De 5.000 personnes en 2012 qui faisait écrire, « il y a foule ! » À 60.000 aujourd’hui, où le commentaire va être simplement, « le football féminin, ça intéresse ! » Un vrai bon sur la Lune en cinq ans.

Des stades quasiment pleins

Devant 72.262 spectateurs, installé au Camp Nou, les barcelonaises ont fait totalement oublier leur premier quart de finale européen qui se jouait il n’y a pas si longtemps, en 2016 (23 mars), sur le petit stade Johan Cruyff, devant 5.000 spectateurs, face par exemple au Paris Saint Germain de Farid Benstiti (0-0 à l’aller), qualification du PSG au retour (1-0) sur un but de Cristiane, à la 87′.

Là, sept ans plus tard, on est monté à 72.262 quand le record mondial, détenu par le club catalan, remonte au 23 avril 2022 avec 91.648 spectateurs ! Certes avec des tarifs privilégiés comparés à ceux masculins pour des billets entre 9 et 15€, ramenés à 2.50 € pour les socios du club. Une demi-finale aller de Women’s Champions League gagnée magistralement face aux Louves de Wolfsburg, sur le score de (5-1) par Barcelone.

À noter que trois semaines auparavant, le club catalan avait réuni 91.553 spectateurs pour un quart de finale de la Coupe de la Reine !

Ce jeudi, seuls 19.386 spectateurs n’ont pas répondu à l’appel de la quatrième qualification consécutive en finale de la Women’s Champions League en comparaison du record de 91.648 établis face à Wolfsburg.

Cela signifie qu’il existe une foule de plus de 70.000 spectateurs pour venir assister à un match de haut niveau en football féminin et voir le FC Barcelone gagner. Cela remplirait le Parc des princes sans souci, avec un résultat bien supérieur à la finale de la Coupe du Monde 2019, au Groupama Stadium de Jean-Michel Aulas, en Juillet 2019.

Vous me direz, il s’agit de l’Espagne dont on connait la ferveur pour le football. C’est un peu vrai. C’est aussi vrai en Angleterre, la demi-finale qui va se jouer ce soir (18h45, DAZN) annonce « complet » avec plus de 55.000 spectateurs à l’Emirate Stadium d’Arsenal pour recevoir le Vfl Wolfsburg (2-2) et espérer continuer à rêver « in english » à un peu moins de quatre mois de la Coupe du Monde 2023 en Australie et Nouvelle-Zélande, dans la continuité du gain de l’Euro 2022, joué dans un Wembley surchauffé, de 87.192 spectateurs.

C’est vrai, c’est devenu vrai : il y a du monde pour le football féminin.

La gagne, seul indicateur de remplissage ?

N’en doutons pas, au même titre que pour le football masculin, les stades sont « fulls » à la condition essentielle que le club gagne des titres et des positions européennes.

Une réalité pour la version féminine du FC Barcelone, ressuscité de 2012 à 2015 (4 titres), contesté de 2016 à 2019 (Athletic Bilbao et Atletico Madrid), vainqueurs du championnat espagnol depuis 2020 (3 titres). Cinq fois vainqueurs de la Coupe de la Reine depuis 2017. Finaliste de la Women’s Champions league en 2019 et 2022, vainqueur en 2021.

Et surtout, mis en lumière avec la double récompenses FIFA THEBEST d’Alexia Putellas, sacrant la meilleure joueuse mondiale (2021 et 2022), double Ballon d’Or (2021 et 2022) et meilleure joueuse européenne en 2021.

Pour Arsenal, et sa première demi-finale de l’ère nouvelle de cet après-midi (18h45), il s’agit pour le club anglais d’Arsenal de faire revivre les émotions de 2022 avec l’Équipe nationale, mais surtout de rejoindre Chelsea (finale 2021), après avoir été le seul club anglais à gagner le titre en 2007 ! Une époque où le football féminin n’avait rien à voir avec celui actuel.

Avec le Fc Barcelone en finale, même avec le Vfl Wolfsburg qui réunit un peu plus de 30.000 spectateurs pour ses matches européens, ne cherchez pas une place en finale le 3 juin à Eindhoven, le stade est à l’évidence « sold out ».

Et la France ? Paris a des Ultras, les autres ont des fans.

J’ai connu des PSG-OL à Charlety où trois excentrés, ayant entraîné quelques autres, chantaient de la première à la dernière minute, dans un stade vide donnant un écho d’opéra à chacune de leurs intonations, que même l’arrière latérale opposée, cent mètres plus loin, pouvait entendre !

Puis les Ultras sont venus et visiblement, ils ont formé un chœur de 500 à 2000 personnes qui se sont pris de cœur pour les feminines, devenant certainement, les fans les plus visibles et chantants du football féminin européen. Avant que ne vienne Barcelone.

Aujourd’hui, en prévision de la finale de la Coupe de France, ce 13 mai à Orléans, les Ultras du Paris Saint Germain ont envoyé une convocation à chacun de leurs fans, pour remplir le stade des chants du PSG, face à de modestes retraités et passionnés de l’Olympique Lyonnais, présents à chaque fois mais peu en nombre face à la foule potentielle parisienne.

En conclusion, si les autres clubs n’ont pas d’Ultras, ils ont cependant des fans bien plus nombreux. Venus en visiteurs, assez tranquillement, amoureux de leur club. A l’exception de Barcelone, qui « idole » les couleurs du Barça.

Le sport féminin gagne des audiences

A l’évidence, le sport collectif féminin gagne des audiences. Le dernier crunch entre l’Angleterre et la France (38-33) s’est joué devant 58.498 spectateurs, record mondial pour le rugby établi à Twickenham (29 avril 2023) quand le précédent était de 42.579 pour la Coupe du Monde féminine jouée en Nouvelle-Zélande.

Si on savait la formule gagnante pour les équipes nationales, on apprend qu’elle existe maintenant pour certains clubs dans les phases finales des compétitions. La prochaine évolution sera celle des championnats avec un public cible plus nombreux, spécifique au football féminin, amoureux de leur club.

William Commegrain Lesfeminines.fr