Dans ce match, initialement aisé au regard du classement FIFA, la France se situant au 3ème rang quand l’Albanie était rangé au 76è ; les joueuses ont joué un football offensif qui a généré de nombreuses occasions dont six furent transformées avec un superbe but de Kheira Hamraoui.
Les notes sont des appréciations subjectives. Néanmoins la plupart d’entre nous restons sur des sentiments ressentis après une prestation sportive, tout aussi importante que la performance réelle qui en football se manifeste par des buts. Là, six. Autant qu’au match aller.
Le public (9/10) : le public du football féminin est un public familial. On y entend souvent des cris d’enfants qui se mélangent à la performance des joueuses, les poussant dès que l’action est entamée, pour se finaliser par un but. Les stades étant faits pour mettre en valeur le son, c’est alors une véritable cavalerie d’émotions qui accompagne les actions offensives des françaises. A Paris, les propositions de spectacles sont nombreuses et les parisiens ont du mal à « aller au stade » autrement que pour le club phare de la capitale (PSG) ou l’équipe de France masculine (Euro 2016). C’est donc devant un public de plus de 7.000 personnes que la partie se jouera. Un chiffre correct pour Charlety.
La note habituelle est de 8/10. Là, on peut sans problème monter à 9/10 avec la marseillaise entamée à l’improviste pour compenser le problème de sono du stade qui voulait, à chaque fois, mettre l’hymne national albanais quand les joueuses attendaient la Marseillaise. Bravo d’ailleurs au speaker qui nous a fait du Pavarotti « à cappella » pour lancer l’hymne national.
Bouhaddi (6/10) : jamais inquiétée. Sollicitée sur une passe en retrait. Une soirée tranquille pour la lyonnaise. La confirmation que pour le coach, il y a une gardienne numéro 1 et une gardienne numéro 2. Sarah Bouhaddi étant la numéro 1.
Tounkara (6/10). pour sa première sélection dans une défense à trois, la juvisienne de 21 ans a joué avec sérénité, concentration, réalisant des passes d’une vingtaine de mètres sans faire tomber l’équipe dans le risque d’un contre, en restant bien à son poste malgré le peu d’oppositions. A montré qu’elle savait avoir de l’ambition tout en sacrifiant des initiatives qui n’auraient pas été de son rôle. Une tête sur jeu long qui aurait pu finir au fond des filets.
Butel (6/10). Même état d’esprit pour sa comparse de club. Appliquée à jouer son rôle quand bien même le manque d’opposition et son caractère auraient pu l’amener à monter, au risque de voir un danger d’un contre en « deux contre deux ». Elle n’est pas tombée dans ce piège. A assurer son travail tout en gardant son ambition de jeu.
Georges (7/10). Au centre de la défense. Une seule intervention pour dire « bonjour » à l’avant-centre adverse, capitaine de son équipe qui recevant la balle dos au but, jeta un regard avant .., pour voir la plus capée des françaises sur le terrain à trois mètres. Le regard suivant sur le ballon pour le contrôler …. et subir alors le choc de la française venue chercher une tête impossible, mais surtout un contact physique qui restera en mémoire de la capitaine adverse. Les deux ballons suivants de cette attaquante ont été très simples. Elle les a joué avec fébrilité. Pour éviter la charge. Qui n’était pas venue. Pas besoin. L’information était passée. La défenseuse centrale a joué avec « l’expérience ».
Hamraoui (9/10). Kheira Hamraoui n’a pas fait un superbe match sur le contenu. L’opposition ne le demandait pas. Elle a fait un super match sur ses initiatives. Et cela, c’est assez nouveau d’arriver à cette plénitude de résultats pour la lyonnaise qui peut avoir du déchet quand elle tente. Là, une perfection. D’abord une tête qui finit au fond des filets alors qu’elle est à 15 mètres du but. Il faut pouvoir la mettre quand c’est un des exercices où les filles supportent le moins la concurrence avec les hommes. Puis, un superbe second but qui finira au fond des filets. Une reprise de volée de rêve. Celle que vous faîtes quand vous êtes jeune et qui vous met d’aplomb pour une journée extraordinaire.
Bussaglia (8/10). Elise Bussaglia portait le capitanat. Elle a donné des ballons sur corners incroyables. Bas en hauteur. Très haut au second poteau qui demande une force physique conséquente. Elle a été un moteur d’actions et d’initiatives pour donner de l’impulsion au jeu qui fait qu’elle a été certainement la joueuse ayant touché le plus la balle dans cette partie. Si les albanaises ont explosé, c’est que le moteur Bussaglia les a poussé.
Diani (8/10). La jeune juvisienne a des certitudes. Elle est entrée à la place de Kenza Dali, blessée. Immédiatement, elle s’est mise au niveau de son jeu face au Brésil. Ses qualités de perforation sont très utiles à l’équipe de France. Elle ne se pose aucune question quand elle joue. Elle a maintenant un jeu de titulaire.
Karchaoui. (7/10) la jeune montpelliéraine a moins de qualités physiques que Diani mais plus d’explosivité. Elle est capable sur un jeu court de laisser beaucoup d’adversaires sur place. Il est dommage, quand elle joue aussi haut, qu’elle n’aille pas plus loin dans ses actions et ne tente pas de les finaliser plus près des buts, voire en marquant. Latérale à Montpellier, ce n’est pas évident de monter aussi haut et surtout d’avoir à l’esprit de marquer. Ce qu’elle pourrait faire.
Toletti. (7/10). la jeune montpelliéraine a manqué de chances car, après avoir regardé avec précisions ses déplacements, j’ai noté qu’elle se proposait très bien mais que les joueuses porteuses du ballon lui préféraient une solution très sécurisante, car elles avaient décidé de sécuriser leur jeu. Elle s’est donc trouvé en concurrence avec Diani comme appui ou Bussaglia comme meneuse de jeu. Enfin, la décision étant de passer par les côtés, elle n’était pas la joueuse la mieux positionnée pour recevoir le ballon. Néanmoins quand Eugénie Le Sommer la sollicite pour une perforation plein centre, elle lui met un super ballon qui donnera le troisième but. Elle donne une superbe balle à Hamraoui sur corner pour son but mais elle doit encore s’affirmer dans cette équipe.
Clarisse Le Bihan (7/10). A joué comme une neuf et demi laissant la place au centre à Eugènie Le Sommer. Ce qui fait qu’elle a tourné dans le secteur offensif et a voulu donner des ballons qui sont devenus des seconds ballons de récupération pour la défense albanaise, non pas à cinq mais à six et des fois à sept. Comme les jeunes joueuses, décidée à montrer ses cartes, elle a mis le premier but qui a ouvert la route aux autres dans une situation qui n’était pas une occasion mais qu’elle a finalisée pour qu’elle le soit.
Eugènie Le Sommer (8/10). Eugène est une attaquante dans l’âme. Si elle allait voir un docteur, à la question rituelle : « vous allez bien ». La réponse de l’attaquante serait « très bien ». Ne doutez pas, c’est qu’elle est en période de marquer des buts. Toutes ses actions se fondent dans le collectif mais sont faites pour tourner le jeu de l’équipe de France vers l’offensive. Elle met son but à la 44′. C’est un soulagement de marquer car cela reste une évidence pour la joueuse.
Sont entrées Gaetane Thiney qui a eu une très belle occasion que la gardienne a sorti miraculeusement. Un pénalty de raté. Marie Laure Delie qui a marqué un but « à la Delie ». Perforation, duel, victoire. Avec des certitudes dans la finalisation.
Pour l’Albanie, la palme revient à un petit garçon de huit ans venu avec son père en tribune de presse, muni de son petit drapeau rouge et noir. Très fier d’être là. A écouter les conseils et commentaires de son père. Philosophe mais supporter. « Si cela avait été les garçons, on aurait marqué un but ! ». Le gamin l’affirme. Déjà, il est près pour Demain. Dans la cour de l’école. « Ohh, tu as pris 6-0 par la France ». « Si cela avait été les garçons, on aurait marqué un but ! » . Ce n’est pas du sexisme. C’est l’Euro 2016.
Le môme est prêt. Il a sa formule. Il est juste fier d’avoir vu l’Albanie jouer. Son pays dont on lui a sans cesse parlé. Et là, qu’il voit. Ce pays. Sa différence. Il découvre l’émotion du supporter. Un môme heureux. Alors qu’il partait, je lui ai dit : « tu as vu ta gardienne, super ! ». Des fois qu’il ait besoin d’autres arguments. Cela m’étonnerait.
L’Albanie, un petit pays fier.
William Commegrain lesfeminines.fr