La photo est très ancienne. Elle oppose Janice Cayman, ex-Juvisy et maintenant OL avec Alushi, star allemande au PSG. Une époque où les deux clubs étaient assez proches.

Le championnat français 2023 doit se lire sous deux stratégies bien distinctes.

La première connue concerne la lutte intense pour ne pas descendre. Elle se joue dans les dernières journées et peut surprendre l’inattentif ou l’équipe, la plus éreintée par une lutte qui commence en Janvier. Guingamp vient de prendre sa première victoire et avec quatre points, se colle à Rodez (5) et Soyaux (5) quand Dijon peut s’inquiéter (8).

L’Olympique Lyonnais dynamisé par la qualité du match face au Paris Fc de la semaine dernière

La seconde, habituellement réservée à la lutte pour le titre entre l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint Germain, trouve cette année un troisième prétendant avec le Paris Football Club. Les trois clubs sont potentiellement à portée de fusil des deux autres ; les balles ne se tirant que lors des confrontations directes, à des jeux de (+3) pour le vainqueur et zéro pour l’équipe perdante.

À ce jeu du « vivant ou mort », le Paris FC reçoit, ce dimanche, le Paris Saint Germain à Charlety (13h), peu d’heures avant le 1/8e de finale de la Coupe du Monde 2022 entre la France de Didier Deschamps et la Pologne (16h).

Ceux ou celles qui ont vu la qualité de la rencontre de la semaine dernière entre le club parisien et l’Olympique Lyonnais ne peuvent que se poser la question de savoir s’il vaut mieux d’être assis au stade, à vibrer devant des performances devenues rares, plutôt que devant son écran.

Honnêtement, le jeu en vaut la chandelle.

D’autant si on rappelle le scénario : Wendie Renard marque le premier (0-1) malgré deux belles occasions parisiennes. Dans la foulée, deux minutes plus tard, le Paris Fc égalise par son attaquante Bourdieu sur un service de Sarr, auteure des deux occasions (1-1).

Là, on assiste au début du rare. Un rare qui s’intensifie avec le second but de Bourdieu sur une percée incroyable de Matéo, deux minutes après la reprise du second acte (2-1). Les téléscripteurs des statisticiens chantent leur mélodie : c’est la première fois depuis dix ans que le Paris Fc mène devant l’OL après avoir été mené.

Là-dessus, Wendie Renard qui ne semble jamais accepter la défaite face à un club parisien, fait aussi son doublé (2-2) et le match se termine sur une incompréhension totale entre la gardienne parisienne et sa latérale droite, par une victoire lyonnaise (2-3).

Un match tellement intense qu’elles sortent toutes, bras dessus et bras dessous, habituées des sélections françaises pour la plupart. Elles ont fait un match rare.

Un match tellement fort et positif que l’OL, la semaine suivante, nous fait un (8-0, 28 points) face à Dijon et prend cinq points d’avance sur le PSG (23 points), condamné à vaincre ce dimanche. Son premier gros score de la saison.

À croire que la victoire acquise dans la difficulté a bien remis les Lyonnaises dans les rails, elles qui n’avaient dépassé les trois buts marqués que lors de la première journée face au stade de Reims (1-5).

L’enjeu pour le Paris Fc et le Paris Saint Germain est fort

Si le Paris FC perd, le club parisien oublie sa volonté de dynamisme et s’empêtre dans les peut-être. Si le Paris Saint Germain perd, l’Ol est champion très tôt. Une tempête s’annonce à Bougival pour la plus grande différence, en intensité et enjeu, avec l’Ol depuis 2012. Une situation qui se mariera mal avec un début de saison poussif des parisiennes, en championnat comme en Women’s Champions League.

C’est ce que doit avoir à l’esprit les parisiennes du Paris Fc (18 points) face au Paris Saint Germain (23 points) si elles veulent recoller à la seconde place européenne sans prendre le risque de perdre la troisième avec Fleury (15 points) et Montpellier (16 points) en embuscade.

Dans cette équipe du Paris FC, à l’exception de Gaetane Thiney (37 ans) et Julie Soyer (37 ans), comme de la coach Sandrine Soubeyrand (49 ans), toutes les autres ont regardé le classement en levant les yeux. Elles étaient bien derrière le PSG, et quelques fois loin derrière en nombre de points.

L’opportunité est grande, non pas de faire un exploit, le terme serait trop fort au vu du contenu de la semaine dernière face à l’OL, mais de s’affirmer dans une vision positive à moyen terme qui permettrait d’attirer des talents, en remplacement de celles que l’âge va obliger à moyen terme.

Du côté du Paris Saint Germain, seule Sarah Bouhaddi (36 ans), nouvelle gardienne du PSG cette saison et ex-lyonnaise (2010-2021), sait que le Paris FC, notamment sous les couleurs de Juvisy, est une équipe qui inquiétait son coach Patrice Lair dans les confrontations directes du début des années 2010-2013. Depuis, les débats se sont clos très largement en faveur du PSG.

L’affaire est donc belle et le match s’annonce très intéressant.

D’autant que la professionnalisation de ce sport ayant pour effet d’entraîner les joueuses aux remplissages de valises et aux évolutions du prélèvement à la source des impôts, quatre ex-joueuses du Paris FC évoluent maintenant au Paris Saint Germain : Kadidiatou Diani (2011-2017), Elisa de Almeida (2015-2019), Estelle Cascarino (2017-2019) et la toute dernière, Jean-françois Oriane (2017-2022), partie cette saison.

Est-ce que cela aura un effet ? Sur les couleurs non, mais sur la connaissance du jeu de l’autre et de ses faiblesses au quotidien, certainement, pour se connaître en équipe de france ou au quotidien.

Dans ces oppositions, se trouvera peut-être la clé de la rencontre.

À un moment, la Coupe du Monde nous le montre, c’est celui qui percute le plus longtemps qui gagne. Cherchez chez l’autre plutôt son point faible et tapez dessus. Au bout de quatre-vingt-dix minutes, à un moment, cela passe. C’est clair que maintenant, il faut taper souvent et longtemps avant d’être récompensées.

William Commegrain Lesféminines.fr