Le moment le plus fort 2017 ?
Si on exclut la finale de l’Euro 2017 entre les Pays-Bas et le Danemark, je vous propose la finale de la WCL 2017 entre le PSG et l’OL à Cardiff. Sarah Bouhaddi est la gardienne lyonnaise depuis huit saisons. Et celle de l’équipe de France depuis 2004 a l’exception d’une période de 2009 au Mondial 2011 en Allemagne. Les 119 sélections du moment lui donnent une bonne expérience de la haute compétition auxquelles se rajoutent les huit titres nationaux lyonnais, six coupes de France et trois Coupe d’Europe qu’elle a glané avec l’Ol.
Elle sait gagner mais elle sait aussi perdre. Deux finales de la Women’s Champions League lui sont passées devant le nez pour aller dans les mains allemandes. Le Turbine Potsdam en 2010 (9 tirs au but pour un 6-7 final) et le VFL Wolfsburg en 2013 (1-0) pour sa première participation en Coupe d’Europe.
Une finale franco-française très serrée
Là, nous sommes en finale de la Women’s Champions League face au PSG. Une première européenne de voir deux clubs français au dernier stade européen. Plutôt une statistique que aurait une couleur allemande, bien que la seule finale 100% Mannschaft remonte à assez loin (2006). Il s’agit de leur 3e rencontre en trois semaines pour les deux clubs français. La première, en championnat, avait donné une large victoire (3-0) à l’OL quand la seconde a fait couler des sueurs froides à Gérard Prêcheur, le coach lyonnais, avec un superbe but d’anthologie de Cristiane auquel avait répondu Saki Kumagai sur un pénalty plus que litigieux, touché par la gardienne parisienne. La finale s’était jouée aux tirs au but, et terminé par la victoire de l’OL, pour un sixième sacre.
Le Paris Saint Germain, déjà finaliste en 2015 de la Women’s Champions League croit légitimement en ses chances. D’autant plus que la seconde place européenne lui a été prise par Montpellier. Patrice Lair, toujours l’oeil « Bleu-blanc-rouge » verrait bien trois clubs français en Coupe d’Europe 2018.
Le match sera très serré. Ada Hegerberg aura deux opportunités que l’internationale polonaise, meilleure joueuse polonaise, Katarzyna Kiedrzynek sortira de mains de maître, voyant même la meilleure joueuse UEFA 2015, sortir une balle immanquable. De son côté, le PSG trouve des opportunités pour marquer, sous la baguette de Shirley Cruz (ex-lyonnaise) que Cristiane envole d’un gauche supersonique quand Marie Laure Delie voit sa balle placée quitter le cadre de quelques centimètres. C’est aussi Sarah Bouhaddi qui sortira l’arrêt qu’il faut sur une percée de Shirley Cruz, qui avait tout de la perforeuse de béton.
Il ne reste que les tirs au but pour départager les deux équipes.
Quand Eugènie Le Sommer voit la gardienne parisienne détourner son 2e tir au but, en butant sur la transversale pour finir poteau sortant. Le mental et le jeu sont parisiens. Sauf que pour la 3e série, Wendie Renard ne se préoccupe pas de la danse de Kiedrzynek et met la balle au fond quand de son côté, Grace Geyoro verra son tir trop assuré bloqué par Sarah Bouhaddi, partie tranquillement au dernier moment, chanceuse que la jeune parisienne n’ait pas cherché à cacher son tir.
Le début de l’expérience. Il faut dire que l’an dernier, en finale de la Women’s Champions League 2016, elle avait déjà stoppé deux tirs au buts (Fisher et Bussaglia), retournant une situation défavorable (échec d’Hegerberg) et donnant le titre à l’Olympique Lyonnais pour un troisième sacre et surtout un retour au plus haut niveau européen.
Toutes les joueuses sont prévenues. On est sur un (2-2) et un échec des deux côtés. Celle qui rate donnera la finale et le titre européen à l’autre. Là, il n’y a pas d’équipe de France, il n’y a pas d’amies, il n’y a rien. Sauf une chose. Marquer et ne pas rater.
La quatrième série Marie Laure Delie et Griedge M’Bock sera bien maitrisée (3-3). Le cinquième tour sera superbement conclu avec Formiga, qui s’alignera dans une droite parfaite face au ballon pour glisser une balle en coin quand Saki Kumagai, spécialiste des tirs au but et la joueuse qui avait tiré le cinquième de la finale 2016, sortira des 16m 50 pour une course lente afin de voir le départ de la gardienne parisienne (4-4).
Pour la sixième série, c’est l’espagnole Vero Boquete qui s’impose, vainqueur de la finale 2015 face au PSG. Là, elle assure une balle que Sarah Bouhaddi touche. Plat du pied trop fort. Ce sont les filets qui tremblent et Paris est toujours devant. Pour l’OL, c’est Dzsenifer Marozsan qui s’avance. Capitaine allemande. Coéquipière de Boquete en 2015. Un contre pied maitrisé. Egalité parfaite. (5-5).
Septième série. Les joueuses se raréfient. C’est Ashley Lawrence qui trouve la lucarne quand Camille Abily lui répond pour l’OL. (6-6).
Le mental de Sarah Bouhaddi fera la différence.
Nous en sommes au 8e tireur comme lors de la finale de la Coupe de France 2017 à Vannes. Perdue sur un échec d’Ouleymata Sarr ou plutôt un arrêt de Sarah Bouhaddi. Personne du côté parisien ne se présente, sauf la gardienne Katarzyna Kiedrzynek qui place un droit bien trop hors cadre. Effondrée.
La gardienne lyonnaise Sarah Bouhaddi ne se posera pas de questions. Comme en 2010 où elle avait tiré son tir au but. Elle prend le ballon. Regarde son adversaire qui lui a ravi le titre de meilleure gardienne de la D1F et lui place plein centre, un petit boulet qui donne le quatrième titre européen à l’OL et son deuxième triplé consécutif.
Le joueuse est au Paradis du football. A elle seule, elle vient de donner deux Women’s Champions League à son club et la Coupe de France 2017
Elle a été élue, pour la seconde fois consécutive (2016-2017), meilleure gardienne du monde par l’International Federation of Football History & Statistics. Dans cette période où les accessits pleuvent sans qu’on puisse en confirmer la réalité. Gardienne de l’OL, ayant donné deux Women’s Champions League à son club (2016 et 2017) et une Coupe de France 2017, elle n’est certainement pas loin du podium mondial.
Elle a montré, dans cette finale, un geste et un mental de compétitrice incroyable. Elle finira, sur les genoux, comme la plus grande des buteuses. A la prochaine finale entre les deux clubs, aucune de ces deux gardiennes ne se défilera. Elles joueront ses tirs au but pour gagner.
Sarah Bouhaddi et Katarzyna Kiedrzynek, un beau duo et un beau duel dans cette finale 2017.
William Commegrain lesfeminines.fr
Les tirs au buts en vidéo.