Lorsque Hervé Renard a livré sa première conférence de presse, au lendemain de la signature de son contrat l’amenant en Août 2024 à la tête de la sélection de l’Equipe de France féminine, je n’aurais jamais pensé qu’il y ait un tel impact sur le monde des médias.

D’ailleurs, à bien y regarder, les médias ne sont pas loin de la Liste d’Hervé Renard et du comité.

Les médias, appelés à aimer ce groupe

Dans les deux jours qui ont suivi la confirmation d’Hervé Renard, tous les journaux sportifs ont décrypté autant sa vie professionnelle que son environnement personnel, cherchant à gauche et droite, des angles qui nous montrent le futur mariage entre le football féminin et les médias.

Mariage, un terme un peu rapide certainement, mais par contre, un terme adapté à ce que souhaite la Fédération qui le dit, dans les mots de Jean-Michel Aulas mais aussi du nouveau sélectionneur, précisant, en s’adressant aux médias pendant la conférence de presse d’intronisation : « nous avons besoin de Vous ! ».

Reste à savoir si les médias, à qui on a déjà présenté une première fiancée avec Corinne Diacre, sera d’accord de se marier avec l’Équipe d’Hervé Renard. Pour cela, il faudra voir le contenu des rencontres, la presse française aimant, ne pas avoir trop de questions à se poser, encore plus avec le football féminin qui n’en est à qu’à ses débuts médiatiques quand on le mesure avec les exigences du statut professionnel.

En effet, à bien observer la liste, à travers la première sélection de l’ex-coach d’Arabie Saoudite, sur une liste proposée par le Comité d’une cinquantaine de noms, on peut dire qu’il y a de la stratégie en lien avec les médias.

Canal+, un lien fort avec le groupe.

Aline Riera, commentatrice et consultante sur Canal+ du football féminin, prend un rôle important dans ce groupe, puisqu’elle fait comprendre qu’elle sera la conductrice du bien-être et de l’équilibre féminin du groupe au regard de ce qui s’est passé antérieurement. Installée sur la tribune avec Jean-Michel Aulas que tout le monde connaît, Philippe Diallo, président intérimaire et Hervé Renard, elle montre en communication informelle, qu’elle est une pierre angulaire de cette équipe.

« Mon rôle de déléguée auprès du Comex consistera à ne plus rencontrer les mêmes problèmes afin que tout se règle dans le vestiaire, qu’on ait une oreille attentive et de renouer le lien entre les joueuses, le staff, la FFF et ce Comex, dans le but d’atteindre cet objectif de titre. Je vais avoir un rôle de l’ombre qui me sied bien. On va travailler activement afin qu’il n’y ait plus de problèmes de gouvernance ». 

Elle a même un rôle pour surveiller la gouvernance des Bleues. Cela risque de poser, à l’évidence, un problème quand on connaît l’importance d’un seul décideur et acteur dans les équipes françaises. En l’occurence : le coach.

Est-ce ponctuel puisque ce dernier et ses adjoints n’ont pas manqué de reconnaître qu’ils ne peuvent connaître les joueuses avec précision. Pour cela, ils commencent à tourner et le français salue l’opportunité qui lui est faite, d’avoir trois matches en Ile de France ce week-end, soit la moitié du championnat, à pouvoir suivre.

Dans ce cadre, les erreurs d’Hervé Renard sur les prénoms lors de la présentation sont normaux et compréhensibles.

De tout cela, sans prendre un risque inconsidéré, avec une arrivée la veille pour le lendemain, on peut en déduire que cette liste est autant celle du groupe qui l’a construit avec Aline Riera que celle, autonome, du sélectionneur.

Dans ce cadre, l’intégration de Lea Le Garrec (29 ans), aussi commentatrice sur Canal Plus est aussi un choix en lien avec le monde des médias. Même si sa sélection est logique pour l’apport qu’elle fait à son club Fleury Fc 91 mais, oubliée depuis cinq ans par Corinne Diacre (4 sélections, novembre 2017), elle est aussi un choix qui aurait pu se concurrencer avec Claire Lavogez (28 ans, 35 sélections), excellente aux Etats-Unis (NWSL), même si elle revient tout juste de blessure.

Sur l’environnement stratégique, dans un autre axe, vous avez aussi Eugénie Le Sommer (175 sélections, 34 ans, 86 buts), meilleure buteuse française en activité devant Marinette Pichon, très expérimentée qui revient tout en sachant que la joueuse lyonnaise, peu titulaire à l’OL (8 matches sur 13), est aussi membre du Comité Directeur de l’UNFP (Union Nationale du Football professionnel).

Pour étayer l’observation, il suffit de revenir sur le projet de jeu présenté par Hervé Renard avec cet extrait : « … un milieu de terrain avec de jeunes joueuses pour apporter du dynamisme et être conquérantes à l’image de ce qu’ont pu faire les équipes françaises hier soir avec un pressing assez haut ». Là, on n’est pas sur des caractéristiques de jeunesse.

Il est important de relever ses liens, non pas pour les contester, mais pour décrire la volonté française de construire un univers professionnel pour le football féminin.

Et dans ce cadre, la stratégie va de pair.

Des joueuses de la D1F Arkema en priorité

Logiquement, la sélection des Bleues est avant tout, une sélection de la D1F Arkema, en droite ligne de la volonté de créer une ligue professionnelle au sein de la FFF et de lier le sponsoring du championnat d’élite avec celui de l’Equipe de France. Il n’y a que six joueuses qui évoluent à l’étranger, pour vingt joueuses du championnat français.

« La FFF a un plan pour porter le football féminin vers le haut niveau à travers ses championnats et les Bleues. » dans le communiqué officiel de la FFF et le président Lyonnais, en répondant à une question, « a parlé d’un sponsoring commun pour trouver une solution à l’augmentation du budget féminin » qui ne pourra pas se faire avec le simple partenariat du championnat.

Un budget que les français n’arrive pas à augmenter en comparaison des anglais qui l’ont fait exploser.

Nous connaitrons la première sélection d’Hervé Renard avec les vingt-trois qui iront directement au Mondial 2023. En effet, les deux matches à venir contre la Colombie et le Canada sont les derniers avant la liste à venir.

Avec un délai aussi court, il va rester au staff de l’Equipe de France à se partager les équipes et les matches pour les quatre dernières journées à venir, sans en rater une.

William Commegrain Lesfeminines.fr