Que de blessées ! Avec la blessure de Laure Boulleau, on ne peut que se poser la question ? Mais que s’est-il passé pour qu’il y ait autant de joueuses obligées de s’arrêter dans un sport où les contacts se comptent sur les doigts d’une main en comparaison de l’opposition que l’on voit dans les matches masculins.
Pas de tacles au niveau du genou, pas de tacle par derrière. Très peu de charges en l’air. Une défense debout et des joueuses qui dribblent rarement, préférant trouver les espaces par redoublement de passes. Les cartons rouges sont rares, tant dans le championnat que dans les matches internationaux.
Pourtant, voici la liste des internationales blessées dans le courant de la saison (faites de mémoire)
Laure Boulleau, Claire Lavogez, Kheira Hamraoui, Laura Georges, Wendie Renard, Amandine Henry, Kenza Dali, Aurélie Kaci, Elodie Thomis, Laetitia Tonazzi, Rumi Utsugi, Sandie Toletti, Anaig Butel, Kiedrzynek, Jessica Houara d’Hommeaux, Shirley Cruz, Sarah Bouhaddi (opération). Marie-Laure Delie ?
La première réponse vient de la Coupe du Monde 2015 jouée sur synthétique. Si elle est juste, elle n’est certainement pas la seule dès lors que les mêmes phénomènes n’ont pas été relevés à la même échelle pour les autres pays participants.
Il faut donc la compléter.
A mon sens, le calendrier français est très chargé au regard des autres championnats, anglais ou américains qui jouent avec moins de clubs (8 et 10) d’une part et sur une période plus courte d’autre part (suède, norvège, russie, USA).
Ensuite, le besoin de performance des clubs français et la structuration en « joueuses professionnelles » amènent des charges de travail qui sont importantes et qui ne semblent pas pouvoir être supportées par des femmes qui ont changé totalement leur mode de vie. Psychologiquement, physiquement, et en terme d’emplois du temps.
Si on rajoute à cela les périodes internationales avec des décalages horaires à encaisser ; on se demande si, la plus grande faiblesse de l’équipe de France, ne va pas être dans cette montée en puissance imposée par le souhait de performance et que les féminines ne peuvent pas absorber sans avoir des problèmes physiques.
Pour autant, on pourrait argumenter que l’Espagne est encore plus chargé au niveau des clubs (16) sans blessées. Mais avec des contraintes internationales bien moins prononcées (pas qualifié tout au long du parcours en Coupe d’Europe, et non qualifié pour les Jeux Olympiques).
On peut aussi se poser la question de l’hygiène de vie ? Alimentaire peut-être mais tout autant en ce qui forme l’équilibre d’une personne. Sociale, psychologique, autres.
Est-ce que les joueuses peuvent faire tous les matches, de la même manière, en étant professionnelles. La réponse est à l’évidence négative.
Aux filles de bien connaître leurs possibilités. Ce sont elles qui peuvent mettre ou ne pas mettre le « pied sur le frein ». Visiblement les tests pratiqués par les équipes médicales des clubs, très performantes, qui fournissent l’équipe de France ne sont pas suffisants.
Il est vrai qu’il y a une superbe carrière pour la génération actuelle dans le football. Il reste cependant qu’il n’y a pas encore d’exemple de carrière arrêtée, à part celle de Nadine Kessler ; mais en même temps, s’arrêter à 27 ans pose véritablement la question de Demain quand on est une femme et que l’on a consacré son début de parcours au football, souvent seule, à la différence des hommes qui sont pour la plupart marié. Et toutes ces jeunes femmes n’auront pas une solution d’intervention médiatisée comme l’ont les hommes, et certainement, moins bien payées.
Bien gérer son corps. A mon avis, cela devrait être une obligation de formation pour les sportives de haut niveau comme on demande à un conducteur d’avoir son permis de conduire.
On ne peut pas l’être si on ne réussit pas un examen.
William Commegrain lesfeminines.fr