Les quarts de cette Coupe d’Europe des Clubs féminins 2023 a été juste extraordinaire. Le football féminin est passé au tamis de l’émotion, de la surprise, de l’incroyable, des exploits et des regrets.

L’écriture française voudrait que l’on commence par les éliminations du Paris Saint Germain et de l’Olympique Lyonnais mais l’angle pris sera celui de l’intensité des rencontres et des bouleversements que cela engendre sur quatre-vingt dix minutes et plus de jeu.

D’abord, allez voir les buts de cette journée européenne !

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FC Barcelona qualifié

Personne ne se souviendra de la victoire aisée du FC Barcelona sur l’AS Roma (5-1) à domicile, pour un 6-1 cumulé. Sauf que le Camp Nou recevait plus de 54.000 spectateurs, et à l’écran, chose incroyable, on voyait bien -non plus des enfants ayant des invitations gratuites,- mais des adultes venus voir un spectacle féminin, et bien différent des fans de la pratique masculine.

La conclusion est évidente : le FC Barcelone au féminin a un public et une cible.

Un public qui a certainement fait battre le cœur des joueuses quand on voit, que sortant, du côté opposé aux bancs, elles prennent une série d’applaudissements tout au long de leur chemin vers les vestiaires.

Un bonheur net d’impôt et de charges qui, à mon avis, deviendra la nouvelle habitude des joueuses quand elles ont fait un bon match. Entre deux pas d’applaudissements, la tapette de la coach comme signe de reconnaissance et le tour du terrain sous les bravos, le choix et le bonheur sont vite faits.

Le Fc Barcelona devait rencontrer l’Olympique Lyonnais en demi-finale. Ce qui était exact jusqu’à la 90′ +7 et ne l’a plus été deux mi-temps de prolongations plus tard et les tirs aux buts qui vont avec. Ce sera Chelsea Ladies.

Chelsea Ladies qualifiée contre l’Olympique Lyonnais

119′, une minute avant la faute de Vicky Becho sur l’incroyable James, le plan de la caméra sur la coach anglaise au tempérament et au physique d’un Guy Roux français nous le dit clairement : « c’est mort ! ». « It’s dead » pour la version anglaise. L’Olympique Lyonnais, huit fois championnes d’Europe, vient de donner la leçon à l’anglaise aux sujets du King Charles III en se qualifiant sur un but de Sarah Däbritz pour un 2-0, aux alentours de la 110′ pour 120′ de jeu.

Des buts de combattantes où l’expression, « elle est passée dans un trou de souris » a tout de la vérité ! Vanessa Gilles (70′) le sait mieux que personne.

125′ ou 126′. Au-delà du temps. La meilleure joueuse anglaise, une certaine Lauren James, au physique de lutteuse, carrée, mais subtile dans le toucher et visiblement, alerte dans la tête, par le malheur du monde, touche cette balle détournée d’un centre, dans la surface de réparation.

À aucun moment, elle ne cherche à tirer. Elle pousse sa balle et attend un petit toucher pour tomber.

En face, Vicky Becho n’est pas dans le même registre. Vingt fois depuis son entrée, elle s’est investie en taclant, en jouant du physique, pour finir par tomber, glisser. Se battre. Même Sonia Bompastor, la voyant glisser hors de la touche, l’apostrophe, prise par l’émotion et l’intensité de ces dernières minutes. Quelque chose comme « lève-toi, allez, reviens ! ».

L’Ol est qualifié à ce moment.

Il reste peu. La jeune française se baigne dans l’intensité du très haut niveau, là où les joueuses se transforment. Elles ne sont plus les mêmes. Elles sont autres.

Peut-être que l’anglaise l’a vu et l’a enregistré. Becho est jeune.

Alors elle va vers elle, dans cette surface. VIcky Becho s’interpose. Pourtant, la française fait attention, visiblement. Mais pas assez. Elle n’a pas encore l’expérience d’une Carpenter, défenseuse, qui un mètre plus loin, ne cherche pas à s’interposer. À la limite, l’australienne sait que si cette balle passe, il y a des lyonnaises derrière. Et il faudra les passer. Et il y a Christiane Endler, qui fait un bon match.

Vicky Becho est prise au piège du détail. Le fameux détail qui fait tout.

Son pied touche celui de l’adversaire. Par un incroyable, qui force à dire, par une volonté, l’anglaise se crochète et tombe.

À vitesse réelle, il n’y a rien. Avec la VAR, il y a quelque chose. Elle appelle l’arbitre croate. Effectivement, il y a un petit truc qui pourrait être rien. Sauf que l’arbitre croate, à trente secondes de la fin du match, dira qu’il y a tout.

Pénalty sifflé. Pire, on entend un coup de sifflet et on voit la joueuse toucher le ballon pour le replacer. Toutes les lyonnaises accourent vers l’arbitre pour dire qu’elle l’a joué ! Effectivement, si le coup de sifflet est bien de l’arbitre, il y a main de Mejlde et pénalty joué.

L’arbitre dira le contraire. But. Tirs aux buts. Buts, sauf Wendie Renard arrêtée. Sauf James, arrêtée. Sauf Lindsey Horan, arrêtée. C’est une gardienne allemande, Ann Katrin Berger, ayant déclaré deux cancers, qui qualifie Chelsea.

Que peut-on contre cela ? Une Happy End qui va faire pleurer et rêver plus d’une gamine anglaise.

Wolfsburg se qualifie face à un PSG valeureux.

Alexandra Popp est une joueuse qui fait peur à tout le monde depuis son Euro 2022, où ressuscitée du fin fond du DARKMEDIA, elle a emmené l’équipe allemande en finale de la compétition. Là encore, elle réalise un superbe gauche en lucarne (20′, 1-0).

Pourtant dans ce quart, dans la tempête de la seconde mi-temps, elle rate un bonheur de qualification, les buts vides, après trois quatre poteaux sur les buts de Sarah Bouhaddi. Son plat du pied, but ouvert, au lieu d’aller en angle droit, va réaliser une droite bien penchée qui a tout de l’erreur que l’on fait quand on réalise une ligne droite et qu’on est bousculé dans le dos. Une rature. Sauf que là, elle est seule.

Alors la caméra va chercher le visage de l’allemande. Déformé par les mains qui crispe sa face. On ne voit que ses yeux grands ouverts. Le souffle. L’incroyable. Rendez-vous avec un cauchemar qui pour les sportives, n’est pas une terre inconnue.

Pourtant, le Vfl Wolsfburg se qualifiera.

Mais le Paris Saint Germain aura le droit, main à l’appui, et doigts qui s’ensuivent, d’argumenter sur tous les faits contraires que cette double confrontation a généré. D’abord, les blessures de sa défense centrale avant le match. Ensuite, à l’aller au Parc, un pénalty sifflé pour ensuite être retiré, pour un pénalty allemand litigieux sur une main qui a entrainé un deuxième carton et donc un rouge d’Elisa De Almeida. Ensuite, la blessure de Groenen dans le match. Pour finir par la blessure de Kadidiatou Diani dans cette rencontre retour alors qu’elle tenait mentalement son adversaire à la gorge.

Et puis, honnêtement, sur la rencontre. Le Paris Saint Germain a dominé en contenu, moins en occasions offensives. Le coach parisien dira qu’elles auraient dû gagner. On commence à avoir l’habitude avec Gérard Prêcheur. Il n’est jamais d’accord avec la défaite, sans que l’on sache si cela relève de l’orgueil, du management de ses joueuses ou d’une réalité.

A noter l’excellent placement de Jean-François en défense centrale. Une voie à travailler pour Hervé Renard à l’évidence.

Arsenal et le Bayern nous font vivre un match incroyable.

Woaouh ! Quel match ! Quelle rencontre !

Arsenal a perdu en Allemagne (1-0) et le Bayern, dimanche dernier, vient de prendre la première place de son championnat dans un duel avec Wolfsburg, suivi par plus d1.800.000 spectateurs. Une audience digne d’une équipe nationale.

L’une est dans la réalité. L’autre est aux Portes du Paradis pour une qualification en demi-finale européenne et peut-être le titre allemand à la 17e journée qui en compte vingt-deux.

On ne va pas refaire la guerre de 39-45 où l’Angleterre a été la seule nation à se défendre face à la force allemande. On pourrait refaire la finale de l’Euro de Juillet 2022 où l’Angleterre a pris le meilleur sur l’Allemagne, mais Arsenal n’est pas fait de joueuses anglaises. Seule Williamson, capitaine est « anglais maternel ».

Sauf qu’il y a quelque chose d’état d’esprit qu’Arsenal, comme l’OL, comme Barcelona, comme Chelsea, a.

Quand tu es là-bas, le club est ta Nation.

Et Arsenal est parti à la guerre. Un but extraordinaire de Maanum (20′), dans l’esprit collectif, une référence. Magnifique. Et puis une tête à l’anglaise de la suédoise Blackstenius (26′). Tout cela fait (2-0) et une qualification,

Sauf qu’il reste du temps.

Et que le temps sera le film incroyable que nous allons vivre entre des occasions du Bayern, la défense d’Arsenal, les occasions d’Arsenal et la défense du Bayern.

Cela finira sur la qualification des anglaises, bien parties pour rêver à une finale 100% British et londonienne entre Chelsea et Arsenal.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Les demi-finales opposeront,dans un mois, les 22 et 23 avril (aller) et 29 et 30 avril (retour):

. Le Fc Barcelona (Esp) face à Chelsea Ladies (Ang)

. Arsenal (Ang) face à Wolfsburg Vfl (All)