Farid Benstiti, sélectionneur de l’équipe féminine d’Algérie. Le football féminin du Maghreb commence à se réveiller. Très éloigné sur le plan du classement FIFA, les dirigeants viennent chercher des pointures pour développer et construire un football féminin africain de qualité. Pour le Maroc, Reynald Pedros a été choisi courant 2021. L’ex-nantais a fait deux années pleines avec l’Olympique Lyonnais qui l’ont propulsé sur le devant de la scène avec deux titres de champions d’Europe (2018 et 2019) et, à titre personnel, la reconnaissance du trophée du meilleur entraîneur féminin délivré par la FIFA en 2018. Aujourd’hui, le Maroc est qualifié pour la Coupe du monde féminine, une grande première due à sa position de finaliste de la Coupe d’Afrique des nations, organisée à domicile. Visiblement, la réussite marocaine a donné des idées à la fédération algérienne de football ou Farid Benstiti a su convaincre les Algériens qu’il fallait investir dans ce nouveau football qui ne demandait qu’à croître. L’ex-coach de l’Olympique Lyonnais et du Paris Saint Germain est un bâtisseur. C’est lui qui a mis en place l’OL pour les performances qu’on lui connait de 2003 à 2010. Une collaboration terminée après une finale européenne perdue aux tirs au but face au Turbine Potsdam (All). Parti s’occuper de l’équipe nationale russe après la réussite de Zvezda, finaliste européen en 2009, et du club de Rossiyenka ; il a bondi sur l’occasion de convaincre le nouveau PSG fait de Jean-Claude Blanc, Léonardo et Nasser Al Khelaïfi de construire une section féminine au niveau de celle de l’Olympique Lyonnais. Une réussite puisque de 2012 à 2016, il a réussi à faire une finale de Coupe de France (2014) et une finale européenne (2015) après avoir imposé le club parisien comme le challenger lyonnais et se qualifier, à chaque fois, pour la seconde place européenne devant un Juvisy des meilleurs jours. La consécration viendra pour les autres, un peu plus tard, avec une Coupe de France en 2018 (Patrice Lair et Bernard Mendy)  et un titre de championne de France en 2021 (Olivier Echouafni). Parti en Chine pour s’occuper du Dalian Quanjian (2017-2019), champion les deux années, il rentre sur des problèmes structurels liés à l’esprit chinois. Réinstallé par l’OL (2020) comme coach de la nouvelle filiale américaine que Jean-Michel Aulas venait d’acquérir, rebaptisée OL Reign au lendemain de la Coupe du Monde française gagnée par les américaines et sa joueuse emblématique Megan Rapinoe (OL Reign), l’avenir semblait encore plus rose pour le coach d’origine kabyle. Pris par la patrouille pour un management trop sévère liée à la performance des joueuses et à son regard, il sort de l’aventure américaine (2021), pour une question de poids reprochée à des joueuses, dans la continuité de ce que la jeune Lindsey Horan de l’époque lui avait reproché lors de son passage au PSG (2012-2016). Plus que cela, il avait perdu son vestiaire sur de mauvais résultats (2v, 4N, 4D) mais surtout sur le fait que la mentalité des sportives américaine était en plein changement. Dans la suite des conflits avec leur fédération, elles se sont mises au cœur du jeu et souhaitaient un management participatif quand l’esprit européen était plus sur un management autoritaire ou paternaliste. Une seconde vague est arrivée suite aux événements d’harcèlements moraux et sexuels, de vouloir un management féminin, considérant que les hommes ont des travers inacceptables et qu’elles acceptent, pour différentes raisons, plus facilement celui des femmes. Ainsi on voit fleurir, outre-atlantique, des initiatives entrepreneuriales quasiment réservées à la gente féminine (le nouveau club féminin de Los Angeles Angel City FC) dans l’esprit de la sororité qui a fait jaillir de l’ombre, le football féminin. Deux vagues montantes qui l’ont fait sortir en 2022, du jour au lendemain par une démission. Son parcours montre que Farid Benstiti sait convaincre les institutions. A l’évidence, je ne m’étais pas trompé en le qualifiant de « bâtisseur » lors de sa présentation 2012, devant la presse, au Parc des Princes. Il a donc su trouver les mots pour convaincre la fédération algérienne dans un pays qui ne manque pas de talents quand il faut toucher le ballon. Zidane, Louisa Necib en sont les exemples les plus frappants. Par contre, à l’inverse des conditions données à Reynald Pedros avec un football totalement professionnel, des infrastructures pour l’équipe nationale extraordinaire, Farid Benstiti part de plus loin. Des conditions idéales pour un bâtisseur, qui a l’habitude de titiller un leader avec le PSG contre l’OL, pour devenir avec le temps, le PSG face à l’OL, …. si on lui laisse le temps de bâtir. Aujourd’hui, dans le football féminin, la notion de résultats est devenue bien plus présente. William Commegrain Lesfeminines.fr