’environnement. Une cocotte-minute d’émotions. Un jour dans le plus, un autre dans le moins. Le vivant de l’intérieur pour la plupart, s’extériorisant pour quelques unes.
Une nouvel environnement à gérer pour Gilles Eyquem qui ne manquait pas de nous dire que nombre de choses avaient changé en comparaison de l’aventure de 2016 qui les avaient envoyé en Papouasie !
Aujourd’hui, l’aventure est en Bretagne, pour un titre.
William Commegrain lesfeminines.fr