Bien que le football soit un sport d’équipe, on peut résumer cette 2e édition du Trophée des Championnes et la 8e finale entre le PSG et l’OL pour le 34e titre de l’OL (1-0) avec ces deux joueuses. Les deux, excellentes à l’Euro 2022. Delphine terminant cette rencontre comme MVP ou meilleure joueuse.

Le Trophée des Championnes 2022 est donc pour l’OL, face au PSG. Comme souvent dans leur opposition directe. Pour une compétition récente, créée en 2019 et annulée par deux fois pour cause de Covid, l’Olympique Lyonnais version Sonia Bompastor a remporté sa 7e finale sur les huit qui l’ont opposé au Paris Saint Germain, d’où le titre justifié : « Encore un titre … » déjà dans la tête de toute personne venant à lire simplement le résultat.

Le 34e, nous précise d’ailleurs, le site de la fédération, pour 42 succès olympiens en 64 rencontres et la 7e victoire sur les huit finales jouées entre les deux clubs.

Extrait du compte rendu de la FFF – lire ici –

Quoi de surprenant quand les autres clubs subissent des 100% de défaite ?

Face à l’OL, la performance est de gagner voire de faire match nul et alors, « heaven » ou paradis, de gagner un titre.

Pour autant, le titre écrit laisse la porte ouverte à un autre contenu, dans le futur : « mais … ». Un « Mais » légitime et rendu légitime par les premiers mots de la coach olympienne ; seconde au classement de l’UEFA sur cette année 2022, avec le titre de championne de France et d’Europe, glanées la saison dernière.

« On est content de remporter ce premier titre officiel de la saison. Le haut niveau, c’est ça, il faut savoir être efficace et concrétiser les occasions quand elles se présentent. Pour la confiance, c’est important. »

« il faudra encore compter avec un PSG qui est loin d’être autant amoindri qu’on pouvait le penser, et qui va peut-être finir par se renforcer avant la fin du mercato. La rivalité entre les deux meilleures équipes françaises promet encore de beaux duels cette saison » (source Le Progrès)

Effectivement, elles ont été chirurgicales les lyonnaises avec une gestion de la performance qui tient compte du vécu et de la réalité. Comme effectivement, le contenu du PSG sur ce match a été bien supérieur à ce qui a été vu au Tournoi Amos de préparation, avec les défaites face à Manchester United et Barcelone.

De son côté, la victoire lyonnaise a aussi de l’intérêt, car elle montre à quel point, le fait de connaître le jeu de son adversaire direct, permet de réaliser des performances.

Le duel Delphine Cascarino, Sakina Karchaoui !

Delphine Cascarino, 25 ans, 47 sélections, a la réputation d’être très rapide. Sur l’Euro 2022, la joueuse l’a prouvé en compétition internationale. Face au PSG, elle sait que l’adversaire est un Top 4 européen. La joueuse, depuis toujours à l’OL, a appris à réfléchir à la meilleure manière d’utiliser son talent, tout en sachant que cela ne marche pas tout le temps.

D’habitude, elle lance son ballon devant, dans les trois-quatre mètres et ne trouve personne pour l’empêcher de le récupérer, la plupart du temps, sauf à subir un tacle défensif glissé, du dernier espoir.

En face d’elle, elle a Sakina Karchaoui (52 sélections) qu’elle connait « sur le bout des doigts » après une saison 2021, passée dans le Rhône par la parisienne, comme aussi lors des RDV internationaux, avec certainement plus de quarante sélections vécues en commun par les deux joueuses.

La parisienne de 26 ans, sélectionnée dans le onze de l’Euro, a une mobylette dans les jambes. Sur quatre mètres, elle rattrape n’importe qui.

Sauf que, sur le coup de rein, Delphine Cascarino sait qu’elle a sa chance. Elle, face au jeu quand la défenseure est nécessairement dos à son but.

Le temps que Sakina se retourne, elle a ce moment où elle peut faire la différence.

Alors elle approche de Sakina à petit pas. Petits touchers. Cela, c’est rare et Sakina aurait pu le penser. Elle est si près d’elle que Sakina pourrait la surprendre en mettant son pied devant, bloquant la future course.

Mais la parisienne est comme sa copine Delphine, prise par le duel qui s’annonce. Le plaisir de la compétition est là. L’une dit « je vais te passer », l’autre se dit : « il ne faut pas qu’elle passe ».

Sakina s’est déjà mise de profil, elle voit le pied droit de Delphine qui touchette cette balle extérieure. Là, les deux filles n’entendent plus rien. C’est fini, elles sont hors sol, dans le monde unique de leur compétition. Nues. Il n’y a plus de PSG ni d’OL. Il y a Delphine contre Sakina. Sakina contre Delphine.

Sakina est appui arrière, elle recule dans sa défense. Il lui faudra un coup de rein énorme pour aller aussi vite que son adversaire. La surface s’annonce. C’est le signal.

Comme un Jaguar, Delphine se lance, un, deux touchers, surface. Pour une attaquante, c’est « maison » ! Une faute et c’est pénalty. Le deuxième toucher envoie la balle devant elle. Pas à quatre mètres, un mètre, un mètre cinquante. Sakina doit se retourner, elle a ce temps de retard ! Elle peut la rattrape, on le sent. Delphine aussi. Ni une, ni deux, elle ne cherche pas d’autres contacts et voit les buts sur ce côté.

Une mine, la balle part cadrée ! À cinquante centimètres près, le tacle qui arrive de Sakina l’aurait envoyé dans les tribunes.

Williams se détend. Tir au sol. Les gardiennes ne maitrisent pas encore les tirs bloqués à ras de terre. La balle est stoppée, mais pas arrêtée. Elle est là, dans les cinq mètres cinquante, à attendre son propriétaire.

L’instant est grave. Si une lyonnaise vient, c’est but. Si une parisienne retrouve un appui, c’est occasion.

L’expérience de Van de Donk face à la jeunesse d’Elisa De Almeida.

Danielle Van de Donk, internationale hollandaise, 31 ans, en a pris des éliminations avec Arsenal (2015-2021) et les Pays-Bas avant 2017. Les néerlandaises étaient 12e FIFA avant leur Euro 2017 qu’elles ont gagné. Pour les JO de 2016, elles avaient été éliminées d’un play-off après avoir été, pour la première fois de leur histoire, qualifiées pour le Mondial 2015 au Canada.

En 2021, la voilà lyonnaise, bloquée comme tant d’autres par une rupture des fameux ligaments. Elle revient au jeu. Après un Euro personnel correct, moins pour la sélection néerlandaise, elle est là pour la mettre au fond (1-0, 13′).

Match terminé.

L’histoire pourrait s’arrêter là. Elle serait à moitié exacte. Or ceux qui ont l’habitude de nous lire, à juste titre, savent que dans le peu de temps de disponible que je m’accorde pour le football féminin, j’ai pour ligne éditoriale de raconter, au plus près de la vérité, de ma vérité.

Van de Donk est là, pourtant elle était à cinq mètres derrière Elisa De Almeida, en charge défensive de ce côté du jeu en tant que milieu de terrain. Pas très loin de sa ligne médiane où moment où cette grande transversale trouve Delphine Cascarino.

La parisienne est jeune, son jeu est fait de bonnes volontés, voire de très bonnes volontés. « C’est une fille avec qui tu peux partir à la guerre », pour reprendre l’expression consacrée.

Sauf que sa jeunesse et sa fougue font qu’elle veut se rendre prête à aider. Là, Sakina dans ce duel. Elle suit cette opposition des yeux et de la course sans en être en fait actrice.

C’est là où l’expérience de Van de Donk fera le but lyonnais. Elle est dans le dos de la parisienne et croit à la victoire de Delphine sur Sakina. Même plus, elle ne pense même pas à y croire, mais elle se dit qu’il n’y a personne, à part Ada Hegerberg devant, pour valoriser ce temps dans la surface parisienne et se décide à y aller.

En dix pas, elle est passée dans l’axe du jeu, devant Elisa.

Dans cette course, il y a les cinq heures de fractionnés dans la semaine où tu fais des efforts sans savoir pourquoi, ni pour qui, vu que tu cours sans adversaire.

Elle a accéléré et en l’espace d’un instant, d’abord derrière le jeu et le ballon, elle en est devenue une potentielle actrice.

Le tir part, Elisa a voulu couvrir Sakina mais arrive trop tard. Van de Donk, venue de loin, arrive tambour battant.

Aussitôt la balle disponible, aussitôt la balle dans les filets.

Un but à la 13′ et 77′ pour le défendre d’un côté et 77′ sans marquer de l’autre

Qu’est-ce qui a fait ce but ?

L’exploitation intelligente d’une différence par Delphine sur Sakina, sans savoir si c’était la bonne, mais en la jouant comme si elle était la bonne et la dernière. Ensuite, l’expérience de Van de Donk sur Elisa De Almeida, l’une pour finir l’action donnant sa confiance à sa partenaire ; l’autre, pour suppléer sa partenaire, laissant son adversaire.

Qu’aurait dû faire Sakina ? Ne pas accepter le duel, l’idée du duel, le plaisir du duel en mettant de suite le pied pour bloquer la balle avant qu’elle ne parte. Qu’aurait dû faire Elisa ? Laisser Delphine prendre le meilleur sur Sakina éventuellement et s’occuper de l’axe. Accepter de ne pas aller l’aider.

C’est là où la rencontre a touché le haut niveau.

Elle s’est jouée sur deux détails.

Des détails qui resteront des détails car l’Olympique Lyonnais a reussi à tenir ce score pendant les 77′ restantes. Signe de qualité face à la volonté offensive des parisiennes d’égaliser.

C’est là, où vient la question posée dans l’article précédent : faut-il recruter une avant-centre pour le PSG ?

Trophée des Championnes 2022 : OL-PSG – 90′ pour un titre ou 90′ une fin de mercato en urgence ? – Les Féminines (lesfeminines.fr)

À noter que les deux équipes ont aligné beaucoup de jeunes joueuses sur les dix-huit de la feuille de match.

Sur la question posée d’un besoin de recrutement, entre Sonia Bompastor et Gérard Prêcheur, c’est au coach parisien de tirer la carte : « Il évoque un besoin en recrutement devant, pour suppléer à l’absence de Marie-Antoinette Katoto » sans oublier de dire que les joueuses ont répondu à son attente.

Dans son approche de formateur, il agit avec vérité et positivité. Différemment de la réputation qui lui a été faite. Ce sont peut-être ces mots qui lui ont donné la faveur du PSG dont visiblement la stratégie est de travailler le recrutement des jeunes pour les faire monter au niveau de l’équipe fanion, avec le niveau de l’ambition nationale et européenne qui va avec, et dans un bon « feeling » avec le groupe actuel.

D’où le titre, l’OL un nouveau titre, mais le PSG n’est pas si loin …

William Commegrain Lesfeminines.fr

Sonia Bompastor (entraîneure de l’OL) : « On est content de remporter ce premier titre officiel de la saison. Le haut niveau c’est ça, il faut savoir être efficace et concrétiser les occasions quand elles se présentent. Pour la confiance, c’est important. »

Gérard Prêcheur (entraîneur du Paris SG) : « On a fait un gros match, aussi bien individuellement que collectivement. Je ne m’attendais pas à ce que nous puissions déjà atteindre un tel niveau ce soir. Je suis vraiment satisfait du jeu produit par les joueuses ce soir. »

Jean-Michel Aulas (président de l’OL, membre du Comex de la FFF) : « On a vu un match de grande qualité qui prouve une fois de plus que le football féminin est capable de livrer des performances incroyables. L’organisation a été parfaite, le stade était plein Il n’y a pas de contestation, pas de simulation, le public adore ça. »

Le dimanche 28 août 2022 au stade Marcel-Tribut de Dunkerque
Trophée des championnes 2022

OLYMPIQUE LYONNAIS – PARIS SAINT-GERMAIN : 1-0 (1-0)

Spectateurs : 4 472 (guichets fermés)
Arbitre
 : Émeline Rochebilière (Nouvelle-Aquitaine)
Avertissement : Morroni (29e) à l’Olympique Lyonnais
But : Van de Donk (13e) pour l’Olympique Lyonnais

Olympique Lyonnais : Endler – Cayman, Sombath, Mbock Bathy, Morroni puis Bacha (64e) – Horan, Däbritz puis Egurrola (64e), Van de Donk puis Benyahia (85e) – D. Cascarino, Hegerberg, Malard puis Le Sommer (79e). Entraîneure : Sonia Bompastor

Paris SG : Williams – Lawrence, Ilestedt, Dudek (cap.), Karchaoui – Geyoro, De Almeida puis Thorvaldsdottir (64e) , Bachmann puis Simon (75e) – Jean-François puis E. Cascarino (84e), Diani, Baltimore. Entraîneur : Gérard Prêcheur