Qui a vu le crunch entre les Anglaises et les Françaises pour le gain du Tournoi des six nations a dû regarder à deux fois pour savoir si les fluettes françaises jouaient bien dans la même cour que les Red Roses ! (33-0) à la mi-temps sauf que sur quatre-vingt minutes, l’excès de qualités devient souvent un défaut quand les deux équipes, différentes, restent homogènes. Trop lourdes, elles sont remontées par les Bleues, plus virevoltantes (38-33).

Un physique de dingues du côté de l’Outre-manche.

Hannah Botterman, 103 kilos pour 1m58, pilier droit de l’équipe anglaise aux quatre tournois consécutifs (2019, 2020, 2021 et 2022), laisse rêveur quand elle remplit l’écran, nous obligeant à chercher, à gauche et droite, un peu de vert ou de bleu, pour être certain qu’elle ne joue pas seule !

Si elle était la seule ! Mais la capitaine Marlie Parker, mère de famille, 33 ans, 78 kilos pour 1 mètre 65, a tout de la tenancière de café, prête à écouter l’arbitre d’Afrique du Sud, là imaginée en policière, expliquant à ladite tenancière et capitaine des Red Roses, qu’il ne faut pas écraser sur la table, les françaises invitées qui ne veulent pas payer leur repas !

Faut dire qu’elles n’avaient rien dans leurs assiettes au bout de quarante minutes de jeu. Les anglaises avaient tout pris et mangées, terminant le repas (33-0) avec un essai à la 40’+2 d’Aldcroft (1,81 pour 85 kilos) sur un impact qui avait fait reculer Pauline Bourdon de trois mètres ! L’écran nous montrant la demie de mélée française, soufflant sous la force subie « Rien à faire ». Dégoutée et dépitée.

« Rien à faire ! » c’est ce que nous pensions tous quand le plan anglais indiquait cinq essais pour les anglaises alors que les Bleues, avaient vainement essayé de piquer leurs adversaires, pendant les quinze premières minutes. Sans aucun point et sans difficulté pour leurs adversaires.

Même Jessie Tremoulet, pour son dernier match, ratait une pénalité impensable à la 5′.

La mi-temps se terminait sur une émotion qui fait mal.

La poussée en mêlée anglaise avait fait reculer celle française de cinq bons mètres ! A croire que si la caméra était restée fixe, la moitié de la mêlée française aurait été hors écran ! Disparue. Dans la foulée, à choisir, la capitaine française avait choisie d’aller jouer la touche plutôt que de s’y recoller ! Voilà pour la puissance quand, du côté de la vitesse, la double accélération de Abby Dow, pour le premier essai avait laissé sur place les longs cheveux de Llorens, trois quart aile française, déposée par son adversaire.

On cherchait un souffle pour respirer. Rien ne venait. Heureusement personne pour nous dire que là, même si les anglaises avaient remporté neuf matches sur les dix dernières oppositions, elles prenaient la plus grande raclée en opposition directe, et devant 58.498 spectateurs record mondial.

Les gros n’ont pas de souffle

Dans la reconversion, un grand principe que je demande à appliquer est d’identifier comment sa qualité, trop exprimée, devient son défaut qui empêche beaucoup de reconversions.

Là, à l’évidence, la qualité anglaise de percussion n’a pas tenu sur la durée.

Les françaises ont joué à la main, tournées autour de leurs adversaires. Reprenant le ballon dès qu’il se jouait, les empêchant de respirer, de souffler, de s’autoréguler. Et ce qu’on a vu, c’est les Bleues devant et derrière la première ligne, tout juste relevée, regardant le dos des Bleues qui tourbillonnaient.

A ce jeu, la France plante cinq essais (Boulard, Vernier, Escudero, Gros, Banet). Colle aux anglaises qui ne doivent leur succès final qu’au fait d’avoir, pendant leur temps fort, marqués tous les points et essais qui se présentaient.

Bénéficiant, d’être à quinze contre treize françaises (cartons jaunes Tremoulière à la 32′, Bernadou 36′). Un sacré avantage qui a donné un essai transformé (32′), un essai de pénalités (36′) et un dernier transformé (42′). Soit 19 points en dix minutes.

Le bilan est là : dans le très haut niveau, quand les deux équipes sont différentes mais peuvent se faire mal. Ne rien rater te donne la victoire, car aucune qualité, compte tenu de l’homogénéité, ne sera pas un défaut sur la durée et donc la chance de l’autre.

Les anglaises font le Grand Chelem pour avoir pris les points quand il le fallait.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Red Roses

Starting

15. Ellie Kildunne, 14. Abby Dow, 13. Helena Rowland, 12. Tatyana Heard, 11. Claudia MacDonald, 10. Holly Aitchison, 9. Lucy Packer, 1. Hannah Botterman, 2. Lark Davies, 3. Sarah Bern, 4. Zoe Aldcroft (VC), 5. Sarah Beckett, 6. Sadia Kabeya, 7. Marlie Packer (C), 8. Alex Matthews.

Finishers 

16. Connie Powell, 17. Mackenzie Carson, 18. Maud Muir, 19. Poppy Cleall, 20. Morwenna Talling, 21. Natasha Hunt, 22. Amber Reed, 23 Jessica Breach.

France

Starting

15. Boulard, 14. Banet, 13. Menager, 12. Vernier, 11. Llorens, 10. Tremouliere, 9. Bourdon, 1. Brosseau, 2. Sochat, 3. Bernadou, 4. Feleu, 5. Forlani (C), 6. Berthoumieu, 7. Hermet, 8. Escudero. 

Replacements

16. Riffonneau, 17. Mwayembe, 18. Khalfaoui, 19. Menager, 20. Gros, 21. Chambon, 22. Arbez, 23. Filopon.