Cette courte défaite qui laisse les trois points au Paris Saint Germain avait certainement des supporters du côté lyonnais qui ont dû espérer que la Juv’91 puisse créer l’exploit du match nul ce qui aurait quasiment donné le titre à l’Olympique Lyonnais. De son côté, Juvisy se retrouve sans point supplémentaire au compteur mais en ayant délivré une prestation qui laisse rêveur et montre que le derby francilien a de beaux jours devant lui.
Non pas l’an prochain mais déjà dans quinze jours avec l’opposition de Coupe de France pour un quart de finale qui sera une belle revanche.
Un calendrier chargé qui enfin, va avoir une coupure.
En deux semaines, les filles d’Emmanuel Beauchet ont rencontré deux fois de suite l’OL (dont un match en retard pour la 9ème journée), et ce soir la tâche ne s’annonce pas facile. En effet les parisiennes sont toujours dans l’attente d’une décision de la commission d’appel de la FFF concernant le match perdu sur tapis vert contre Albi (-4 points). Et après sa victoire sur Montpellier cet après midi (0-3 ), Lyon compte 7 points d’avance sur le club de la capitale.
La victoire parisienne est nécessaire face au club de l’Essonne qui de son côté peut en cas de résultat positif, grappiller des points sur Guingamp et Marseille, respectivement 5ème et 4ème au classement, et plus se sécuriser sur sa fin de saison 2017 pour mettre de côté l’année 2016.
Les essonniennes qui se montrent tranchantes dans leurs premiers contres.
L’entame de match est parisienne, les filles de Partrice Lair conservent le ballon et le font progresser vers l’avant. A la perte du ballon, elles exercent un pressing constant sur la porteuse de balle essonnienne. Pourtant c’est Juvisy qui se crée la première occasion avec un centre venu de la droite de Diani, qui réalisera un superbe combat face à la canadienne internationale Ashley Lawrence pour trouver la tête de Mateo, arrivant à s’imposer sur la défense centrale parisienne (5´).
Paris s’installe mais n’arrive pas à s’imposer
Le premier quart est agréable les deux équipes ne ferment pas le jeu avec tout de même une constante qui s’installe chez le club de la capitale. Un jeu orienté sur son côté droit et des lancements en profondeur permettent à Eve Perisset qui combine bien avec la brésilienne Cristiane de trouver des possibilités.
De son côté Théa Greboval arrive à placer des centres avec son pied gauche qui manifeste la volonté de Juvisy de sortir immédiatement pour porter le danger dans la surface parisienne, en difficulté sur une défense à trois.
En l’espace de dix minutes, le jeu s’est trouvé au moins trois fois dans les surfaces des deux camps et c’est même Clara Mateo qui aura une excellente occasion, sur une passe en retrait de Gaetane Thiney dans un contre initié par Ines Jaurena. L’avant-centre essonnienne sera contrée par Eve Perisset (11′).
Ce sera le début de la période forte du PSG avec Amandine Henry qui s’impose sur Thé Greboval pour un centre en retrait vers Shirley Cruz qui voit Anaig Butel tacler le tir de la capitaine parisienne ! Marie-Laure Delie, servie dans la surface, n’aura pas le temps d’ajuster sa puissance, reprise par Aissatou Tounkara et face à cette débauche d’énergies de Juvisy, Cristiane n’aura d’autres solutions que de chercher des tirs du gauche qui ne trouveront pas le cadre. (18′).
Le jaune est de sortie
La tension et l’intensité montent sur le terrain. A l’évidence, les vingt deux joueuses sont incapables de savoir qui va gagner ce match mais ont toutes les raisons de penser qu’elles peuvent le perdre. A ce jeu de la remontada, Laura Georges monte d’un cran et tacle sévèrement Camille Catala, héritant du premier jaune de la partie qui en comptera cinq ! Un petit record en football féminin.
L’occasion du diable !
Le sort a voulu donner à ce match toute sa saveur en permettant à Céline Deville de récupérer un ballon sur sa ligne qui aurait tout eu du but gag de la semaine sur Téléfoot ! Eve Perisset centre au second poteau. Céline Deville, impeccable jusqu’à maintenant perd son appui et se fait lober ! La balle tombe sur Anaig Butel qui décide immédiatement de la sortir, sauf qu’au même moment, Cristiane qui l’a suivie là contre et voilà que la balle passe devant la ligne de but … pour voir Maie Laure Delie, se coucher trop loin et se rendre compte de l’importance de quelques pointures de plus (31′) !
Le club de la capitale a équilibré son jeu mais la qualité défensive de Kadidiatou Diani a empêché le PSG de mettre le feu avec les débordements d’Ashley Lawrence. Et en face Juvisy n’hésitait pas à se projeter en contre avec Catala et Diani ; on sentait que les filles d’Emmanuel Beauchet pouvaient faire un coup en contre ou sur un coup de pied arrêté bien négocié.
Les temps faibles sont faits pour réfléchir et à ce jeu de l’interrogation, les joueuses des deux camps savent que tout se jouera sur un détail. Les deux camps comptent assez d’internationales pour que chacune l’ait compris et on assistera à une seconde mi-temps où le détail fera la différence.
Un changement complet du côté parisien avec les rentrées de Marie-Antoinette Katoto et Grace Geyoro
Véronica Boquete, pas assez servie et Formiga n’ont pas pu mettre leurs empreintes sur le jeu parisien et les rentrées des deux jeunes parisiennes redonnent de l’allant au jeu du PSG, d’autant qu’elles ont l’habitude de jouer ce derby avec les U19.
Paris va plus vite et obtient rapidement que le jeu soit dans les trente mètres juvisiens pour obtenir un corner tiré par Cristiane qui semble trouver la tête de Laura Georges venue à l’impact quand la balle arrive sur Marie Antoinette Katoto, qui tente une superbe reprise de volée qu’Aissatou Tounkara sortira sur la ligne. Nous sommes à la 52′ et on a le sentiment que le PSG s’est mis en marche.
Les essonniennes ont décidé d’avoir du caractère et cinq minutes plus tard, c’est Kadidiatou Diani qui bénéficie d’une balle dans la surface pour un duel avec Kiedrzynek quand … sortie de nulle part, le pied de Laura Georges envoie la balle en corner !
On cherche le détail ! Il viendra trois fois en l’espace de quatre minutes !
A la 62′, Paris trouve enfin les filets sur deux détails.
Sur un coup franc éloigné, Shirley Cruz se met à la baguette et trouve Irène Parèdes, qui mettra la balle au fond des filets juste devant Gaetane Thiney venue au marquage. (0-1, 62′).
L’espagnole signe là un but d’importance puisqu’il met le PSG sur le rail de la concurrence avec l’Olympique Lyonnais pour le titre, maintenant toujours sa différence qui n’est constituée que de quatre points de pénalités.
Le second détail aurait pu assommer les juvisiennes tant ce second but qui va être encaissé ne reflétait pas la partie qui était jouée. Anaig Butel cherche une relance parfaite et se fait contrer dans sa surface pour voir Marie Laure Delie se lancer et servir en retrait la jeune Marie-Antoinette Katoto qui place un gauche plein de maitrise et enfonce le clou dans un (0-2, 63′) qui fait mal aux cerveaux juvisiens.
L’addition est lourde, mais Juvisy aura aussi son détail.
Trois minutes plus tard, à la 66′, Gaetane Thiney s’impose au physique sur Shirley Cruz, avance vers les seize mètres cinquante et devant l’hésitation d’Irène Parèdes à venir la contrer, place un tir précis qui frôle le poteau pour entrer dans les filets parisiens (1-2, 66′). Tout est relancé et les lyonnais qui avaient déserté leur poste de télévision se remettent à l’allumer en se demandant si Juvisy a la capacité de faire l’exploit !
L’expérience de Paris a parlé
C’est dans ce domaine que le PSG a montré que l’équipe avait pris de la maturité et de la consistance. Plutôt que de partir encore plus au combat, les joueuses parisiennes ont calmé le jeu des adversaires pour les mettre dans un faux rythme qui ne leur a plus permis, ensuite, d’aller au combat en bénéficiant des dégâts que peuvent faire l’excès d’émotions dans le sport de haut niveau.
Elles ont su tenir le ballon, le perdre, le reprendre et elles ont obligé Juvisy à chercher des ressources qu’elles ne pouvaient plus produire avec la même intensité en fin de rencontre plutôt qu’en début.
Le match s’est terminé sur ce score qui avantage le PSG, avec deux blessées des deux côtés, Théa Greboval et Marie Antoinette Katoto, deux joueuses qui évoluent ensemble en équipe de France des U19 et U20 et cinq cartons jaunes.
Paris a su gagner cette rencontre et Juvisy a su se mettre au niveau de l’équipe parisienne. Sur le terrain, des deux côtés, le match s’est joué à un niveau d’internationales, dans un esprit de derby, avec des joueuses qui ne voulaient pas et n’avaient pas intérêt à perdre leur match.
Paris a certainement gagné sa partie dans les vingt dernières minutes ; Juvisy a montré des qualités de projection qu’elles n’avaient plus montré depuis longtemps.
La revanche le 12 mars pour un quart de finale de Coupe de France à Bondoufle. Avec comme problématique, des joueuses qui sont parties pour jouer des tournois aux quatre coins de la planète. La récupération sera certainement un ingrédient de cette prochaine rencontre.
Aurélien Cardiel et William Commegrain lesfeminines.fr
Feuille de match
15eme journée de D1. Stade Robert Bobin de Bondoufle. 1674 spectateurs
Arbitres: Florence Guillemin assistée de Riadh Askri et de Pierre Mahieux.
Cartons : Diani 50′, Jaurena 62′ ; Boquete 45′, Cruz 50′, Delannoy 68′.
- Buts :
- Parèdès (0-1, 63′)
- Katoto (0-2, 64′)
- Thiney (1-2, 66′)
FCF Juvisy: Deville, Greboval (Ould Braham 83′), Bilbault, Butel; Jaurena, Declerq (Vaysse 77′), Thiney; Catala, Diani, Mateo. Entraîneur: Emmanuel Beauchet
PSG : Kiedrzynek, Perisset (Delannoy 67′), Georges, Paredes, Lawrence ; Henry, Maciel Mota (Geyoro 45′); Boquete (Katoto 45′); Cristiane, Shirley; Delie. Entraineur: Patrice Lair