Tournoi de l’Algarve : France Japon. Les meilleures amies du Monde renversent une situation compromise Les françaises sont allées chercher une victoire collective face aux japonaises (4ème mondial, championne du Monde et d’Asie en titre) dans des conditions rares en football féminin : en revenant au score pour une troisième fois sous l’ère de Philippe Bergerôo après France-Finlande (3-1, 2014, Qualification CM) et France-Ecosse (1-1, 2014, chypre). Elles seront opposées aux États-Unis (2ème mondial) pour le titre. Ce sera la quatrième rencontre en 8 mois (1V, 1N, 1D).
FRANCE JAPON Les japonaises mènent 0-1 à la mi-temps.
Les japonaises sont comme des abeilles, elles bourdonnent constamment et piquent sur très peu d’actions
Les japonaises jouent comme des abeilles sur le miel. Elles tournent et tournent, se font déplacer, bouger mis toujours elles reviennent au cœur de ce qu’elles sont venues chercher : un but ou deux pour assurer la victoire.
En marquant à la 43′, Naomi Kawasumi, l’attaquante japonaise ne faisait que perdurer la tradition. Peu d’occasions mais une redoutable efficacité. Le score à la pause était là. (0-1) pour le Japon. Les chances de vaincre devenaient minces. La Belle était pour les japonaises après la victoire française en amical à Charlety (2-0) pour celle des « Nadeshiko » en demi-finale des JO de Londres en 2012 (1-2).
Le clan français avait décidé d’inverser l’Histoire.
La France possède un clan (staff et joueuses) qui a une expérience et une lecture que les autres équipes n’ont pas. En effet, pour ce match féminin, dans un Tournoi qui est mondial et qui ne reçoit les lumières de la reconnaissance que des spécialistes et des passionnés du sport féminin (notamment la chaîne Eurosport) ; Noël Le Graet, Président de la fédération, était venu spécialement pour assister à cette rencontre, au milieu de 1000 spectateurs, montrant l’équité et l’investissement que représente le football féminin pour la fédération française.
« En jouant plus haut » (source fff.fr), Philippe Bergerôo a encore montré sa capacité à l’analyse mais plus encore, celle des françaises à adhérer à un nouveau plan de jeu, convaincu que cela pouvait être la solution. Ce changement de tactique et la force établie entre le staff et les joueuses ont renversé la situation pour que le Japon prenne, … un 3-0 en une mi-temps !
A l’image de Laure Boulleau (latérale gauche) qui obtient un pénalty que Gaetane Thiney tire, pleine d’expérience et de maitrise de l’enjeu, sachant équilibrer entre l’importance d’un geste et sa réalité, pour égaliser (53′) dès le début de la seconde mi-temps (8 minutes après) et surtout envoyer au feu des mauvais souvenirs, le pénalty français raté de la demi-finale olympique pour une égalité au score.
Il y avait comme une solidarité dans ce pénalty et un renversement collectif fait par des gestes individuels mais pour une finalité collective forte, portée consciemment par chacune et chacun. Ce pénalty sera le déclencheur de la puissance collective française.
Les françaises renversent collectivement les japonaises avec des actions individuelles d’éclats.
Gaetane Thiney se transforme en passeuse décisive et offre à Eugénie Le Sommer, sa compagne d’attaque, l’occasion de scorer pour la 6ème fois de suite pour l’équipe de France, avec un tir puissant qui va se loger sous la barre, (70′), portant sa signature tellement elle est capable d’associer avec une rapidité d’expert : décision et frappe. C’est la « Calamity Jane » du football féminin.
Le mental de Gaetane Thiney, à l’image de l’équipe de France, a fait la différence. Elle avait décidé que, cette histoire d’être proche de quelque chose sans l’avoir, commençait à bien faire, et qu’on est bien mieux en gagnant qu’en se donnant des raisons de croire que l’on aurait pu gagner. Philippe Bergerôo l’a qualifié souvent « de guerrière ». Alors, quand le duel s’annonce face à la défense japonaise, après qu’elle ait récupéré une balle dans les pieds japonais, pour faire commettre l’erreur adverse, c’est sans états d’âme et avec la conscience que la France était supérieure, qu’elle enfonce un clou symbolique mais fort : celui de la victoire assurée (3-1, 84′). Le match est plié.
Une victoire pour un autre mondial, celui de 2019 ?
Cette victoire, dans un tournoi amical est un tournant. D’abord, face aux championnes du Monde et d’Asie en titre, l’équipe de France a gagné en jouant de qualités mentales, tactiques et techniques, dans le cadre d’une performance maitrisée.
Gaetane Thiney, ambassadrice avec Laura Georges de cette candidature, a fait son job. Comme d’habitude. Excellemment fait. Le sport a ses symboles. Ce match en a rencontré quelques-uns. Le vent a tourné pour les français. Pour de bonnes raisons. Elles ont travaillé pour.
Ce sont bien les Meilleures Amies du Monde qui ont gagné ce match. L’ensemble du groupe France qui a trouvé sa solution et qui a apporté au groupe, chacune et chacun, la même intention d’aller au bout d’une aventure qui les fera, plus tard, certainement se reconnaître et s’apprécier au delà du temps, pour partager ce qu’elles sont en train de vivre et qui leur appartient : un projet unique et dont elles ont la légitimité de revendiquer l’objectif : quelque chose de significatif au Mondial 2015.
Suivez-les, en appréciant et accompagnant leurs performances. Elles le méritent.
William Commegrain
Bouhaddi – Jessica Houara D’Hommeaux, Renard (cap.), Butel, Boulleau ; Bussaglia (puis Abily 58ème), Henry, Dali (puis Diani 46ème), Lavogez (puis Hamraoui 75ème) ; Le Sommer (puis Toletti 92ème), Thiney (puis Delie 85ème).