Ce que je vais écrire ne va pas plaire. La foule numérique et médiatique a déjà condamné Corinne Diacre. Depuis Vendredi, le lynchage me choque.

A croire que dans cet ensemble, personne ne veut lui donner le crédit d’une raison, acceptée ou non, acceptable ou non. L’attribuant en exclusivité à Wendie Renard, Kadidiatou Diani, Marie-Antoinette Katoto comme Perle Morroni associée à Griedge M’Bock.

Ces joueuses ont certainement leurs raisons dans leurs ressentis, sans nul doute.

Sauf que les trois dernières ne sont pas directement concernées par leurs décisions : Marie-Antoinette Katoto est blessée depuis un an, Perle Morroni n’a été prise que onze fois par Corinne Diacre et pas depuis longtemps et Griedge M’Bock est blessée depuis plus d’une année.

Personne ne le dit. Pourquoi ?

Condamnée par une foule numérique et médiatique proches de l’hystérie ! Au pilori !

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Tout cela n’est jamais rappelé par les médias alors que l’information n’a rien de confidentielle, ce qui semble bizarre et j’ai eu le sentiment de revoir l’affaire Hamraoui-Diallo, précipitant les uns et les autres dans une seule écoute, pris par l’actualité, et l’intérêt économique qui va avec : parler sans relativiser.

D’autant qu’allant sur le chemin du tennis dominical avec la bande d’amis habituels, hier matin, j’ai eu le temps sur l’autoroute d’écouter une émission matinale sur la situation, et les condamnations se sont transformées en fleuves sur la sélectionneuse, avec la conséquence qui en résultait : noyade pour elle par inondations.

Rien sur l’éventualité d’une raison à donner à la sélectionneuse ! Et rien sur l’avenir et les conséquences d’une telle décision ? Aucune discussion, rien. On tue et on verra après. Il y a une forme d’hystérie. L’Hystérie d’une foule.

D’ailleurs, simple remarque, si elle est aussi pire que cela dans la sélection, dans un monde juridique qui est celui du Droit du Travail pour les joueuses, toutes salariées, alors pourquoi ne pas l’attaquer pour harcèlement ? Il existe un cadre légal pour cela. C’est la première chose qui vient à l’esprit quand tu veux comprendre la situation.

Attention aux problèmes à venir !

En dehors de l’injustice d’un procès sans défenseur, de l’envie de parler sans en connaître les deux parties, de l’association Noël Le Graët et Corinne Diacre qui la pénalise, d’une attaque « coup double » qui pourrait avoir un intérêt stratégique logique dès lors où tu vois le ras de marée médiatique en deux jours qui porte quasiment le signe d’une organisation, même Télématin en a fait un sujet à 7h00 ; quand les feux de l’actualité se seront éteints et que la réalité du quotidien prendra son lit, peu seront vraiment gagnants dans cette future situation :

(1) La main posée par les joueuses sur la sélection pose un problème de conflit statutaire entre le rôle sur sélectionneur et des joueuses, instituant une future jurisprudence.

(2) Les candidates au retour dans la sélection sont si nombreuses qu’elles ne seront peut-être pas toutes satisfaites ou toutes légitimes. Vingt-trois restent vingt-trois et le temps passe aussi. Surtout qu’aux JO, les sélections sont faites à dix-huit joueuses. On risque de repartir avec un nouveau problème à gérer.

(3) Un nouveau groupe construit immédiatement n’aurait que trois matches pour se préparer au Mondial alors que cela sera une boucherie pour les équipes européennes ! seules deux équipes européennes peuvent se qualifier aux JO avec douze candidates au Mondial ! Et l’Europe a 60% des équipes du Top 10 et autant dans le Top 20 mondial. Un échec avec une nouvelle équipe amènerait une nouvelle problématique, mettant le nouveau groupe dans une grosse pression à l’échéance des JO 2024 ! Une quasi-obligation de réussir sinon les critiques et commentaires pleuvront.

C’est une situation à enjeux si on regarde devant avec un Mondial, dans un train déjà bien lancé au présent puisqu’il se jouera dans cinq mois.

Pour moi, il existe un consensus possible à cette affaire, où toutes ont à gagner comme à s’exprimer, grâce à l’importance française des JO à venir, installé à Paris 2024. Pour les françaises, une compétition qui vaudra même plus que le Mondial 2023 à l’autre bout de la planète. Les prochains Jo en France seront pour quand ? Dans cinquante ans peut-être ?

Et si Corinne Diacre avait sa raison ?

Imaginons que Corinne Diacre ait raison d’instituer ce qu’elle institue, même si on pense qu’elle devrait le faire autrement. Je n’aime pas le jeu de l’Equipe de France mais elle peut avoir raison.

Jamais, je n’aurais parié sur une demi-finale française à l’Euro 2022 et les allemands n’auraient jamais parié sur une finale allemande, dans cet Euro. Pourtant les deux équipes ont brillé, elles ont atteint des caps inattendus.

Donnons-lui ce crédit réel, avec la demi-finale récente de l’Euro 2022 qui est une grande première pour l’Equipe de France féminine dont les dernières demi-finales remontent à 2011 et 2012, Rappelons que le reste n’était fait que de quarts de finale pour l’Euro 2013, le Mondial 2015, les JO 2016, l’Euro 2017 et le Mondial 2019. Avec des équipes de qualités et de sélectionneurs différents.

Qu’on soit d’accord ou pas, écoutons-la nous le dire. A sa manière, elle a brisé un plafond de verre. C’est un fait, en plus, récent.

N’oublions pas que l’histoire récente des compétitions internationales féminines est faite d’équipes en difficulté dans le jeu, ramenant des médailles des compétitions depuis 2016 avec l’Allemagne et la Suède aux JO de Rio. Les Pays-Bas en 2017, la suède en 2019 et 2021, le Canada aux Jo 2021, L’Allemagne et l’Angleterre à l’Euro 2022.

La place d’un consensus : Corinne Diacre termine jusqu’au Mondial 2023. Elle échoue, elle a eu tort. Un nouveau coach entre et les joueuses démissionnaires reviennent dans la partie. Elle réussit, elle avait donc raison et les joueuses ont alors eu tort.

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Alors laissons lui la Coupe du Monde 2023 et elle y ira sans Wendie Renard et Kadidiatou Diani. A elle, d’assumer la situation.

Convenons avec elle d’une rupture de contrat -avec- ou sans indemnité dès lors que le vent et le Comex souhaiteraient lui retirer, Mardi soir, la sélection, l’obligeant à une procédure prudhommale, sans le chèque qui devrait venir avec.

Une charge à payer pour la fédération proche des trois millions d’euros et surtout encore une actualité négative à gérer dans le futur, si procédure il y avait. Cela fait beaucoup pour le football français actuel.

De son côté, si elle accepte de signer un départ en cas d’échec après le Mondial 2023 ; elle y perd en indemnité de rupture, mais y gagne en justification de son investissement aux couleurs des Bleues et en image auprès du milieu footballistique. Là où elle évolue.

Elle réussit, alors elle donne à ses arguments des raisons d’être. La perception des joueuses étaient fausses. Cela peut s’expliquer sans problème, par la différence de vision et de compétences entre des joueuses et un coach, formé et sélectionné pour faire ce métier. Différent de celui ou de celle qui joue.

Et si elle rate en ayant eu sa chance de se tester ; alors les joueuses ont eu raison et elle part sans indemnité. Elle aura fait son job sur six ans.

Corinne Diacre aura eu sa chance dans le respect d’un équilibre. Les joueuses auront eu la leur avec une sanction de cinq mois qu’elles demandent et la fédération aura respecté le rapport hiérarchique qui existe entre les joueuses et un ou une sélectionneure.

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Les joueuses ont leurs chances

Elle échoue, le changement de coach est acté. Les joueuses qui se sont désengagées de la sélection ont alors eu raison. Elle partira et les joueuses reviendront en sélection avec un nouveau coach pour les Jo 2024.

Le délai de cinq mois, entre aujourd’hui et le Mondial, est celui de la sanction inévitable quand on refuse une sélection et qu’on vient au combat du poste institutionnel lié à la fonction de sélectionneur. Elles rateront donc le Mondial 2023.

Comme elles ont manifesté leurs volontés de se mettre en retrait ; et bien elles attendent et seront en retrait. Logiquement.

Le délai de cinq mois permet de trouver un coach qui aura terminé son travail et la fédération n’agira pas en urgence et surtout aura les preuves d’une réussite.

En repoussant la date d’une décision définitive à l’intersaison à venir, la fédération est gagnante.

Une situation qui permettra à un nouveau coach de pouvoir prendre la sélection en ayant, d’abord respecté le club qui l’emploi s’il est en fonction et comme pour ce dernier ou cette dernière, de terminer son travail sur une saison pleine.

Pour la fédération, cela lui permettrait de voir la qualité et la réussite des candidats coaches en fonction des résultats produits dans la saison passée. Sans urgence.

La FFF aura respecté la position du sélectionneur en laissant cette dernière gérer à sa manière et selon sons sens de la performance, la sélection. Elle lui aura donné sa chance.

C’est un consensus Gagnant, gagnant. Chacun ayant son terrain pour agir : Corinne Diacre jusqu’au Mondial 2023 qu’elle a préparé, les joueuses qui ne veulent plus à travailler avec elle, pouvant avoir une expression pour les JO 2024.

Les décisions seront prises sur des faits. Calmement et institutionnellement.

Cela m’est paru tellement évident qu’à la fin de ce dossier discuté par RMC, me garant pour ce tennis amical devant se terminer devant un bon plat au restaurant et un retour pour le France-Ecosse du Tournoi, j’ai pris le temps d’un appel sur RMC, pour expliquer cette idée à l’accueil téléphonique, en quelques mots.

Le sujet était déjà terminé.

Un consensus au goût suisse. Et peut-être que Corinne Diacre ne veut pas continuer. Là, avec tout ce qu’elle a pris, elle est au niveau d’une bonne Ligue 1 médiatisée !

William Commegrain Lesfeminines.fr

A mon sens, le renouvellement par Corinne Diacre et de Corinne Diacre était une erreur :

écrit en 2022 :

« En fait, le meilleur moment pour changer eut été maintenant. Paris 2024 étant dans la poche, la concurrence dans le mondial 2023 très forte, cela offrait dix-huit mois à un potentiel successeur ou successeuse pour construire sur les bases réussies de Corinne Diacre et apporter une vision complémentaire en intégrant de nouvelles joueuses avec un regard différent.

Même pour Corinne Diacre, je me serais posé la question d’un changement. Elle ne sort pas par la grande porte, mais elle a fait mieux que ses prédécesseurs. Elle retrouverait des possibilités au niveau masculin, sur le modèle du sélectionneur canadien Hermann, passé des femmes aux hommes avec succès. Et elle se créerait un nouveau challenge où elle avait correctement réussie.

Je me serais posé la question et d’ailleurs, l’aurait même anticipé. »