Florence Guillemin, en finale de la Coupe de France, refuse dans les dernières secondes de jeu, le but égalisateur de l’Olympique Lyonnais. Retour sur cette vérité pour la comprendre.

L’arbitre est le rôle auxquels le droit et l’identité imposent le costume de la perfection. Né.e ou construit.e pour cela. l’arbitre, constamment juge, est dans le football, -paradoxe- celui qui sera le plus jugé.

Particulièrement dans les matches à enjeux. Les partisans des uns interprétant dans un sens, quand les autres, le ressentent de manière totalement opposés.

Et là, l’arbitre juste, devient injuste. Un mot fort qui, devient source d’autres, bien plus forts. A-moraux. « Vol », « triche », « complaisance », « magouille », etc.. Dur, dur et pourtant pour ceux qui les envoient, simplement durs comme la vérité. Factuelle ou ressentie.

Puis le temps passe, l’actualité impose d’autres émotions. Mais pour autant, la blessure reste. Pour ceux qui l’ont subi. C’est le principe des blessures et de leurs forces. Elles restent avec le  temps.

Comment Florence Guillemin peut refuser le but égalisateur valable aux lyonnaises à dix secondes de la fin d’un match éprouvant, commencé à 21 heures pour se terminer après minuit ?

A 30 secondes de la fin d’un match épuisant émotionnellement, avec spectateurs, téléspectateurs, télévisions, Mandarins du football autour, une météo qu’on rencontre dans les Tropiques alors que nous sommes à Strasbourg, l’arbitre va prendre la mauvaise décision.

Florence Guillemin. Photo Richard Mouillaud. Les progrès.

Florence Guillemin. Photo Richard Mouillaud. Le Progrès.

1°) La fatigue. Florence Guillemin, à 23h45, était fatiguée. La machine humaine n’est pas un ordinateur où tout fonctionne de la même fonction et s’arrête brutalement quand un élément disjoncte. La machine humaine continue même si les éléments qui la compose commence à devenir défaillants. Le cerveau compense. Il éteint une partie pour compenser par une autre.

Plus que les joueuses, entraînées au quotidien pour pratiquer le sport de haut niveau. Elle, professeur d’anglais dans le civil, habituée à gérer les attitudes et comportements de jeunes, dans une salle de 35 élèves, sans souci de météo et d’une trop grande variétés de controverses.

Et des controverses variées et variables, il y en a eu dans cette finale de la Coupe de France 2018.

La bonne décision à la 58′, en accord avec les textes.

Pourtant, Florence Guillemin est très bien dans cette première partie de finale. Même quand la pluie commence à tomber drue en Alsace. Cette erreur que la vidéo confirmera n’est, à l’évidence, pas un problème de compétence, quand à la 58′, Florence Guillemin, arbitre de football féminin depuis 21 ans, élue pour la seconde fois meilleur arbitre de D1F, promue par l’UEFA dans le groupe Elite, prend la bonne décision d’arrêter la rencontre.

Déjà quatre jours que la France regarde le Bon Dieu appuyer et éteindre sur le bouton « On-OFF » de l’énergie naturelle qui faisait trembler nos ancêtres, et glace toujours le sang des humains qui l’entendent. Florence Guillemin est comme chacun. Elle regarde l’actualité, ressent l’actualité. L’imagine. En est sensible.

Des trombes d’eau s’abattent sur La Meinau et les éclairs semblent chercher dans le ciel, les malheureux para-tonnerres qui pourraient être défaillants. Elle renvoie tout le monde aux vestiaires.

Sa décision est même un exemple pédagogique de bonne décision d’arbitre. Qui pourrait ou devrait faire partie d’un module d’enseignement pour le corps arbitral. Décision sereine, efficace, consensuelle. Propre comme un sou neuf. Bien dans la déontologie sportive de protéger les joueuses. Alors Florence Guillemin est guillerette quand elle arrête le match. Voilà une bonne décision d’arbitre, digne de la promotion UEFA qu’elle a reçue.

Les premiers facteurs de l’influence. Là, positifs.

Sauf qu’elle va buter contre les réalités du football.

Comme lorsqu’elle est inspectée par l’Education Nationale dans son métier. Demandant un cadre formel et formaliste peu adaptée au quotidien, et pourtant à respecter. « Il n’y a pas de date pour rejouer la finale ». C’est formel et formaliste. C’est surtout vrai. Ce que Reynald Pedros confirmera sur le site officiel de l’OL.

Contrainte peu ou pas adaptée à la situation. Mais c’est ainsi. D’autant plus que l’Assemblée Générale de la FFF se tient à Strasbourg, Samedi et que dans les tribunes se trouvent les Apôtres du football comme ses Dieux.

Il faut reprendre.

Dans le froid d’un vestiaire de stade, la voilà confrontée à une obligation. Il faut « reprendre ».

Là, cela bouge du côté de l’Olympique Lyonnais. Connaisseurs de la règle, initialement content de rejouer dans 48 heures alors qu’à l’évidence, les lyonnaises n’y sont pas ; d’autant que la partie serait recommencée .. à zéro alors que les fenottes sont menées (1-0) depuis la 17′.

« Reprendre » ? Pourtant les conditions sont les mêmes. Avec les trombes d’eau descendues du ciel, le terrain est même limite impraticable. Quoi que, le football en a vu de pire. Mais là, au prisme du regard de l’arbitre, cela pourrait être impraticable. C’est ce que pensent et disent tous les journalistes TV.

Sauf, que cela ne peut pas l’être ainsi. Elle va donc, intérieurement, se déjuger. Alors qu’elle a arrêté pour des raisons raisonnables, la voilà qui doit faire quelque chose de déraisonnable. Cela la perdra tout le reste du match.

Une décision sous influence. Influence de l’institution. Du cadre, plus forte que le règlement.

Ce sera le deuxième facteur d’influence qui va bousculer son rôle d’arbitre, protecteur et défenseur de la règle. Cela va même « l’agresser. »

Agression, un terme fort pour des mots. 

C’est ainsi que je l’ai interprété. En l’entendant répondre à Jean-Michel Aulas et Reynald Pédros. « Ne m’agressez pas ! ». Alors que rien ne justifiait de tels mots. Ils étaient justes en train d’argumenter. Avec force mais sans agression. Elle ne faisait que « lâcher » ce qu’elle avait été obligée de décider. « Reprendre le match ». Une décision qui l’avait agressée car contraire à la situation qu’elle avait maitrisée au préalable.

Elle obéissait à la réalité du football.

L’intégrité des joueuses.

Tout le long des trente minutes restantes, longues et très longues. Elle n’a eu qu’une pensée. L’intégrité des joueuses. Le moindre contact un peu fort, et c’était un coup franc. Sans panique, mais avec excès par rapport à la situation.

La peur d’une blessure. Kader Boudaoud, le journaliste de France TV, indiquant que le Président Jean-Michel Aulas, au téléphone pour rechercher les causes d’un vice de forme, avait fait signer une décharge à l’arbitre, pour lui faire assumer la responsabilité des blessures éventuelles des lyonnaises !

Sa décision à la 93′. 

Dernier corner. L’OL a une dernière chance. Le PSG mène. C’est un exploit. Une parisienne est tombée à terre sur ce dernier acte de jeu. Pour elle, cela ne pouvait qu’être que la cause d’une lyonnaise. Le coup de sifflet s’entendra au moment de la tête d’Ada Hegerberg.

La vidéo montrera le contraire. C’était Endler , la gardienne parisienne, qui était entrée pleine face dans sa coéquipière Irène Paredes. L’interprétation a été une erreur.

Sur le moment, elle aurait pu revenir.

La fatigue. La pression. Derrière, il y aurait eu les tirs au but. Tard, très tard. A un moment, le corps s’impose à la raison. Le corps a dû lui dire : « basta ». La raison, rendra tout cela raisonnable. Ne plus se battre pour être irréprochable. Eliminer le doute qui inévitablement vient à son esprit. Terminer ce match interminable.

Florence Guillemin, physiquement et mentalement fatiguée par la situation inattendue de cette finale, dans ces dernières trente secondes a tout simplement subi l’influence de son environnement.

On agit sous influence.

On explique l’attitude et le comportement humain ainsi : d’abord la sensibilisation à une situation, ensuite notre interprétation avec nos prismes personnels, puis la mémorisation d’une situation similaire dans le passé et enfin et seulement action. Les deux premiers mots expliquent le rôle principal de l’influence dans une décision et action.

Resituez, l’arbitre Florence Guillemin était même confrontée, lors d’un simple match de football, à une influence juridique après avoir eu à gérer celle des intempéries, de l’institution FFF, de la règle d’arbitrage et peut-être de Dieu et ses Apôtres.

Si l’OL n’a pas eu la séance des tirs au but méritée, c’est juste une raison humaine. Ni un problème de compétences d’arbitrage, ni une quelconque volonté de l’extérieur. C’est juste dû à une décision humaine, influençable et influencée.

Paris a mérité son titre et l’Histoire retiendra que, dans le passé récent (2017)  leurs oppositions a toujours été serrées avec deux dernières finales (France et Europe en 2017), toutes deux terminées aux tirs au but en faveur des lyonnaises. Là, l’OL n’a pas eu l’opportunité de renouer avec cette Histoire qu’elle aurait dû avoir.

Et peut-être que dans cette situation de calendrier bloqué, il y a eu d’autres influences au lendemain de la décision surprenante de l’attribution des droits TV de la LFP à MédiaPro, sans chaîne actuellement en France, au détriment du duo BeIn et Canal Plus, leadeurs historiques de la diffusion du football français, faisant disparaître en 2020, Canal du monde du ballon rond, actuel et futur diffuseur du ballon rond féminin (2018-2022).

Peut-être la raison des quelques marches descendues et ensuite remontées. L’oeil de FFF n’ayant pas été celui de la LFP, son délégué pourtant.

La prochaine fois, Florence Guillemin gérera la situation différemment. Elle reste une bonne arbitre. Humaine. Sa finale 2018, au lieu d’animer une séance d’application de règlement, animera celle de la pression des événements et de la gestion de l’influence.

William Commegrain lesfeminines.fr