La ShebelievesCup, lorsqu’elle a été créée au lendemain de la Coupe du Monde 2015 a fait l’effet d’une petite bombe mais une bombe quand même dans l’univers du football féminin. Engager les trois meilleures nations mondiales dans un tournoi, en plein milieu de saison, pour les substituer à l’Algarve du Portugal, sorte de Grand Chelem de la discipline, il fallait le faire.
Les USA ne manquent pas d’Histoire dans cette pratique de l’action. Vite fait, bien fait. C’est fait.
Pour sa troisième édition, la France tenante du titre 2017 après avoir fait subir aux USA la défaite la plus lourde de leur existence à domicile (0-3), vient avec un profil « moins starifié », plus catalogué dans la rubrique « Meilleur second rôle » après avoir été si proche des Awards qui font les étoiles américaines. Trois quarts de finale lors des dernières compétitions, Mondial 2015, JO 2016 et Euro 2017 sont passés par là qui pour autant, ne feraient pas bouger un cil aux françaises comme à Corinne Diacre.
Le rendez-vous est pour plus tard. Aujourd’hui, le mot d’ordre est « préparation ».
Il faut bien que les grandes histoires démarrent un jour et cette équipe de France que Corinne Diacre a bousculé, malaxé, coupé, recoupé depuis six mois en intégrant de nouveaux ingrédients doit commencer sa nouvelle Histoire. Avec un scénario qu’il est difficile d’anticiper.
La France vient en tant que 6e mondial, après avoir intégré dix sept joueuses quasiment nouvelles (*) depuis que l’ex-coach de Clermont, a pris la sélection française au lendemain de l’échec de l’Euro 2017. Le Président du Paris FC Pierre Ferracci avait appelé cela « une revue d’effectif » en début de saison quand je l’interrogeais sur la non-sélection de Gaetane Thiney.
C’est une revue large, qui n’a cependant pas encore donné les saveurs attendues par le public français en terme de contenus (victoire difficile 1-0 face au Chili et l’Angleterre), bien meilleures contre l’Espagne (3-1) et le Ghana (8-0) mais maintenant en berne en terme de résultats (1 défaite face à l’Allemagne, 2 nuls obtenus contre la Suède et l’Italie) sur les trois derniers matches.
Corinne Diacre demande à ce que ses joueuses élèvent le niveau. « On doit rechercher de la performance. Nos dernières sorties sont mitigées. Je ne suis pas complètement satisfaite. On doit montrer un autre visage quand bien même les conditions de la tournée vont solliciter beaucoup les organismes mais à nous de faire en sorte de bien s’adapter et de bien récupérer ».
Le retour silencieux de Gaetane Thiney dans les 23.
Les retours n’ont pas été nombreux avec Corinne Diacre. Camille Catala s’y est essayée. Régulièrement appelée depuis mars 2017 par Olivier Echouafni, sans réellement entrer en jeu (3 fois sur 10 matches), elle a fait partie des premières sélections puis n’est plus appelée depuis la défaite allemande de novembre 2017. Marie-Laure Delie n’a été rappelée qu’une fois, face à l’Allemagne et la Suède, pour ne plus réapparaître. Elise Bussaglia n’est plus convoquée depuis décembre. Laetitia Philippe, habituelle troisième gardienne, ne fait plus partie des A depuis sa nomination.
Les retours des expérimentées de l’Equipe de France sont rares, et celui de Gaetane Thiney ne fait pas couler une goutte d’encre.
Il faut monter d’un cran
Ce sont les mots de la sélectionneuse. Est-ce la raison de la réintégration de la capitaine du Paris FC féminine qui a eu un début de saison tonitruant (9 buts) pour connaître une période de moins bien en tant que buteuse mais plus décisive en terme de passeur ? Difficile d’imaginer que la jeune trentenaire n’ait pas une émotion particulière en s’alignant face à la tribune principale, mains dans les mains, à chanter la Marseillaise ! Seul moment où un tel moment est vrai, à moins qu’elle ne se soit amusée à le faire chez elle ! Ce qu’on peut légitimement douter.
Ce cran, la parisienne devrait l’avoir et devra l’avoir. Ce fameux moment rendu célèbre de Zinedine Zidane dans « Les yeux des Bleus » qui confesse mettre d’abord la chaussette gauche avant la droite. Ce moment de l’habitude. Celui où le corps devient aussi fort que l’esprit. Celui où un rien est tout pour Vous. Celui où l’enjeu s’infiltre par chaque pore de notre peau près à nous faire déborder d’émotions, laissant le soin à chacun, de savoir le guider dans le coffre fort de la performance, pour l’éloigner de celui de la défaillance.
Elle en a eu du cran après ce quart de finale perdu contre l’Allemagne du Mondial 2015 où les critiques sont tombées drues. A voir les JO 2016 s’éloigner quand l’âge avançait. A entrer à la 88′ lors de France-Suisse, à regarder du banc de touche la défaite en quart face à l’Angleterre (0-1) lors de l’Euro 2017 ; puis à écouter toutes les convocations de Corinne Diacre s’égrainer sans elle.
D’un parcours idolâtré à un autre de combat. Voilà visiblement son Histoire. Quatorze sélections en trois saisons. C’est peu quand on en possède au total 141.
Il y a une évidence qu’il faut saluer. Gaetane Thiney (32 ans, Paris FC) ne sera certainement pas comme toutes les joueuses avec le maillot bleu. Peu importe ce que l’on peut espérer de sa performance, peu importe ses futures sélections. Tout cela dépendra d’elle et des choix de Corinne Diacre. Peu importe le fait qu’elle veuille s’intégrer en silence. On peut juste affirmer, qu’en étant dans les 23 Bleues pour la SheBelievesCup 2018, elle a réalisé une performance.
Et cela mérite tout. Sauf le silence.
William Commegrain lesfeminines.fr
Les Françaises débuteront ce tournoi par une opposition face à l’Angleterre jeudi à 22h00. Puis elles défieront les États-Unis dimanche à 18h00 avant de conclure leur tournée américaine face à l’Allemagne mercredi à 22h00.
Les joueuses nouvellement convoquées par Corinne Diacre depuis sa prise de fonction : Ali Nadjim Nadjma, Karima Benameur, Estelle et Delphine Cascarino, Hawa Cissoko, Aminata Diallo, Solène Durand, Valérie Gauvin, Théa Greboval, Inès Jaurena, Elise Launay, Léa le Garrec, Charlotte Lorgeré, Faustine Robert, Ouleymata Sarr, Marion Torrent, Aissatou Tounkara, Viviane Asseyi. (source footofeminin.fr)