La Suède a joué de l’avant dans cette première minute, avec la seule intention d’avoir un ballon à exploiter à proximité de la surface. Seulement 23″ plus tard, après le coup d’envoi, sur un dégagement sans expérience de Selma Bacha, qui a fait suite à quatre duels emportés par l’équipe de Peter Gerhardsson, Angeldahl (Man City) prend sa chance sans contrôle et marque avec le bénéfice du poteau, le but le plus rapide encaissé par les Bleues dans son histoire (1-0).

Si le but est anecdotique, sa construction ne l’est pas.

Les françaises ont par quatre fois la possibilité de remonter le ballon dans ces premiers instants de la partie. Quatre fois, elles seront reprises en duels par les suédoises qui relanceront volontairement devant elle, dans le but de continuer à appliquer ce premier plan.

Bousculer les Bleues et aller le plus tôt possible dans cette surface pour y mettre le danger et tenter sa chance.

Le reste du match sera à l’avenant. La Suède allant continuellement dans l’avant, faisant tout pour empêcher la construction sereine des actions françaises, relevant là un péché d’orgueil, -à croire que, après la tempête, viendra le calme de l’opposition apaisée- quand les adversaires, à l’image de l’Allemagne en demi-finale de l’Euro 2022, ont compris que les françaises n’aiment plus mettre les mains dans le cambouis de la bataille du football sur le terrain.

Elles sont un peu trop sur le tapis rouge et beaucoup moins sur le tapis vert.

Le second but viendra de la parisienne Amanda ILESTEDT, aux premiers quarts d’heure de la seconde mi-temps, juste devant Wendie Renard et derrière Aissatou Tounkara. Les deux signatures défensives habituelles des Bleues. Là, dans le jeu sans jouer le ballon.

Un signe d’un mauvais positionnement et d’une envie de ne pas être quand le jeu demande à être.

Le troisième sera incompréhensible tellement il est risible.

Un débordement trouve Madelen JANOGY que personne n’a suivi. Celle-ci ne comprend pas comment elle peut être aussi seule dans cette surface française. Elle a ce temps qu’ont les femmes quand l’objet de la promotion tant attendue est bien là et que personne ne l’a vue, tout simplement ailleurs.

Elle place ce plat du pied qui fait mal, on n’est qu’à la 78′ (3-0).

J’abandonne mon cours à distance le temps d’un travail donné pour téléphoner. J’ai encore en mémoire les propos d’un ami qui m’a envoyé un SMS d’urgence. Il me raconte l’histoire. Trois fois, il s’arrêtera pour me dire « Oh là là !!! Attends !!! ». Le 4e s’annonce, le 5e s’offre. Il parait qu’il y aurait pu en avoir 6 sans les derniers sauvetages de Pauline Perrault Magnin.

Le tableau d’affichage reste sur ce sévère résultat. L’absence de nouveaux buts devient une performance.

Les Bleues ont voyagé sans essence en Suède (3-0) après que l’Allemagne a montré qu’elles étaient déjà sur la réserve (2-1).

C’est explicable sans être explicable.

Explicable quand on voit le foin incroyable qui se passe à la FFF depuis deux mois, avec au bout du bout, un changement de pouvoir ou tout simplement, la danse du pouvoir qui, d’une main habile, ne peut que comprendre que cette remontée d’infos passées constituent ce qu’on appelle des « dossiers », faits depuis longtemps, mis au chaud, et poussés volontairement par des personnes au moment opportun, dans les bras médiatiques qui conviennent.

En effet, rien n’est purement factuel, sur le moment comme l’a été, par exemple, l’attaque sur Kheira Hamraoui.

Si les causes originelles se comprennent, les nouveautés judiciaires avec l’affaire Pogba, maintenant quasi oubliée, les affaires du PSG avec la dernière révélation de MédiaPart, la position et la personnalité de la Ministre du Sport, intransigeante, femme d’appareil dont l’outil inquisiteur (enquête) pourrait être la lame autoritaire du changement ; les remous de la Présidence de la CNOSF, Brigitte Henriques, ex-vice présidente de la FFF, font trop d’événements contraires qui interagissent sur le staff, sans garantie d’emplois, sur les médias à l’écoute de ce qui fait leur moteur d’excellence, l’exclusivité, et sur le public.

Ballonné de ceci et de cela, un coup l’une à raison, un coup l’autre. Il reste les mots lus des deux cotés. Incompréhensibles, choquants et choqué.

Le tout ne peut qu’avoir une interaction sur les joueuses.

D’autant que les joueuses voient les affaires sexuelles du monde du sport féminin sortir de terre comme une poussée d’acnée, dans un milieu ou les hommes, bien moins nombreux, ont fait des dégâts, mais dont on peut penser, rien qu’en appliquant un principe mathématique, que les femmes, bien plus nombreuses, pourraient se voir reprocher, des câlins excessivement câlinés.

Dans cet environnement, l’équipe française est plus faible, elle a moins de ressorts et moins de joueuses capables, pour l’instant, de suppléer un problème. Sur les bancs des canapés, au régime des blessées, se trouvent des joueuses capables de créer des problèmes aux autres, mais pas de suppléer à des problèmes. Faute de l’avoir montré.

Le constat est fait depuis longtemps. Je n’en ai pas l’exclusivité, juste peut-être une forme de primeur et d’avertissements.

A chaque problème, une solution.

La solution viendra de l’envie individuelle de chaque joueuse à trouver ses pistes d’amélioration pour devenir ou redevenir, dans le concert mondial, une sportive de meilleur niveau.

Le voudra-t-elle ? Le pourra-t-elle ? Comment fait-on pour progresser individuellement quand les entrainements sont collectifs ? Autant les joueuses connaissent parfaitement les qualités et défauts des autres joueuses, autant sur leurs performances, elles ont trop pris l’habitude de dépendre des autres.

Elles ne sont pas en mode compétition, à chercher à s’améliorer individuellement. Elles appliquent des consignes données par des tiers. Ce manque d’autonomie, dans un monde où l’expression individuelle est la base, constitue une des erreurs du football français.

La seconde partie du problème relève de la situation immédiate.

Faut-il faire le pari de l’avenir quand on ne sait si les Bleues auront les moyens d’exister dans cet avenir ou faut-il d’abord gérer le présent et alors présenter et sélectionner les Bleues qui répondent au mieux à la signature d’une réussite.

Pour la compétition, le Mondial 2023 qui -je le repète- sera d’une difficulté extrême pour les équipes européennes.

Source de qualifications pour les JO 2024 avec en 2019, sept équipes européennes sur huit en quart et dans le viseur 2023, l’arrivée de l’Espagne qui n’était pas encore au niveau pour l’être, mais qui vient de gagner les USA (2-0) avec une équipe totalement chamboulée, bousculée : quinze joueuses habituellement dans les vingt-trois ont refusé la sélection. Un nouveau groupe, prélevant sur des championnes du Monde des U20, championne d’Europe des U19.

Cela neuf équipes européennes pour trois places, avec la France, pays organisateur, qualifiée. Les équipes adverses vont aiguiser leurs crampons et leur état d’esprit pour y être.

En espérant que la Norvège, nouvel adversaire des Bleues dans le prochain amical, ne se réveille pas (éliminée en 1/8e en 2019, subissant un 8-0 face à l’Angleterre en match de poule lors de l’Euro 2022, sans oublier le Canada, éliminé en 1/8e, depuis championne olympique et le Brésil, que la France avait éliminé aux prolongations, en 1/8e, sur un but d’Amandine Henry.

Et que fera l’Australie à domicile ?

Au mondial, il faudra y aller avec le plein d’essence. C’est certain.

William Commegrain Lesféminines.fr

La fiche technique 

SUÈDE – FRANCE : 3-0 (1-0)
À Göteborg, Gamla Ullevi. Arbitre : Mme Olatz Olmedo (ESP). 15 098 spectateurs.
Buts : Angeldal (1ère), Ilestedt (60e), Janogy (78e).
Expulsion. – France : Tounkara (75e). 

SUÈDE : Musovic – Ilestedt, Björn, Eriksson (cap.) – Schough (Rytting Kaneryd, 75e), Angeldal (Zigiotti Olme, 61e), Rubensson, Andersson (Kullberg, 81e) – Asllani (Janogy, 75e), Blackstenius (Blomqvist, 75e), Hurtig (Rölfo, 62e). Sélectionneur : P. Gerhardsson. Remplaçantes : Holmgren (g.), Lind (g.), Sembrant, Nilden, Bennison, Lennartsson. 
FRANCE : Peyraud-Magnin – Périsset, Tounkara, Renard (cap.), Bacha (Torrent, 69e) – Dali, Bilbault, Geyoro (Malard, 46e) – Diani (Palis, 79e), O. Sarr (Asseyi, 69e), D. Cascarino (Thomas, 46e). Sélectioneure : Corinne Diacre. Remplaçantes : Chavas (g.), Lerond (g.), Thibaud, H. Cissoko, Fazer, Bussy, Robert.