La demi-finale de la NWSL entre San Diego et Portland pour l’attribution du titre 2022 fait rêver. Le tweet du but de Crystal Dunn à la 90′ a dû faire le tour de la terre du football féminin.

Tout autant que le but, la scénographie de cette rencontre ressemble à un spectacle de football que nous n’avons pas l’habitude de rencontrer quand il faut pour que la passion s’installe, tant d’ingrédients, que souvent, la victoire touche les fans des uns sans émouvoir celles des autres.

La NWSL, succès d’émotions*

Là, on est ailleurs.

D’abord les adversaires sont à l’extrémité les unes des autres. Portland domine le championnat depuis la nuit des temps. Une petite nuit puisque le championnat, dans sa version actuelle, n’existe que depuis 2012. Fruit d’échecs en échecs pour une équipe nationale, pour autant, leader du classement mondial.

Une petite nuit, mais une nuit quand même dans un championnat qui a décidé de créer sa propre voie, différente de celle du football masculin, avec des franchises qui viennent sur le football, sans se préoccuper d’un passé, mais pour inscrire un avenir, souvent sociétal.

Le monde américain, de nature auto-suffisant sur le plan économique, trouvant sur ce territoire immense, des fortunes passionnées à investir dans une idée nouvelle, sans que l’idée de retour sur investissement, ne sot pollué par des besoins d’équilibres budgétaires, pour d’autres équipes que la franchise ne possède pas.

Ce championnat est donc différent et l’arrivée de deux nouvelles franchises, venues de la côte Ouest des USA, ont donné un coup de fouet, à une concurrence qu’on n’imaginait pas.

Angel City est sortie de Los Angeles comme les fameuses lettres d’Hollywood avec un groupe de propriétaires venu des étoiles du cinéma et du sport sous la houlette de Natalie Portman et Serena Williams finançant trente-trois joueuses dont Sydney Leroux, Cristen Press, la française Clarisse Le Bihan avec le prêt de Vanessa Gilles.

San Diego Waves est venu la même année, débarquer dans ce championnat, avec trente-deux joueuses à trouver, dont Alex Morgan, Sofia Jakobsson, Jodie Taylor, puisant plsu dans l’international, sans savoir ce qui allait se passer. Sachant que les stages des internationales américaines ont priorité sur leurs présences en club.

La mayonnaise prendre du côté de San Diego avec une Alex Morgan, meilleure buteuse du championnat à près de trente-deux ans, revenue de maternité en 2020, épanouie comme jamais dans son football comme dans sa vie.

Portland joue donc une équipe qui marche sur l’eau, devant 22.035 fans dans l’Oregon, sachant que l’ensemble du stade est sous ses couleurs. Mille kilomètres séparent les deux villes. Pour trouver des fans de San Diego tout récemment crée, mieux vaut chercher ceux d’Alex Morgan !

San Diego devant,

C’est pourtant San Diego qui ouvre la marque sur un centre d’Alex Morgan, qui dépose de son pied gauche magnifiquement le ballon pour une tête puissante de Taylor Korniek (8′, 0-1). L’égalisation viendra rapidement par Rocky Rodriguez à la 20′, milieu de terrain habituel de ce championnat (1-1). Rien de bien flamboyant en soi mais Portland, sur cette saison, n’est pas flamboyante.

Lindsey Horan est venue chercher des pétrodollars à l’Olympique Lyonnais pour un contrat qui ne se refuse pas, Cristine Sinclair, la canadienne star, est sur le banc, à un âge ou bien d’autres ont arrêté. Seule la jeune Sophia Smith brille, seconde buteuse, à la course derrière Alex Morgan. La force de Portland est dans sa défense.

Crystal Dunn marque au même endroit que Rodriguez

Le score ne bouge pas et l’histoire retiendra que Crystal Dunn entre à la 62′ pour remplacer la buteuse. L’américaine joue des fois excentrée offensive mais pour les USA, la voilà placée latérale gauche, à fermer le couloir comme à l’activer. Jeune maman, elle revient en compétition.

A la 90’+2, elle est à proximité de la surface. A la 90’+2, une tête dégage le ballon dans sa direction. A la 90’+2, elle s’équilibre pour tenter l’improbable. A la 90’+2, elle place son droit bien tendu sans trop lui en demander mais assez pour exiger de la fermeté et la balle, rond comme le monde, décide d’obéir à cette jeune maman, pour terminer comme un boulet de canon dans les filets de San Diego Waves.

Et là, la folie s’installe. Je n’ai jamais vu une foule réagir ainsi au son d’un but. Peut-être avec la finale de l’Euro pour celui de l’anglaise Toon. Le bruit, la folie s’empare des tribunes, du ban, de la joueuse, de ses coéquipières ! (2-1) à la 92′. Le temps de poser la balle au centre. La 90’+4 sonne. Assommant San Diego Waves.

Il parait que la foule à une âme.

On l’a vue sur cette demi-finale.

Il y aura de la déception pour les joueuses de San Diego. Mais, j’imagine que cette émotion du football s’est inscrite, à cet instant, dans leur gène. Cela devait être un bon moment à vivre.

Le football féminin vient de loin mais s’il y a une raison pour que les joueuses continuent à en vivre, ce match en est une.

William Commegrain Lesfeminines.fr

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