Jakobsson, Marie Charlotte Léger, Gauvin. 3-0 face à Albi. Montpellier est en train de réaliser une sacré performance. 5 victoires et 1 match nul. 16 buts marqués pour aucun encaissé. En gagnant 3-0 dans ce derby face à Albi (J6), Montpellier confirme qu’il ne perdra pas de points en route. Tout se jouera dans les confrontations directes et, c’est Juvisy qui s’annonce la semaine prochaine avec un bilan montpelliérain très favorable depuis la fin de la saison dernière : 3 matches, 3 victoires face aux essonniennes. Un gros match qui arrive, un très gros match. Alors, il fallait voir dans quel état d’esprit était Jean-Louis Saez, coach de Montpellier depuis deux saisons, ancien coach de Ligue 2, après cet excellent début de saison : « Pourvu que cela dure ! »
Interview Jeudi 8 Octobre, 17h00.
Jean-Louis, quelles sont les nouvelles ? Disons que l’on est toujours en préparation. Encore. On doit travailler encore quelques semaines pour asseoir notre collectif. On est plutôt dans la finition. J’ai bon espoir de récupérer la totalité de l’effectif pour derrière, pouvoir continuer à travailler collectivement.
C’est vrai que l’on est encore perfectible et il nous faudra encore quelques semaines pour arriver au top.
Quelles sont les dates importantes de ton calendrier ? « Déjà, faire un point à la fin des matches aller. Pour moi, c’est un petit championnat où il n’y a que 22 matches. Arriver à la 11è journée, quand on n’a pas joué Lyon, le plan comptable n’est pas le même. On l’avait vu l’année dernière, on avait joué très tôt Lyon et Paris, du coup sur le plan comptable, on était un peu entamé car ce sont des points où il est difficile d’aller chercher quelque chose. Aujourd’hui, la seule satisfaction, c’est d’avoir fait jeu égal avec Paris sur le plan comptable. »
Le match contre Paris a été un bon match mais on a le sentiment que les matches suivants ont été plus difficiles (2V. Saint-Etienne 1-0 à la 86′, La Roche sur Yon 0-2). Non. je crois que maintenant, il y a une vigilence de la part des adversaires et notre jeu doit évoluer. On a les qualités de nos défauts qui sont un peu dus à la jeunesse. On est dans la précipitation et on a pas la maturité et le recul nécessaire pour prendre l’ascendant sur l’adversaire. C’est la jeunesse. C’est un côté intéressant car il faut que je m’appuie dessus avec des joueuses généreuses qui ne calculent pas trop mais par moment, face à des équipes qui sont vaillantes, il faut arriver à jouer plus juste et avoir un peu plus de métiers. L’absence de joueuses cadres comme Tonazzi, Utsugi et Torrent peut poser un problème mais si ce n’est pas le cas car on gagne nos matches. J’ai normalement 6 joueuses cadres à plus de 25 ans dans l’équipe. On est vigilent, car si on veut de la régularité dans nos résultats, il faut que l’on ait de la régularité dans nos performances.
Il faut asseoir notre collectif et cela, c’est semaine par semaine qu’il faut arriver à trouver la bonne carburation sans perdre de points en chemin.
C’est d’ailleurs la qualité de Montpellier cette année. On est invaincu en championnat depuis décembre 2014. C’est pour cela que l’on reste dans cette lignée là et ne pas se suffire de ce que l’on fait, même si les résultats sont là, on doit encore travailler pour être plus fort collectivement.
On a toujours dit, à tort ou à raison, qu’à part Lyon ou le PSG, il n’y avait plus rien. Aujourd’hui, j’ai le sentiment qu’il y a des équipes qui se construisent. Je suis assez surpris des joueuses qu’on affronte, qui ont entre 17 et 19 ans et qui, ont de la qualité. Dans chaque équipe je vois cela. C’est vrai qu’elles n’ont pas la maturité des joueuses comme Paris et Lyon et je crois que dans le football féminin d’aujourd’hui, si on a un peu de maturité, on a beaucoup d’avance. A l’expérience et au vécu, on arrive à imposer quelque chose. Notamment, l’intimidation dans l’approche et la gestion des matches. Je vois de bonnes joueuses qui sont encadrées par des joueuses plus anciennes, et je crois, que c’est intéressant.
Quel est ton sentiment après trois ans dans le football féminin ? Je crois qu’il y a pas mal d’entraîneurs qui sont arrivés au football féminin. Ils ont apporté une culture tactique, sans dénigrer les entraîneurs précédents, mais je crois que l’approche tactique est bien plus forte maintenant. Avec les matches de haut niveau, avec une équipe de France qui est une des meilleures nations, cela donne un engouement, avec la vidéo chez les féminines on a une meilleure culture tactique. Dans les clubs, on travaille plus aussi. La quantité est là. De passer de deux entraînement par semaine à un entraînement par jour et maintenant deux entraînements quotidiens fait que le niveau des filles monte et le niveau des entraînements aussi. Derrière on a des matches plus disputés et je parle un petit peu avec d’autres coachs, il n’y a pas beaucoup d’équipes qui n’ont pas le niveau de la D1. J’étais agréablement surpris d’une équipe comme la Roche, avec de bonnes petites joueuses. Des filles dans les Pôles.
Est-ce que le fait de jouer des matches trop tactiques ne va pas rendre les matches plus ennuyeux mais surtout plus incertains ? C’est possible. Avec les matches ouverts on allait voir des buts. Maintenant avec les matches fermés, si cela manque de talents et qu’on arrive pas à faire la différence, il est clair qu’on peut tomber sur un football féminin un peu différent de ce que l’on voyait. Avec moins de panaches, il faudra des joueuses pour faire la différence, ce que fait très bien Lyon qui arrive à avoir un temps d’avance mais ce qui ne sera pas spécialement le cas avec les jeunes joueuses qui arrivent aujourd’hui.
Il n’y a pas beaucoup de joueuses ayant ce profil pour en faire un championnat. C’est vrai, le plus facile, c’est de défendre et le plus dur, c’est des joueuses capables de faire des différences. C’est plus difficile de créer le jeu que de le fermer. C’est vrai que l’on peut dire que le football féminin va entrer dans une nouvelle ère où il sera plus facile de fermer le jeu et qui pourrait le transformer alors qu’avant on était dans un jeu avec des défenses faibles et des attaques bonnes et on voyait des buts.
On peut voir de plus en plus de matches comme celui que tu as fait contre le PSG avec une excellente défense et une équipe parisienne dans l’incapacité d’avoir une occasion. Complétement. C’est sûr. En même temps, quand même dans l’évolution que j’ai vu en deux ans, avant cela défendait n’importe comment alors qu’aujourd’hui, cela défend pour contrarier l’adversaire sur les côtés. Nous, en finale de la Coupe de France contre Lyon, on a trop défendu mais on a défendu dans le souci de contrer, de faire mal. Du coup, cela crée des incertitudes dans un match avec une équipe qui joue avec des qualités de techniques face à une autre équipe qui joue avec des qualités de vitesse. Avant on était sûr qu’un adversaire allait gagner face à un autre. C’était bien car on avait des buts mais cela ne donnait pas un championnat passionnant.
Il va falloir que l’on travaille auprès des attaquantes pour qu’elles n’hésitent pas à provoquer et à aller de l’avant. A ne pas être calculateur et à tomber dans un jeu de passes comme Barcelone mais il n’y a aucun danger offensivement. Je vois que maintenant, les gens préféraient le Bayern d’avant que le Bayern d’aujourd’hui, où il y a la possession sans le danger. Le jeu vers l’avant est intéressant.
Sofia, c’est certainement une des meilleures joueuses potentielles du monde. Elle est dans un profil nordique et allemande. C’est une joueuse qui va vers l’avant, qui a le sens de la percussion et du dribble. C’est le style de joueuse qui dans une équipe va donner le tournis aux défenses adverses.
Tu as quand même une belle équipe et tu peux finir second du championnat voire mieux. Sans les cadres, sans Rumi, sans Tonazzi, sans Marion Torrent qui est une cadre aussi, c’est notre difficulté. On a que quatre cadres et on doit tabler sur des 96, 97, 98 cela fait des problèmes dans la constance. Si je ne perds pas de points dans la période où ces cadres ne sont pas là, on peut compter sur nous, mais aujourd’hui cela serait prétentieux de dire oui.
Le match contre Juvisy qui arrive, tu l’attends particulièrement ou pas ? C’est le style de match où un championnat peut se gagner ou se perdre. Ce sont des matches importants. Aujourd’hui, quand je repense à Lyon, je me dis moi, avec un peu de vécu dans mon groupe, c’est une finale de Coupe de France que l’on devait gagner. Avec un peu d’expérience, tu tiens 10 minutes en seconde mi-temps et le match est plié.
Tout le monde progresse. Il y a une volonté de progresser. Cela bouge et cela mute. Aujourd’hui, cela reste quatre points et il faudra s’adapter.
William Commegrain lesfeminines.fr