Hervé Renard a acquis, en Afrique, un surnom, le sorcier blanc.

Le sorcier Blanc

Son parcours professionnel dans l’élite est africain (Ghana, Zambie, Côte d’Ivoire, Arabie Saoudite), sa mère est d’origine polonaise, il a grandi en Savoie (Aix-les bains) et s’est installé professionnellement sur la Côte d’Azur, en créant une entreprise de nettoyage de villas, RV Net, se levant à 3 heures du matin pour terminer la journée par entraîner le club de Draguignan (N1, 30 ans, 1998).

Il dit qu’il a appris le haut niveau avec Claude Le Roy, en étant son adjoint. Un coach âgé de 75 ans et encore à la tête d’une sélection africaine (Togo) en 2021. Pas loin de quinze contrats de sélectionneur dont dix équipes africaines. Un autre sorcier blanc, vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations en 1988 avec le Cameroun.

La question que je pose est la suivante : peux-tu travailler aussi longtemps en Afrique sans être africain ?

La réponse est simple : impossible. Il suffit de demander à tout expatrié qui a plongé ses valises dans cette terre africaine. Même après deux mois, il est déjà transformé. Il ressent que la Nature et les Hommes sont une priorité.

Ces deux-là ont en eux, un scanner qui décode les hommes et les situations, sans se préoccuper un seul instant de l’environnement. Un jour ici, demain peut-être ailleurs, ils savent que le seul ciment que l’Afrique possède et qui peut lui faire renverser les montagnes de l’impossible est son humanité.

L’humanité qui donne des ailes à ceux qui veulent s’envoler.

L’envie de s’envoler

Alors Hervé Renard va certainement travailler ces quatre mois, à donner aux françaises, l’envie de s’envoler. Il a dans le cœur, le pays et la culture qui font partie de l’histoire de la plupart de ses Bleues : Afrique et Maghreb. Le respect du passé, le respect des anciens, le respect de la morale, de la coutume, dans un corps et une âme qui doit se créer sa propre histoire pour avoir, plus tard, un héritage à donner à ses enfants.

À transmettre. Plus que de l’argent. Une âme.

La première équipe du premier match d’Hervé Renard, dans la première mi-temps a fait un match de blanc. Sérieux, organisé. Elles ont joué, sans déjouer, tout en jouant car on leur demandait de jouer. Se disant qu’avec le temps, les choses allaient s’améliorer, puisque 5e FIFA, la France rencontrait le 26e mondial. Cartésien.

Loin de l’esprit de la Finale ‘Finalissima », première de l’Histoire, gagnée par l’Angleterre entre les championnes d’Amérique du Sud, brésiliennes et les vainqueurs de l’Euro 2022 (1-1, tab), la veille.

Et puis, à la mi-temps, l’Afrique est venue taper à leur conscience : en ayant tout, elles n’ont rien fait. Il est d’un continent où elles n’ont rien et elles font tout avec.

Grande différence, d’autant que lui, en dehors du dernier carré qu’on lui a demandé de produire, il a son idée. Sa flamme. Son envie de performances. Il ne s’en cache pas, il veut que l’Équipe de France brille. C’est assez simple, mais assez exigeant.

Il veut des rues pleines, il veut des sourires. Il veut des pauvres heureux et des riches épanouis. Il veut un pays « bleu-blanc-rouge » et je suis certain qu’il a dans la tête de remplir les Champs-Élysées, avec une Coupe en tête. Il l’a dit le jeudi de son intronisation. Micro encore ouvert, il est revenu à la table de conférence, s’est baissé pour lâcher trois mots, pas plus : « Venez en Australie, vous risquez de le regretter ! ».

L’envie de faire

Visiblement, les joueuses sur le banc, entrées en cours de jeu, Delphine Cascarino, Clara Matéo, Grace Geyoro ont ressenti des choses que leurs partenaires ne faisaient pas et sont entrées avec l’envie de les faire.

« L’envie » a transformé la France, lui permettant de mettre cinq buts de suite (51′, 56′, 59′, 73′ 90’+1) après avoir été menées (0-2) à domicile. La verticalité proposée a payé. Jamais cela n’était arrivé dans l’histoire de l’Équipe de France, un tel retournement de situations.

En dehors du décalage horaire des Colombiennes, en dehors de la différence de classement. Les deux mi-temps étaient si différentes qu’il s’est passé, obligatoirement, quelque chose à la mi-temps.

Un truc de sorcier. Là, blanc.

On peut jouer de tant de manières différentes. Corinne Diacre, avait construit ses cinq années sur un jeu raisonné. Hervé Renard semble proposer un jeu d’émotions. Il veut gagner du public. Du cœur. C’est ainsi qu’il sent ce groupe et sa mission.

Pour les télévisions, c’est du pain béni. À mon avis, elles vont vite le comprendre et signer rapidement des droits télévisuels sur cette Coupe du Monde. W9, sur ce match, a fait 1.160.000 téléspectateurs face à la Colombie. Avec un tel retour, avec la réussite d’Eugénie Le Sommer (doublé pour la meilleure buteuse de l’histoire de l’Équipe de France), face au Canada (Médaille d’Or aux Jo de Tokyo), le Mans, 21h10, W9), on va dépasser 1.500.000 et pourquoi pas toucher les 2 millions.

Un beau record pour un match amical.

Certain que tous ceux qui ont vu la Colombie seront devant leur écran mardi soir et qu’ils en ont parlé à d’autres.

On ne rate pas un spectacle émotif.

William Commegrain Lesféminines.fr