Alex Morgan est connue. Mallory Pugh, devenue Mallory Swanson le 10 décembre 2022, a illuminé la SheBelievesCup américaine, créée au lendemain de la reprise du titre mondial qui se jouait pour la 7e édition au Canada. Les deux ont joué un concert offensif de très grande qualité.

Mallory Swanson, Sélectionnée à 17 ans, puis oublié des radars de la très haute performance, a planté la totalité des trois buts que la sélection américaine a marqué sur ces deux premières rencontres. La première avec un doublé face au Canada (2-0) qui aurait pu être un triplé, la seconde avec un déboulé incroyable contre le Japon (1-0), prenant le meilleur sur une japonaise, cinq mètres devant elle, pour dans la continuité de sa course, placer une balle en coin, sans perdre un instant, par le contrôle.

Sur deux des trois mouvements, les buts ont été marqués sur la vivacité de la jeune joueuse de 24 ans (1998), avec 85 sélections au compteur, et la vision de jeu d’Alex Morgan, candidate au titre de meilleure joueuse FIFA 2023, au vu de son incroyable saison en championnat américain.

La joueuse de trente-deux, mère de famille, regarde les placements de ses partenaires et sait, dans l’excellence, leur donner le ballon qui fera le but et la différence.

Sur le premier, un centre de la droite, en ligne directe, n’apporte rien.

Elle le transforme pour être devant Vanessa Gilles dans la lecture de ce qu’elle veut faire, puis la donner, du bout des crampons, à Mallory Swanson, armée d’une volonté d’efficacité rarement vue à ce niveau. La jeune mariée enclenche une reprise de volée immédiate, exactement où elle veut qu’elle soit, et cela fait but.

Le second montre encore plus l’intention offensive des deux joueuses. Une longue balle sur Alex Morgan au milieu de terrain. L’expérimentée américaine regarde le potentiel contact d’une défenseure. Personne. Elle oriente sa poitrine pour être intérieur, sur son pied gauche et dans le même mouvement, comme une partition de musique jouée à deux, Mallory Pugh part de l’intérieur de son camp.

Des joueuses qui jouent pour jouer et la balle aurait été dans les pieds.

Ces joueuses jouent pour aller au bout d’une intention et la balle de la gauchère Morgan va quinze bons mètres en profondeur. Exactement où elle doit aller si on connait Mallory Swanson. Et elle connait Mallory.

La défenseure centrale japonaise, bien placée, déjà dans le sens de la course, pense qu’elle aura la balle.

Quinze mètres, cela fait une différence.

Déjà lorsqu’elle a fini de le penser, il n’y a plus que dix mètres. Le temps qu’elle s’inquiète, la distance est de cinq mètres. Swanson a des appuis d’une vivacité incroyable, au contact des deux joueuses, l’américaine est passée un appui devant.

N’importe qui aurait ralenti pour s’en assurer le contrôle. Ralentir c’est redonner au jeu l’espoir d’une occasion, quand le jeu veut la réalité d’un but ! L’américaine sait qu’elle doit continuer, aller chercher cette efficacité risquée. Elle prendra le meilleur et placera son ballon en coin opposé de la gardienne, sortie sans savoir ce qu’elle devait faire.

Tout s’est passé à une vitesse incroyable.

Que retenir de ce que ces deux joueuses ont montré ?

Il faudra aller vraiment sur le fil du risque pour gagner un titre mondial. Si ce n’est pas elles qui le feront, les allemandes le tenteront. On l’a vu avec leur demi-finale européenne face à la France. La Suède l’a montré lors de la Coupe du Monde 2019. L’Angleterre, un peu moins. On ne peut pas savoir si son jeu de domination à domicile pourra exister à l’extérieur et dans ce cas, quelles sont ses qualités d’efficience ?

En fait, cela se joue sur la rapidité. Sur un fil.

Sur la prise de risque qui doit certifier l’efficience.

Au bilan, Les deux n’ont pas bénéficié d’un ballon, elles l’ont exploité pour en tirer le meilleur parti avec un objectif, être décisives dans leurs intentions.

C’était juste superbe à voir.

William Commegrain Lesfeminines.fr