La France se prépare « aux bleues »

L’Allemagne l’emporte aisément face à la France lors de ce match amical d’Octobre 2022. Deux zéros jusqu’à la 85′ avec un doublé de sa capitaine Alexandra Popp (44′ et 48′) laisse présager des difficultés lors du Mondial 2023 à venir, compte tenu que les équipes européennes y joueront leurs qualifications aux Jo de Paris. Onze équipes européennes avec la France déjà qualifiée sur la ligne. Seulement deux qualifiées. Le passage va être serré.

Pour rappel, au dernier mondial, sur les huit qualifiées, sept étaient européennes.

Un présage qui prendra une forme plus soutenue si la France perd son second match amical face à la Suède (11 octobre) d’autant que l’Angleterre a pris le meilleur sur les USA à Wembley (2-1), boosté par plus de 80.000 personnes et les règles du jeu toujours aussi favorable aux anglaises (hors jeu très discutable sur un but refusé aux américaines).

Une France, 5e mondial (2.039), qui collait aux basques anglaises (4e mondial 2.037) au classement FIFA mondial et qui va devoir lever un peu plus la tête en cette fin d’année 2022. Ayant cependant la chance que les Pays-bas (6e mondial) ne joue pas la Zambie, faute de visas reçus à temps des africaines. Des Pays-bas, bien qu’éloignées quand même des françaises (2002).

Rien de bien surprenant pour les Bleues qui jouent un ton en-dessous de leurs adversaires actuellement, n’arrivant pas à régler la mire offensivement (but sur pénalty) et toujours inférieure sur le plan de l’impact physique à une Alexandra Popp, déjà buteuse en juillet dernier, avec un doublé face à la France en demi-finale européenne.

Et donc fragile défensivement.

Dans ce cadre, il ne faut pas attendre de miracles de joueuses qui, au cours de leur récent parcours, n’ont jamais réussi de miracles face à des équipes qui les bousculent. Voire à l’emporter avec difficulté quand elles dominent. Les Pays-Bas, dans le Top 5 mondial, mauvais sur cet Euro 2022, n’ont plié que sur un pénalty d’Eve Perisset, en prolongations d’un quart.

C’est visiblement ce qui manque aux françaises.

Cette capacité à subir une rencontre, mais à en sortir vainqueur au final par une volonté de révolte. Les bleues gagnent en dominant ou perdent en subissant.

Au milieu, il manque quelque chose.

Quand vous voyez la tête d’Alexandra Popp, vous vous dîtes, comment on peut vouloir être comme cela pour marquer. Et pourtant, elle le fait.

L’Espagne, avec quinze joueuses internationales en moins et l’ouragan qui en a suivi, fait (1-1) face à la Suède (3e mondial) ce Vendredi, avec une équipe dite B.

Il y a là quelque chose que les Bleues ne montrent pas.

Les matches amicaux n’ont aucun sens spécifique pour l’avenir en compétition.

La défaite n’est pas inquiétante sur le plan de la compétition. Elle est gênante car elle devient la marque d’une indifférence quand le football féminin français sur un nuage crée de toutes pièces avec l’obtention du Mondial en 2015, a vécu à l’excès, de déférence.

Perdre en amical n’est pas grave. On l’a vu avec la Suède qui perdait tout en amical et, depuis 2016 et les Jo médaillés d’argent au courage et en défense, ont fait un superbe mondial 2019 et des Jeux 2021 de qualité.

Perdre en amical n’est pas si grave, sauf pour l’environnement (médias nationaux) qui s’interroge sur ce football féminin, qu’on lui a vendu comme enchanteur, dont les joueuses ont bénéficié et profité et qui se retrouve, maintenant, livré à une autre vérité.

En conclusion, perdre en amical n’est pas grave à la condition de vouloir gagner et surtout de le pouvoir, en compétition.

La situation actuelle

Les Bleues vont certainement jouer entre la 5e et la 10e place mondiale. C’est comme cela. Cela n’empêche pas les médailles.

Les Pays-bas, 6e mondial, ont été championnes d’Europe en 2017, avec la 12e place mondiale. Le japon en 2011, est devenu championne du monde en étant 6e mondiale. Le Canada, médaille d’Or aux JO de Tokyo était 8e mondiale. L’Australie, avec une des meilleures joueuses du monde, Sam Kerr, est 12e mondiale.

Tout est possible, mais à défaut de nous enchanter en Octobre, ce serait bien de gagner quelque chose en Juillet 2023. Car la pire des statistiques n’était pas ces quarts de finales que la France répétait, mais plutôt celle-ci :

La France est la seule équipe du Top 10 mondial à n’avoir jamais gagné une seule médaille (Or, argent ou bronze) dans un championnat continental, un mondial comme aux Jeux Olympiques de toute l’histoire du football féminin.

Et on écrit pour des salaires individuels actuels à 10.000, 20.000, 30.000, 40.000, 50.000 € mensuel quand des championnes d’autres sports alignent des titres dans l’indifférence financière et médiatique générale ! 10.000 e mensuel, 120.000 annuel, 170.000 chargé. Vous multipliez par cinq pour la plus connue.

Une joueuse, dix joueuses, un budget 1.700.000 €. Sans compter le reste. A comparer avec 2011 à 2013. C’était le budget de toute une équipe et encore pour deux saisons.

Elles ont voulu l’argent. L’argent est tombé. Pas de souci.

Cette dichotomie pèse lourd dans l’analyse. Les Bleues de Bini voulaient qu’on les regarde. Elles ont tout fait pour le mériter. Et elles l’ont mérité. Les Bleues d’aujourd’hui n’ont pas besoin de cela pour vivre. C’est, pour moi, le cœur du problème des françaises.

Être bien payées suffit à leur bonheur. Derrière un match, il y a un autre match, puis il y en aura un autre. Elles ont raison. C’est cela être professionnelles. Sauf qu’on peut l’être avec plus de hargnes, plus d’envies, plus de quelque chose qui fait cette différence. Que les Bleues n’ont pas quand elles jouent plus fortes qu’elles.

C’est comme cela. Pour l’instant. Une perception personnelle. Critiquable et j’espère fausse. Et si elle est un peu vraie, alors il faut espérer que ces joueuses la rendent fausse.

Aucun titre, aucune médaille. Une statistique qui ne pose aucun problème à personne. Sauf aux 20.000 supporters habituels des Bleues.

Au bilan, les cocus de l’histoire sont les supporters. Les internationales françaises ont eu des salaires incroyables sans raison particulière, la fédération vend du mot féminin un peu partout, les anciennes joueuses sont un peu partout à compter leurs nouveaux sous à la télévision, alors que les supporters, eux, n’ont rien eu.

Ne soyez pas surpris qu’il n’y ait pas grand monde dans les stades.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Match de préparation à la Coupe du Monde 2023
Vendredi 7 octobre 2022 – 20h30 (W9)
ALLEMAGNE – FRANCE : 2-1 (1-0)
Dresde (Rudolf-Harbig-Stadion) – 26 835 spectateurs
Temps nuageux (13°C) – Terrain en très bon état
Arbitres : Tess Olofsson (Suède) assistée de Almira Spahic (Suède) et Ida Kellström (Suède). 4e arbitre : Sara Persson (Suède)

Buts
1-0 Alexandra POPP 44′ (Corner tiré rentrant côté droit par Rauch repris par Popp qui s’impose face à Tounkara de la tête et décroise sa reprise)
2-0 Alexandra POPP 48′ (Brand avance dans l’axe, vient fixer la défense française et décale sur la droite en profondeur sur Huth qui adresse un centre devant le but que Popp vient reprendre en taclant du gauche au second poteau pour accrocher le cadre)
2-1 Viviane ASSEYI 85′ s.p. (Thomas est déséquilibrée par Frohms dans la surface. Penalty tiré par Asseyi du droit sur la droite à mi-hauteur qui prend Frohms à contre-pied)

Avertissements : Felicitas Rauch 56′, Kathrin Hendrich 68′, Jule Brand 80′ pour l’Allemagne

Allemagne
1-Merle Frohms ; 25-Nicole Anyomi, 3-Kathrin Hendrich, 24-Sjoeke Nüsken, 17-Felicitas Rauch (4-Sophia Kleinherne 77′) ; 6-Lena Oberdorf (7-Lea Schüller 66′) ; 9-Svenja Huth (18-Tabea Waẞmuth 77′), 16-Linda Dallmann (8-Sydney Lohmann 46′), 14-Lena Lattwein, 19-Klara Bühl (22-Jule Brand 46′) ; 11-Alexandra Popp (cap.) (26-Chantal Hagel 90+2′). Entr.: Martina Voss-Tecklenburg
Non utilisées : 30-Ann-Kathrin Berger (G), 5-Jana Feldkamp, 23-Sara Doorsoun-Khajeh

France
21-Pauline Peyraud-Magnin ; 22-Ève Périsset, 5-Aïssatou Tounkara, 3-Wendie Renard (cap.), 13-Selma Bacha ; 15-Kenza Dali (2-Ella Palis 61′), 14-Charlotte Bilbault, 8-Grace Geyoro ; 11-Kadidiatou Diani, 7-Ouleymata Sarr (9-Lindsey Thomas 61′), 20-Delphine Cascarino (6-Viviane Asseyi 73′). Entr.: Corinne Diacre
Non utilisées : 1-Mylène Chavas (G), 16-Justine Lerond (G), 4-Marion Torrent, 10-Laurina Fazer, 12-Melvine Malard, 17-Julie Thibaud, 18-Faustine Robert, 19-Kessya Bussy, 23-Hawa Cissoko