La France s’est imposée (2-1) face au Canada qu’elle a très souvent battue dans les dix dernières saisons (4 fois sur 7 matches avec 1 nul), à l’exception des compétitions internationales où les Canadiennes ont toujours pris le meilleur : JO 2012, match pour la médaille de bronze remporté par le Canada suivi des JO 2016 à Rio.

La foule française attendait cette victoire depuis que le style Hervé Renard a posé ses valises à Clairefontaine comme dans le cœur des joueuses et aficionados, rendant grâce à sa communication interpersonnelle en comparaison d’une Corinne Diacre que les contenus des cinq saisons à la tête des Bleues, l’avait contraint à se protéger dans une tour d’ivoire. Autant certainement par nécessité que par goût personnel.

A la relecture des deux matches, face à la Colombie, et au Canada, deux évidences s’imposent : les buts français sont tous mis en seconde mi-temps. La cause en est évidente : la France est puissante sur les quatre-vingt-dix minutes de jeu. Elle associe du dynamisme à cette puissance.

Un contenu puissant intéressant.

Là où de nombreux autres ont vu une qualité tactique, j’ai préféré retenir la PUISSANCE des bleues.

Les visiteuses, championne olympique en 2021 à Tokyo, ont eu la main sur la partie durant seulement les 5′ premières minutes, pressant haut les nouvelles françaises fortes de sept changements sur cette rencontre, sans qu’elles ne paniquent, mais juste chassées par des chasseuses qui au final n’ont rien attrapé.

Un temps fort qui s’est terminé par une belle occasion d’ouvrir le score sur une tentative jouée trop simplement par leur capitaine Christine Sinclair, 39 ans au compteur, 323 sélections sur ce match pour un record mondial du nombre de buts marqués en sélection : 190 buts.

Le reste s’est fait avec un dynamisme fort des joueuses, courant en verticalité avec puissance et détermination, cherchant comme sur un ring, non pas le KO mais l’impact qui sur la durée, fait vaciller l’adversaire, pris par quelque chose de plus fort que lui.

Les Françaises ont été plus fortes que les Canadiennes, en vitesse, en intention, en technique et en mouvement collectif. Cela fait beaucoup et lorsque la mi-temps a été sifflée par l’arbitre portugaise Sandra Bastos sur un (0-0), le sentiment était mitigé, d’autant que Huitena avait certainement eu la meilleure occasion sur une balle en profondeur, maitrisé dans la surface, sans adversaire pour l’en empêcher. Juste Constance Picaud, qui jouait sa deuxième sélection, dans un geste salvateur pour une gardienne.

Du côté des Bleues, deux joueuses ont survolé cette rencontre. Delphine Cascarino, tant à droite qu’à gauche, même plutôt face à Ashley Lawrence du PSG, a pris en puissance et en vitesse, les côtés canadiens pour en faire son autoroute personnelle. Elle dépose un nombre incroyable de ballons, profitant des quelques centimètres qu’elle a imposés à son adversaire, pour signer des centres qualitatifs dont un permettra à Grace Geyoro, d’ouvrir son 15e but en sélection (1-0, 50′)

En défense, placé à droite, Elisa De Almeida a fait un match extraordinaire. Certainement son meilleur en Bleue, à une position qui nous l’avait fait découvrir avec Corinne Diacre et là encore, avait été très surprenante en marquant trois buts comme arrière latérale droite.

Cette fille a un tempérament bagarreur bien plus prononcé que sa technique, ce qui lui fait des relances et des contres qui dévastent les équipes adverses, les laissant coi, en espérant l’impensable, histoire d’espérer quelque chose quand les autres sont bien meilleurs.

Pour les autres bleues, il s’agissait de mettre le pied sur le marchepied des prochains vingt-trois qui prendront le train de l’espoir. Le train n’est pas au niveau des attentes des Français depuis qu’Hervé Renard a pris les rênes de la sélection. On a même vu un consultant de l’Équipe TV, argumenter que le coach de l’ex-Arabie Saoudite a le profil d’être sélectionneur des Bleus, en remplacement de Didier Deschamps, mais qu’il le verrait plutôt coach de l’OL, en remplacement de Laurent Blanc.

Quand on est à un tel niveau d’attente ou d’estime, il s’agit plutôt de prendre la navette spatiale qui mène directement à la Lune, planète des rêves que les joueuses veulent atteindre.

Le rêve s’alimente de faits et d’espoirs et dans ces deux matches, il y en a eu.

Eugénie Le Sommer revenue en sélection, montre que tout est possible, auteure d’un doublé qui a remis la France à égalité avec la Colombie (2-2). Léa Le Garrec, capitaine du Fc Fleury 91, 29 ans, retrouve six saisons après, une sélection et le bonheur de marquer (2-0, 64′) sur une erreur incroyable de la gardienne Sherigan, qu’elle exploite avec harmonie et technique. Bousculée par la Colombie, 26e FIFA (0-2) à la maison, les voilà qu’elles finissent avec un (5-2) jamais obtenu dans l’Histoire après une telle situation.

Il y a de quoi rêver et cela se fait, l’homme appelle une inconnue des tablettes des A, Jade le Guilly (20 ans) pour lui faire goûter à la sélection en A, histoire de dire à l’équipe U23, fournisseur déjà de quatorze petites Bleues à la grande Bleue, que le rêve de « tout de suite » est possible.

Amandine Henry a pris sa voiture pour faire la bise aux Bleues et Sarah Bouhaddi écrit fermement qu’elle est prête à revenir avec l’erreur de Constance Picaud, laissant la balle glisser sous elle pour qu’Huitema marque le but réducteur canadien (2-1, 71′).

Qui a gagné dans ces deux rencontres ? Difficile de dire sauf que peu ont perdu, c’est une évidence et même Hawa Cissoko, dans les vingt-six, n’ayant pas fait une minute sur le terrain, a pris le rôle de leader d’âme lors de son anniversaire en parlant comme les jeunes parlent, écoutés par le Chef de village. Elle a sa chance.

Sur le plan football, face au Canada, j’ai été très surpris par la vitesse au pied de Laurina Fazer (18 ans) que je trouvais trop jeune à l’impact mais qui a le jeu de ne vouloir commettre aucune faute de passe, utile quand on contre. Jean-François est indispensable sur sept matches à jouer. Sa marge d’erreurs est limitée et elle peut très bien descendre comme défenseur centrale.

Aux deux, il leur manque la puissance et continuité de Jessie Fleming du Canada en ayant le même feeling qu’elle sur le terrain. Plutôt utile, car à l’évidence, cette Coupe du Monde sera celle de la vitesse et mettra à jour de nouvelles têtes.

William Commegrain Lesfeminines.fr

La fiche technique

FRANCE – CANADA 2-1 (0-0)
Au Stade Marie-Marvingt du Mans. Arbitre : Sandra Bastos (Portugal). Spectateurs : 14 201. 
Buts : Grace Geyoro (51e) et Léa Le Garrec (64e) pour la France, Jordyn Huitema (71e) pour le Canada. 

FRANCE : Picaud – Karchaoui, Renard (C), E. Cascarino, De Almeida – Jean-François (puis Le Garrec, 56e), Toletti, Geyoro (puis Dali, 86e) – Mateo (puis Bacha, 55e), Le Sommer (puis Fazer, 75e), Cascarino. Remplaçantes : Peyraud-Magnin, Chavas, Pérsset, Cissoko, Lakrar, Asseyi, Majri. Sélectionneur :Hervé Renard. 

CANADA : Sheridan – Chapman (puis Riviere 52e), Rose, Gilles, Lawrence (puis Collins 77e) – Fleming, Schmidt, Grosso (puis Awujo, 53e) – Leon (puis Larisey, 76e), Sinclair (C, puis Lacasse, 63e), Huitema (puis Viens, 76e). Remplaçantes : D’angelo, Yekka, Saint-Georges, Carle, Alidou, Allen. Sélectionneuse : Beverly Priestman.