Le vrai problème du football féminin français ne se trouve pas dans la non-diffusion de la 9e Coupe du Monde de la FIFA au prix proposé par l’organisme international. Aucun doute que les Bleues seront sur nos écrans ; ce ne sont que les autres matches que nous ne verrons pas au pire de la situation.

Tout autant, il ne se trouve pas dans les propositions insuffisantes reçues par la fédération pour la diffusion sur quatre saisons de la D1F Arkema, par les médias.

Il existe un problème bien plus conséquent.

Tout cela ne touche que le portefeuille de celles installées dans ce monde qui craint de le voir se réduire, faute d’autres solutions. Une relation égoïste à l’argent dans la droite ligne de l’évolution choisie de la haute performance féminine.

Le problème est bien plus important. Les joueuses françaises ne passent pas le « cut » de la reconnaissance internationale. Aucune française dans les grandes équipes européennes étrangères à l’exception d’Eve Perisset pour Chelsea.

Les joueuses françaises sont considérées comme de bonnes joueuses, mais c’est tout et surtout pas plus. D’où le problème.

Les joueuses françaises n’intéressent pas les meilleures équipes européennes.

Le problème du football féminin français, sur le plan international, est qu’il n’y a aucune joueuse française qui s’est trouvée dans les dix-huit des quatre meilleures équipes européennes (Barcelone, Chelsea, Wolfsburg, Arsenal), à l’exception d’Eve Perisset, latérale droite titulaire à Chelsea.

L’effectif du FC Barcelone, double championne d’Europe (2021-2023) ne comprend aucune française après avoir démarré en faisant appel aux internationales Elise Bussaglia et Kheira Hamraoui pour se lancer sur le plan européen. Depuis, au plus haut niveau, aucune Bleue n’est recherchée ni intégrée et les françaises jouant Liga Iberdrola jouent pour le Real Madrid, seconde en championnat mais inexistante en Coupe d’Europe (éliminée en phase de groupe) où les meilleurs clubs européens terminent la compétition, comme Toletti Sandie en titulaire et Naomie Feller, remplaçante, par exemple.

En Allemagne, Viviane Asseyi a fait une année au Bayern de Munich et évolue maintenant au West Ham (8e sur 12 de la saison 2022-2023). Avec Kenza Dali, toutes deux à plus de soixante sélections en Bleue, c’est loin dans le concert de la FA WSL. Aucune Bleue ou potentielle bleue à Wolfsburg (finaliste de Women’s Champions League) ni du côté de la Bundesliga. L’Allemagne, seconde mondiale au palmarès de la FIFA.

Il y a là le constat d’un vrai déficit de performances.

Les joueuses françaises ne sont pas prises par les meilleures équipes étrangères car on trouve meilleure à leur poste.

Un problème puisque, si vous regardez le trio du dernier Mondial, avec des joueuses américaines, du Pays-Bas et de la Suède ; si la plupart des américaines jouaient à domicile en NWSL, les Pays-Bas comme la Suède étaient faites de joueuses qui s’exprimaient dans les meilleurs clubs des championnats étrangers où elles évoluaient. Cela dépassait rarement la 3e place.

A partir du moment où les clients étrangers considèrent que le produit n’est pas aussi bon alors, il faut tirer la sonnette d’alarme en urgence plutôt que de courir après des principes plus qu’après du contenu.

Le niveau des équipes françaises est contesté

Et si vous constatez que l’Olympique Lyonnais va devoir laisser son rôle de favori au FC Barcelone ; revenu d’un (0-2) à la mi-temps, pour finir par un (3-2) leur donnant leur second titre, sur la simple base, qu’elles ont le sentiment d’être légitime et les championnes de la décennie 2020-2030 ; alors il vous reste peu de places à l’espoir d’un meilleur niveau international des Bleues puisque le Paris Saint Germain, s’attache, au fil du temps, aux excès de la section masculine, avec autant de lignes sportives que de lignes dans les faits divers.

Les deux équipes sont éliminées en quart de finale, avec cinquante pour cent de joueuses étrangères, et en allant plus loin, le Paris Fc, comme Bordeaux, n’a pas pu dépasser les play-offs d’Août 2022, sans entrer dans les seize meilleures équipes européennes.

A l’évidence, il va y avoir un vrai problème dans les années à venir si la sonnette n’est pas tirée.

Le Bilan

Les françaises à trop courir après l’argent, ont oublié qu’il est un des meilleurs somnifères de la motivation interne d’autant que dans un sport collectif, il faut un état d’esprit commun pour arriver aux meilleurs résultats. On a perdu cette volonté extrême que l’Ol et le Paris Saint Germain avaient, d’autant plus que les autres n’existaient pas.

Dans un phénomène de concurrence, avec les nouvelles générations, les principes moteurs s’effacent face aux principes déformateurs de la professionnalisation du football, dans sa globalité. Les filles veulent la même chose que les hommes mais sont en manque d’arguments sportifs pour le justifier aujourd’hui, quand avant-hier, l’argument avait la force de la vérité.

Plus que la médiatisation d’un sport qui a perdu sa légitimité « d’égalité » avec les hommes comme on perd sa virginité face aux réalités, il va falloir s’occuper bien plus du mot performance que de celui de la médiatisation des meilleures, qui ne touche que les meilleures, pour agrandir le portefeuille … des meilleures.

Aujourd’hui vous voyez des jeunes arriver. Dans leurs yeux, une seule attente : un contrat avec la résonnance financière qui va avec. Il va falloir que le football féminin français arrive à associer l’un avec l’autre et quitte la stratégie d’avoir l’un, pour mettre de côté, l’autre.

Si les filles n’arrêtent pas de penser à leurs intérêts premiers sans mettre du contenu à l’intérieur, on risque une descente, logique implacable et assez vertigineuse.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Voilà les onze des quatre meilleures équipes européennes. La France n’aligne qu’une joueuse (A comparer avec les autres nations) Et si vous regardez le banc de ces quatre équipes, aucune française et donc aucune Bleue.

Chelsea : Berger (All), Périsset (Fr), Mjelde (Norway), Eriksson (Suède), Carter (Ang), Cuthbert (Ang), Leupolz (All), Reiten (Norway), Charles (Ang), Cankovic (Serbie), Kerr (Australie).

Barcelona : Panos (Espagne), Bronze (Ang), Paredes (Espagne), Leon (Espagne), Rolfo (Suède), Bonmati (Espagne), Walsh (Ang), Guijarro (Espagne), Graham Hansen (Norway), Geyse (Brésil), Paralluelo (Espagne).

Wolfsburg : Frohms (All), Rauch (All), Janssen (Pays-Bas), Hendrich (All), Wilms (All), Oberdorf (All), Roord (Pays-Bas), Brand (All), Huth (All), Jonsdottir (islande), Pajor (Pologne).

Arsenal : Zinsberger (Autriche), Maritz (Suisse), Wubben-Moy (Ang), Beattle (Ecosse), Rafaelle (Bresil), Maanum (Norway), Wâlti (Suisse), Pelova (Pays-Bas), Mccabe (Irlande du Nord), Blackstenius (Suède), Catley (Australie).