La nomination d’Hervé Renard comme coach de l’Equipe de France féminine est traitée par les médias professionnels comme une certitude, sans poser la moindre question. On est en droit de s’interroger sur les contraintes imposées à l’Arabie Saoudite. Dans cet article, on essayera de se mettre à leur place et en préambule, de noter à quel point, la médiatisation du football féminin français, quand on parle des Bleues, est passée en pleine lumière.

La médiatisation du poste

La liste a été longue des candidats supposés au poste de sélectionneur de l’Equipe de France féminine de football, 5e FIFA à ce jour, longtemps 3e et jamais descendue plus loin que la 6e place au classement mondial de la FIFA depuis les dix dernières années.

Sans ordre de départs et avec une seule arrivée, on a vu fleurir les noms de Patrice Lair (Bordeaux), Gérard Prêcheur (PSG), Sandrine Soubeyrand (Paris FC), Sonia Bompastor (OL) pour ceux s’illustrant dans la division d’élite française.

Puis, soit armé par le sentiment que rien n’était inscrit dans le marbre, puisque le coach du PSG disait n’avoir reçu aucun contact tout autant que son employeur, sont sortis des bois médiatiques, Fabrice Abriel (FC Fleury), Elisabeth Loisel (ex-sélectionneuse EDF), Sonia Haziraj (sélectionneuse des U20) pour parler de ceux étant spécialisés dans l’exercice du football féminin.

Enfin, sans que l’on sache pourquoi mais dont on peut penser, que l’intérêt médiatique a suscité, à donner des informations croustillantes à absorber, Thierry Henry, ex-joueur et star française du football anglais, pour la dimension internationale à la recherche française, pour finir par proposer Hervé Renard (sélectionneur de l’Arabie Saoudite) ou Jocelyn Gourvennec (libre) dans un duel final.

Sans oublier parmi les candidats, l’échange avec Jean-Luc Vasseur (ex OL) et celui avec Eric Blahic (ex-adjoint de Corinne Diacre) ; et certainement en oubliant d’autres cas.

Tout cela semble ressortir d’une stratégie de communication où les médias picorent avec avidité les graines envoyées par la Ferme FFF, qui là, travaille un peu comme une « Factory », à l’exemple d’un leader en la matière, le PSG. Le produit, oui mais surtout avec une politique médiatique.

Pour comparaison, le dernier licenciement avait été celui de Bruno Bini en 2013. Il avait dû faire cinq lignes ou cinq articles des médias nationaux. Là, on est allé loin dans la presse nationale en dépassant la presse sportive, et on a touché à l’international sportif. À l’étranger, la France a d’abord confirmé son image de « strikers ».

Mais voyons les choses de manière positives, avec ce changement problématique de Corinne Diacre, on sait maintenant que les médias sont très sensibles au football féminin français quand on parle des Bleues. C’est un produit qui se lit et fait vendre.

Êtes-vous certain pour Hervé Renard ?

L’épilogue serait que l’Arabie Saoudite lâcherait Hervé Renard en lui donnant une respiration jusqu’en 2014 (JO à Paris). L’affaire est dans le sac d’après les médias.

Je me permets de relever que nous avons là, un regard très colonisateur sur cette situation.

N’oubliez pas que le Roi Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud a donné un jour férié exceptionnel pour la victoire de l’Arabie Saoudite sur l’Argentine, vainqueur de la Coupe du Monde avec Messi, lors du Mondial Qatari ! Victoire auquel Hervé Renard et sa forte personnalité ont été directement associés !

Et vous voudriez, que d’un claquement de doigt, on libère ce Héros, pour le laisser s’occuper de l’équipe de France féminine de football ???!!!

C’est un peu comme si les USA, futur hôte de la Coupe du Monde, téléphone à la FFF et demande au Président intérimaire, Philippe Diallo, de libérer Didier Deschamps, parce qu’eux, les américains, en ont besoin ! Puisqu’ils sont les USA et nous la France, c’est OK !

Imaginons que cela soit le cas, alors qui mettre à la place pour un même résultat ? Même s’il est exceptionnel et surtout pour construire une performance dans un sport où l’Arabie Saoudite a déjà mis quelques pieds dans les clubs anglais ??? Pourquoi iraient-ils vers l’inconnu avec une population qui verrait un leader les quitter, sans raison spécifique.

En plus, pour le football féminin qu’ils ont essayé de sponsoriser ! Et alors que, sur le plan de la diplomaticie du sport, le football mondial a « craché » sur leur sponsoring du Mondial 2023 en Australie-Nouvelle Zélande par l’Agence d’Etat « Visit Saudi ! », trouvant cet argent et cette image dégradants pour le football féminin !

Sans une ligne de controverse des professionnels du journalisme sportif !

C’est osé comme certitude alors que l’Arabie Saoudite a bien changé depuis 2018. Sauf que c’est ailleurs, ce sont les Pays arabes donc, la porte ou plutôt les portes du stéréotypes sont bien fermées dès qu’on dépasse le terminus des RER franciliens.

On a même vu Alex Morgan, la joueuse internationale américaine, traiter l’opération de « non-sense » en oubliant que la décision de Joe Biden de quitter, en un mois, l’Afghanistan (8 Juillet 2021) a entraîné, pour certaines, la mort et l’enfer pour les jeunes femmes afghanes.

Avec une telle incompréhension, je cherche donc les raisons d’un accord ou plutôt d’un consensus ?

 On pourrait les comprendre dans un autre sport avec moins d’enjeu, mais on là, on parle de football avec, à côté, un petit pays, le Qatar qui a pris un leadership footballistique suscitant l’envie de l’Arabie Saoudite, bien plus grande, de venir dans cette course, comme gagnant.

Donc je pose la question : êtes-vous certain d’un accord et si oui, avec quelles contreparties ?

William Commegrain Lesfeminines.fr

PS : Ce sont justes quelques mots de réflexion.