La force lyonnaise a montré sa poigne et sa puissance en confirmant la fin de mandat de Corinne Diacre en tant que sélectionneuse de l’équipe de France féminine, pour un mandat commencée en 2017.

Il ne s’agit pas de savoir si cela est juste ou injuste, cela est du ressort de Corinne Diacre et de son avocat en faisant valoir ou non ses droits devant une procédure judiciaire.

La question est ailleurs.

Jean-Michel Aulas a montré qu’il prenait en main le football féminin et la manière utilisée est faite pour montrer à tous et toutes, que cela se fera comme cela et de cette manière là. Qu’on soit d’accord ou pas, l’idée n’est pas d’être juste, elle est d’être démonstratif. En France comme en dehors de l’hexagone.

L’Olympique Lyonnais rencontre, depuis peu, des problèmes de performances, soit en contenus soit en résultats. Confronté à une concurrence espagnole (FC Barcelona), anglaise (Chelsea, Manchester City, Arsenal), le club huit fois champion d’Europe doit se bagarrer pour rester leader et l’intervention publique de Sara Gunnarsdottir a jeté un voile de réalité surprenant, touchant à l’image lyonnaise, premier club à l’esprit féminin, obligeant la joueuse à aller devant les tribunaux pour obtenir des salaires et indemnités consécutifs à sa maternité.

D’un autre côté, Corinne Diacre, au fil du temps, s’est créé un groupe en minimisant les joueuses lyonnaises, faisant perdre une forme de qualité à l’effectif de Jean-Michel Aulas, pour des choix discutés et sans nul doute discutables. Sauf que c’était son pouvoir.

Depuis 2011, il est souvent reconnu, par les suiveurs habituels du football féminin français, que l’hégémonie lyonnaise ne pouvait pas permettre à une équipe de France, de briller sans devenir un outil de concurrence pour les investissements féminins lyonnais, importants, et intéressants, notamment dans sa démarche de globalisation.

Personne n’avait compris en 2013 le licenciement de Bruno Bini, après deux demi-finales (2011 et 2012), une équipe de feu et seulement un 1/4 de finale à l’Euro 2013 de « raté ». Cette décision du Comex avait été bizarre, surtout en mettant Philippe Bergerôo qui ne connaissait pas le football féminin, alors que Patrice Lair, fort de deux finales gagnées face à l’armada allemande, aurait été le candidat idéal et surtout celui qui réclamait le poste. Sauf qu’il était, à ce moment, le coach lyonnais.

L’idée d’une équipe de France qui ne fonctionne pas à hauteur de ce qu’elle pouvait faire est quelque chose qui ne devait pas déranger le Président lyonnais. Chacun ses cartes. C’était la conclusion qui m’animait.

Possible qu’un Euro en demi-finale avec peu de lyonnaises pouvait le déranger encore plus si au Mondial 2023, les choses auraient bien tourné pour Diacre, sans beaucoup de lyonnaises « inside ».

Il ne faut pas oublier que ce sont les clubs qui paient les joueuses et qui investissent. Il leur faut un retour. Le retour, c’est d’autant plus la sélection si le club fonctionne moins. Si on réfléchit comptablement, il paie des joueuses pour des compétitions internationales qu’elles ne feront pas : Coupe du Monde, JO 2024.

C’est une situation qui est donc sous tension. Loin d’être prioritaire au regard de la valeur du budget féminin mais qui doit être mieux géré et comme tout homme du chiffre, il faut prêter attention à des situations qui doivent être mieux réglées, même si elles ne sont pas essentielles.

Aujourd’hui, l’Olympique Lyonnais n’est pas garantie de dominer la scène européenne. C’est certain. L’homme est quelqu’un qui fait rarement des erreurs de stratégie.

A l’évidence, Jean-Michel Aulas, se prépare un nouveau cheval : le football féminin français et, en conséquence, maitrise ses armes. Il était Président du football lyonnais, il va devenir Président du football féminin français.

Les ex-joueuses, tant celles faisant partie du groupe d’enquête, que les autres inscrites dans les médias depuis peu l’ont certainement bien compris. Laura Georges comme Aline Riera. Tout cela justifie de l’unanimité du groupe d’enquête.

On peut lui donner le droit d’affirmer que la France réussira sa Coupe du Monde sous sa direction. C’est possible. Sa réussite avec l’OL est une raison de le justifier comme de l’entendre. Ce serait une erreur que de le contester.

Ce serait tout autant une erreur de dire qu’il n’y est pour rien dans le licenciement de Corinne Diacre, de la médiatisation des reproches et des joueuses, et dans la décision prise. Enfin, ce serait encore une erreur que de penser qu’il ne veut pas que cela se sache ou soit compris. Je ne serais pas étonné qu’il intervienne dans les médias internationaux dans la continuité.

Il était Roi lyonnais du football féminin ; souhaitons lui d’être le Roi du Monde en Août 2023 ; car soyons certain qu’il ne sera pas loin du banc des Bleues.

William Commegrain Lesfeminines.fr