Lors de cette visite téléphonique avec le RAF, Rodez Aveyron Football on se rend vite compte que l’objectif est loin de celui des leadeurs du championnat et comme le dit Sébastien Joseph, le nouveau coach de la D1 féminine, « si l’objectif est celui du maintien, il est surtout celui de l’atteindre le plus tôt possible ». 

En effet le constat est simple : les places européennes sont déjà prises. « Il faut donc éviter les trois places reléguables dans un championnat à 12 et se situer entre la 6ème et la 8ème place » quand la première place non-reléguable se trouve au 9ème rang et que 4 points séparaient le 9ème du 6ème.

Rodez propose à de jeunes joueuses de jouer en D1. C’est simple mais seul 12 clubs peuvent le proposer. Et certainement pas tous.
C’est donc un club qui est conscient des réalités qui l’attendent et présente un argument plutôt rare en D1 avec un maintien constant depuis sa montée sans avoir réalisé le moindre ascenseur, lui permettant « de faire une sixième saison consécutive que seul Saint-Etienne » peut présenter dans la course à l’échappée de la descente (Soyaux, Saint-Etienne, Albi, Rodez, La Roche sur Yon, Nîmes Métropole Gard, et la VGA Saint-Maur).

Sans moyen spécifique, au cœur d’une concurrence vive avec Nîmes, Montpellier et Albi, Rodez présente « des conditions d’entraînements et d’infrastructure intéressantes » recherchant de jeunes joueuses qui viennent trouver du temps de jeu et une progression en D1 associant le début d’un double projet professionnel.

Sébastien Joseph le dit : « L’équipe est ainsi à l’écoute de joueuses s’exprimant en D2 avec un potentiel de D1 sans avoir le collectif autour pour mettre en valeur leur performance et leur progression, entourée de joueuses qui ont choisi Rodez plutôt que Toulouse, centre universitaire fort, car le club aveyronnais propose la D1 quand la capitale du Midi-Pyrénées reste encore en D2″.

Mais le coach reste éberlué par le recrutement de l’Olympique de Marseille (D2) qui annonce un niveau de D1 réléguant le club historique marseillais du FAMF aux oubliettes et l’avertissement ne passe pas inaperçu auprès de la communauté des « survivors » de la saison précédente, d’autant plus qu’au loin, sonne les cloches des Girondins de Bordeaux comme du Losc, tout juste arrivés en D2.

Pour autant, et Rodez en est l’exemple, les contrats fédéraux ne garantissent pas une joueuse de haut niveau et pour qu’une équipe puisse bénéficier de cette disponibilité offerte par les joueuses, il faut que l’essentiel des joueuses soient sous contrat pour que l’équipe profite des conditions de récupération. Sinon, autant aller vers un club bien structuré médicalement, en terme de prévention et de gestion des blessures.

Aujourd’hui, les équipes de D1 et de D2  qui ont une équipe entière sous contrat ne sont pas si nombreuses.

Soyons simple, on a jamais vu une joueuse en laisser passer une autre au regard de son statut fédéral et on a jamais vu trois joueuses fédérales faire remporter à elles seules un ou plusieurs matches, en raison de leur statut fédéral. Le championnat à cet égard est parlant. Pour avoir vu jouer Stéphanie Roche face au PSG qui a été sous les feux de la rampe médiatique pour avoir été élue seconde « au plus beau but FIFA de l’année » ; j’ai été loin de la trouver transcendante.

C’est donc la joueuse qui est le moteur de la performance et dans ce cadre, l’esprit de corps d’un groupe comme son projet de vie sont des éléments qui cimentent une performance.

Dans ce cadre, Rodez a des armes à faire valoir comme les autres clubs de D1 féminine dès lors que les conditions de récupération soient correctes. Elles jouent en D1 depuis 5 saisons. Ce n’est pas rien comme « background ».

Le club propose de jouer en D1 qui est une réalité quand d’autres pourront proposer la D2 avec un revenu, et le projet d’aller en D1. Si cette proposition est réservée à peu de joueuses dans l’équipe de D2,  je ne vois pas en quoi cette nouvelle construction serait nécessairement meilleure que celle déjà connue en D1 avec des clubs comme Rodez qui a une offre de projet professionnel pour un public bien ciblé (jeune à 22-24 ans)

Vendons aussi cette réalité.

Ce n’est le statut qui fait la joueuse. C’est la joueuse qui mérite le statut.

Rodez n’a pas de contrats fédéraux. Ils ont des joueuses de football féminin en D1 depuis cinq ans. Un groupe qui a un projet de vie commun et qui sait qu’elles partent sans garantie de réussite mais avec la volonté de réussir. Un public aussi nombreux que bon nombre de clubs de D1.

Serait-ce trop que de les aider à réussir ?

Alors, « les Raflettes », bonne chance avec votre différence.

William Commegrain lesfeminines.fr

PS : le PSG reçoit Rodez en 1ère journée. Rodez ne vient pas chercher les quatre points. Son championnat est ailleurs.